chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Alkerdeel - Slonk

Chronique

Alkerdeel Slonk
Alkerdeel s’agrippe et ne lâche rien ! Il est donc bien normal que nous décidions de lui rendre la pareille, renouant avec la chronique à six mains comme cela avait été le cas pour Lede. Un album où le style particulier, entre black metal, sludge et punk, des Belges était arrivé à maturité, dépliant sa pleine puissance malgré quelques petites baisses. Mais là où son teigneux prédécesseur contenait, en dépit d’énormes réussites, quelques pets foireux (cf. sa pochette), Slonk annonce une envie de détaler comme un lièvre pris dans un rituel satanique ! Une illustration osée, frôlant le ridicule, à laquelle s’ajoutent des titres de morceaux aux allures d’onomatopées : il y avait de quoi avoir peur, le black metal cherchant à puiser dans le sludge et le punk pouvant s’avérer particulièrement grotesque. Joie, ce grotesque est clairement recherché, vénéré et réussi ici, comme une orgie où la sauvagerie entêtante d’un Archgoat s’accouple à une transe clocharde d’un Katharsis en guenilles brûlant les locaux du Secours Catholique. Hail Satan, et tant pis pour la soupe !


Il est donc temps de chausser ses bottes de pluies, pour aller gaiement patauger dans l'épaisse boue qui s'étale sur ces quatre titres. Il aura fallu cinq ans pour qu'Alkerdeel se décide enfin à empoigner la pelle pour aller déterrer les restes de Lede. Ni gaufre froide, ni Delirium (sauf quand il vire Tremens), c'est le versant le plus froid et inhospitalier du plat pays qui prend forme sur Slonk. La langue sert d'ailleurs le propos, toute en consonnes agressives, pour une musique qui ne l'est pas moins. Une production étouffée, mais qui vient donner un relief et une place étonnantes aux rares incursions mélodiques qui percent, sans mal, le bourdonnement incessant des cordes (ce « Vier », bordel !), une section rythmique qui bourre, et finit, épuisée, par péniblement claudiquer (« Zop »), et ce chant, distingué, caractéristique, hurlant à la mort entre deux gouttières, trois grammes dans le sang, toute la rage et la détresse du péquin moyen. Les yeux dans le vague, marmonnant, Slonk traîne ses guêtres entre ruelles aux odeurs de pisse froide et grandes friches laissées à l'abandon, les campagnes environnantes, celles où l'on a le fusil facile, tant pour chasser son prochain civet que pour éloigner les curieux. Plus Van Groeningen que Poelvoorde, en somme. Un disque de gueules cassées, de portraits des oubliés, des lambdas, des quelconques, tous résignés, et finalement si attachants...


La formation continue donc à développer des atmosphères ternes, voire fatalistes comme l’illustre parfaitement la seconde moitié de « Trok ». Néanmoins, elle semble aussi se dévoiler davantage sur ce dernier album et accentuer le trait sur le côté black metal et occulte – que ce soit sur la forme ou le fond (cf. le rageur « Eirde »). Mu par le sentiment d’urgence dégagée par la musique ainsi que le chant totalement habité de Pede, votre corps se met mécaniquement en marche. À l’image de Klaus Kinski dans Aguirre, la colère de dieu, dont l’introduction de « Vier » (composée par Stadt) renvoie, votre quête sur la voie de la main gauche se poursuit avec une opiniâtreté aveugle. Tel un dément acharné vous avancez, traversant moult champs désolés et cours d’eau, malgré la volée de coups assenée par les riffs nerveux et le rythme qui s’emballe fiévreusement. Une déflagration crue mais au fort pouvoir addictif comme cette lumière que vous désirez ardemment ou encore ses lignes de basse obsédantes (en particulier sur le magistral titre introductif). Éreinté, rien ne vient perturber votre ascension. L’intensité de « Zop » couplé au jeu de batterie très véloce et la grosse influence d-beat qui se dégage vous pousse dans votre folie. Ô Lucifer ! L’odeur de soufre que vous sentiez en fin de « Vier » (toujours lui) et sur « Eirde » avec ses mélodies hallucinées et ténébreuses à souhait revient mais plus marquée en fin d’album. « Trok », où la chute vertigineuse. Les mélodies malsaines et tortueuses sonnent votre entrée dans le chaos infini. Une noirceur éclatante qui vous remue les tripes par sa rugosité mais aussi, surtout, par ce flot d’émotions qui se déverse à partir de la 4ème minute.


