Heureux mais fatigué, Carlos Alcaraz a attendu les deux mains appuyées sur le filet le battu du jour, Miomir Kecmanovic, pour une chaleureuse accolade. Dans cette étreinte, il y avait beaucoup de « respect » dira ensuite le vainqueur, et peut-être aussi la promesse d'autres duels explosifs. Pour leur première rencontre, l'Espagnol de 18 ans et le Serbe de 22 ans ont offert un formidable match au public du Hard Rock Stadium qui affichait enfin des tribunes bien remplies.
Refusant la défaite - Kecmanovic a été deux fois à deux points de la qualification -, Alcaraz a fini par faire rompre son adversaire sur un revers tapé derrière le filet et déposé au fond du court. Les tribunes ont grondé fort et ont frôlé l'hystérie que le minot a lancé un « Gracias Miami » à cette foule qui n'avait d'yeux que pour lui. La pépite du tennis mondial, punchy et spectaculaire, a l'art de faire soulever un stade sur des coups droits affolants de puissance comme sur des lobs justement dosés.
Alcaraz à réaction
Mais s'il y a eu un tel spectacle jeudi soir, c'est tout autant grâce à lui que grâce à son adversaire. De quatre ans son aîné, Kecmanovic a eu une ascension moins fulgurante mais est capable de jouer le feu depuis le début de la saison. C'est d'ailleurs lui, qui, très vite a pris les commandes. Comme face à Tsitsipas, Alcaraz a commencé de manière trop tendre et s'il a réussi une nouvelle fois à recoller au score (de 4-1 à 5-5), le Serbe s'est montré le plus réaliste dans le tie-break pour prendre les commandes du match.
La réaction du n°16 mondial a été immédiate et il a étouffé son adversaire d'entrée de deuxième set. Au passage, plusieurs points magnifiques dont l'un déclenché par une subtile amortie qu'il a conclue en embrouillant le Serbe au filet et puis ce passing-lob venu d'ailleurs alors qu'il avait semblé plusieurs fois dépassé dans l'échange. Poing levé vers son clan, buste guindé et fier, l'Espagnol devenait de plus en plus bouillant. Les « Vamos » ont commencé à pleuvoir et Kecmanovic a été débordé.
Un début de saison XXL
Le troisième set a été plus crispant. Les deux joueurs, fatigués par les efforts, se sont montrés moins lucides. Et le Serbe a bien failli en profiter quand, à 5-4 sur le service de l'Espagnol, il a pris un infime avantage (15-30). Un revers gagnant, une demi-volée fantastique et une volée plus tard, le danger était écarté et il revenait au tableau de marque avant d'aller gratter un nouveau jeu décisif. Là aussi, il laissait Kecmanovic prendre une petite avance en faisant trois grosses erreurs. Mais là aussi, il revenait avec autorité pour s'imposer (6-7 [5], 6-3, 7-6 [5]).
À 18 ans, Alcaraz va jouer sa deuxième demi-finale de suite en Masters 1000 après celle disputée - et perdue face à Rafael Nadal - à Indian Wells. Ce sera face au tenant du titre Hubert Hurkacz, tombeur plus tôt dans la journée de Daniil Medvedev. Le Polonais, classé n°10 mondial, a toutes les raisons de se méfier. Son futur adversaire n'a perdu que deux fois cette saison et à chaque fois, c'était au minimum contre un joueur classé parmi les huit premiers mondiaux (Nadal et Matteo Berrettini).