Robert Verteneuil (FGTB) : " Il y a des employeurs qui se foutent comme de colin-tampon de la santé des employés"

Robert Verteneuil (FGTB) : " Il y a des employeurs qui se foutent comme de colin-tampon de la santé des employés"

© LAURIE DIEFFEMBACQ - BELGA

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Par J.B. avec la Première

Face à la crise du coronavirus, la plupart des entreprises sont à l’arrêt. La plupart oui mais pas toutes. Certaines continuent leurs activités. Et le respect des règles n’est pas toujours au rendez-vous. Robert Verteneuil, président du syndicat socialiste FGTB était l’invité de Thomas Gadisseux sur La Première.

Continuer l’activité mais pas à n’importe quel prix

Le président du syndicat socialiste pointe la colère de certains employés sur le terrain et le fait que certains employeurs soient encore plus intéressés " par le profit que par la santé des employés". Des situations où, par exemple, dans certaines usines les "gens se changent dans les mêmes vestiaires", et pour qui il est impossible de respecter les règles de distanciation sociale.


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Si beaucoup d’entreprises "sont extrêmement correctes", s’empresse d’affirmer Robert Verteneuil, ce n’est pas le cas de toutes les entreprises. "Le problème ce n’est pas que l’activité tourne c’est que l’on fasse tourner les activités dans des conditions qui ne font pas respecter la santé des travailleurs".

Un manque de concertation

Robert Verteneuil point également un certain manque de cohérence notamment sur la définition des activités essentielles ou non. Il explique que cette liste qui distingue les activités essentielles ou non a été établie sans consultation avec les organisations syndicales. Une erreur qui débouche sur de nombreuses incohérences.

Par exemple, explique-t-il, le secteur de la chimie a été considéré comme un secteur essentiel. Soit. Effectivement, " la fabrication de médicaments" est indispensable mais pas nécessairement "celle des tupperwares ou de complément alimentaire pour les bodybuilders", commente Robert Verteneuil.


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Pour le président de la FGTB, il y a aussi d’autres incohérences qui sonnent comme des "provocations". L’ouverture des magasins alimentaires jusqu’à 22h par exemple. "Les syndicats ont dit que ce n’était pas vraiment le moment, les organisations patronales qu’elles n’avaient pas l’intention de l’utiliser, alors voici une mesure décidée par la Ministre, qui sonne bien dans sa tête mais qui a été prise sans nous consulter. Organisations syndicales et organisations patronales nous aurions dit que ce n’était pas nécessaire."


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La Première ministre Sophie Wilmès précise toutefois sur ce point que "l’arrêté ministériel est rédigé pour couvrir l’entièreté des situations existantes et non pas pour élargir les heures d’ouverture sans concertation". 

 

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A cela s’ajoute, une activité de lobbying intensive de la part de certaines fédérations patronales, dénonce le représentant syndical. Pour continuer sur le secteur de la chimie, Robert Verteneuil explique avoir sollicité le secteur plusieurs fois et avoir fait des propositions " sur la façon de détecter les entreprises nécessaires" mais "ils refusent simplement "d’entamer le dialogue. C’est pour ça que je dis qu’un certain nombre de patrons et de fédérations ne jouent pas jeu".

Les pouvoirs spéciaux : attention au pas de trop

Sur La Première, Robert Verteneuil s’inquiétait également des pouvoirs spéciaux accordés à Sophie Wilmès dans le cadre de la gestion de la crise. "L’octroi des pouvoirs spéciaux est normal et nécessaire" et " je trouve que la manière dont on gère les choses est tout à fait convenable, je ne critique pas le fait que l’on donne les pouvoirs spéciaux", recadre le président de la FGTB.


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Mais l’inquiétude de Robert Verteneuil réside dans une utilisation qui pourrait être extensive des pouvoirs spéciaux. Pour lui, cela ne doit rentrer en compte que dans le cadre de la gestion du coronavirus. En somme, " des pouvoirs spéciaux pour gérer la crise, c’est tout à fait normal et il faut le faire, mais utiliser des pouvoirs spéciaux pour pouvoir prendre des mesures en matière de droit du travail ou en matière de protection sociale, là ce serait aller un pas trop loin".

Des allocations qu’il faudra peut-être réévaluer

On parle de près d’un million de personnes qui se retrouveraient en chômage temporaire du fait de l’arrêt des activités. Des allocations sont prévues à hauteur de 70% du salaire avec un petit complément. Robert Verteneuil l’assure "toutes les équipes sont sur le pont pour verser les allocations", ce mois-ci.


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Mais pour le représentant syndical, si les choses se prolongent il faudra revoir les montants de cette allocation : " je suis d’avis que si les choses se prolongent, il va falloir repenser à la hausse le pourcentage de cette allocation. Car ce sera bien beau d’avoir gardé les magasins ouverts mais si les gens n’ont pas plus d’argent pour dépenser ce sera un problème".

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