Difficile de trouver à déplorer dans ce déballage de hargne de gagne-petit visant à faire perdre tout le monde. Avec Slonk, Alkerdeel semble avoir atteint ce qu’il cherchait à accomplir depuis ses débuts, à savoir une peinture terne et radicale du Black Metal, où l’agression quasi-constante laisse abasourdi de constance. Tout juste notera-t-on que sa formule, à savoir donner une vigueur nouvelle à des riffs on-ne-peut-plus classiques, est aussi ce qui empêche de nous enthousiasmer outre-mesure. Car quand on se souvient des climats « autres » que pouvait transmettre par sa lourdeur cette formation se déclarant influencée par Burning Witch – mais qui, ici, brûle en hommage aux sorcières –, on se dit que ce nouvel album est une fuite en avant allant au bout d’une certaine direction, plus qu’un accomplissement total. Vu l’ambiance actuelle, on n’en voudra pas aux Belges de vouloir s’enfuir et griffer ce qu’il y a sur leur passage, plus que jamais Sans Domicile Fixe mais aussi Fils De Satan !

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

2 COMMENTAIRE(S)

lkea citer
lkea
06/03/2021 12:42
xworthlessx a écrit :
Pas mal de passages m'évoquent le trop peu connu Vordr, que j'aimais beaucoup à l'époque, pour leur habile mélange Black/punk/d-beat habité.


Une des influences revendiquées par le groupe d'ailleurs ! Cool de te revoir par ici Clin d'oeil
xworthlessx citer
xworthlessx
06/03/2021 09:51
Bonne découverte ici encore, il était décidément temps que je revienne flâner sur Thrasho!
Pas mal de passages m'évoquent le trop peu connu Vordr, que j'aimais beaucoup à l'époque, pour leur habile mélange Black/punk/d-beat habité.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Alkerdeel
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs :   -
Webzines : (4)  7.8/10

plus d'infos sur
Alkerdeel
Alkerdeel
Black Metal/Punk - 2005 - Belgique
  

formats
  • CD, Vinyl / 2021 - ConSouling Sounds, Babylon Doom Cult Records

tracklist
I. Vier
II. Eirde
III. Zop
IV. Trok

Durée : 37 minutes

line up
parution
5 Février 2021

voir aussi
Alkerdeel
Alkerdeel
Lede

2016 - ConSouling Sounds
  

Essayez aussi
Calligram
Calligram
The Eye Is The First Circle

2020 - Prosthetic Records
  
Necromessiah
Necromessiah
The Last Hope Of Humanity

2013 - Punishment 18 Records
  
Karloff
Karloff
Raw Nights (EP)

2020 - Dying Victims Productions
  
Karloff
Karloff
The Appearing

2021 - Dying Victims Productions
  
Dodsferd
Dodsferd
The Parasitic Survival of the Human Race

2014 - Moribund Records
  

Desecresy
Deserted Realms
Lire la chronique
Greybush
A Never Ending Search For J...
Lire la chronique
Korpituli
Pohjola
Lire la chronique
Keys To The Astral Gates And Mystic Doors
Keys To The Astral Gates An...
Lire la chronique
Stress Angel
Punished By Nemesis
Lire la chronique
European Tour - Spring 2024
Bell Witch + Thantifaxath
Lire le live report
Kawir
Kydoimos
Lire la chronique
BELL WITCH
Lire l'interview
Subterraen
In the Aftermath of Blight
Lire la chronique
Conifère
L'impôt Du Sang
Lire la chronique
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Mutilated By Zombies
Scenes From The Afterlife
Lire la chronique
Echoplain
In Bones
Lire la chronique
Aristarchos
Martyr of Star and Fire
Lire la chronique
Ritual Death
Ritual Death
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Apparition
Fear The Apparition
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Skeletal Remains
Fragments Of The Ageless
Lire la chronique
Carnifex
The Diseased And The Poisoned
Lire la chronique
Abigor
Taphonomia Aeternitatis
Lire la chronique
David Eugene Edwards
Hyacinth
Lire la chronique
Lemming Project
Extinction
Lire la chronique
Keys To The Astral Gates And Mystic Doors
Keys To The Astral Gates An...
Lire la chronique
Dödsrit
Nocturnal Will
Lire la chronique
Griefgod
Deterioration
Lire la chronique
Yattering
III
Lire la chronique
Mortual
Evil Incarnation (EP)
Lire la chronique
Belore
Eastern Tales
Lire la chronique
Malicious
Merciless Storm (EP)
Lire la chronique