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Extension du pass sanitaire en France : que font nos voisins européens ?

Annoncée lundi par le président Emmanuel Macron, l’obligation du pass sanitaire pour accéder aux lieux de culture et de loisirs entrera en vigueur en France à partir du 21 juillet. Quels sont les pays dans l’UE qui appliquent ce dispositif et avec quel impact sur le niveau de vaccination ? Éléments de réponse.

Au Danemark, le "Coronapas" qui a inspiré le futur pass sanitaire en France, est en vigueur depuis le mois de mai.
Au Danemark, le "Coronapas" qui a inspiré le futur pass sanitaire en France, est en vigueur depuis le mois de mai. © Tom Little, AFP
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"Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d'accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de vie de tous les jours." Ces mots sont ceux d’Emmanuel Macron. En avril dernier, lors d’une interview à la presse régionale, le président de la République rejetait fermement l’idée d’un pass sanitaire. Mais à peine deux mois plus tard, sous la pression du variant Delta, l’exécutif a fait volte-face.

Dès le 21 juillet, le pass sanitaire sera obligatoire pour accéder aux lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes. Puis dès le mois d’août, il sera nécessaire pour siroter un café, même en terrasse, déguster un plat du jour au restaurant ou faire des emplettes dans un centre commercial. Et attention aux établissements qui ne contrôleraient pas les QR codes de leurs clients attestant d’une vaccination, d’un test PCR de moins de 48 heures ou d’un rétablissement du Covid-19 de moins de six mois : selon l'avant-projet de loi du gouvernement, ils pourront être sanctionnés d'une amende allant jusqu'à 45 000 euros et d'un an de prison.

>> À lire : Entré en campagne, Emmanuel Macron veut poursuivre ses réformes

Depuis les annonces d’Emmanuel Macron, les accusations de "dictature sanitaire" se répandent sur les réseaux sociaux. Plus de 20 000 personnes, selon les autorités, ont manifesté mercredi au nom de la "liberté" pour protester contre les annonces du président. 

Pourtant, l’Hexagone est loin d’être une exception en Europe. Des certificats sanitaires sont déjà une réalité pour des millions d’Européens.

Depuis le mois de mai au Danemark

En grande majorité, les pays européens n’exigent un pass sanitaire que dans les grands événements rassemblant plusieurs centaines de personnes, mais plusieurs gouvernements ont décidé d’aller plus loin en l’imposant dans des lieux de la vie de tous les jours.

Pionnier de ce type dispositif, le Danemark a été le premier pays en Europe à mettre en place un "Coronapas". Pour aller au restaurant, au cinéma ou chez le coiffeur, les clients doivent montrer ce passeport sanitaire certifiant un test négatif de moins de 72 heures, une vaccination ou une guérison récente du Covid-19.

Le pass sanitaire fait également partie du quotidien des Autrichiens depuis près de deux mois, avec des règles similaires au "Coronapas" danois.

Dans d’autres pays de l’UE, le pass sanitaire ne s’applique pas nécessairement sur l’ensemble du territoire. En Allemagne, cette obligation, qui relève d’une décision régionale, dépend du taux d’incidence de l’épidémie.

Le principe est le même au Portugal, où le précieux sésame peut être exigé dans des zones plus durement touchées par le Covid-19. Par ailleurs, cette obligation reste limitée aux week-ends. 

Au Luxembourg, les autorités se montrent relativement flexibles, puisque les établissements peuvent se passer du "CovidCheck", le nom local du pass sanitaire. Dans ce cas, ils doivent respecter des mesures sanitaires précises.

Quant à la Grèce, elle se dirige vers un régime beaucoup plus strict. À partir de vendredi et jusqu'à la fin août, tous les lieux fermés ne pourront accueillir que des personnes vaccinées.

La France, avec son pass sanitaire s’appliquant dans les lieux du quotidien, sur l’ensemble du territoire, même à l’extérieur, fait donc partie des pays de l’UE les plus restrictifs. 

Un coup d’accélérateur pour la vaccination ?

Dans les pays qui ont mis en place un pass sanitaire pour accéder aux bars ou aux restaurants comme l'Autriche et le Danemark, la couverture vaccinale atteint respectivement 43 % et 41 %. C'est mieux qu'en France et ses 36,5 %, mais en-dessous de l'Espagne, dont 45 % de la population est entièrement vaccinée.

En rendant le vaccin quasi incontournable, le gouvernement français veut croire à un sursaut chez les indécis et les récalcitrants et combler son retard sur ses voisins européens. Selon le site Doctolib, plus de deux millions de personnes ont ainsi pris rendez-vous pour recevoir une première injection depuis les annonces du chef de l'État, lundi soir. Mais ce coup d’accélérateur pourrait être de courte durée, prédit Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’Université libre de Bruxelles (ULB), joint par France 24. 

"Le fait de contraindre à la vaccination pour pouvoir participer à toute une série d’activités sociales va en effet stimuler un certain nombre de personnes. C’est ce qu’on appelle la prévention passive. En santé publique, on sait que c’est très efficace sur le court terme mais cela va s’essouffler", analyse l’épidémiologiste. "Ceux qui hésitent toujours ou qui sont contre n'iront pas se faire vacciner. Il faut alors entrer dans une prévention active, plus proche des gens, et essayer de les convaincre avec des données et une information claire."

>> À lire : Covid-19 : en France, les plus fragiles restent insuffisamment vaccinés

Pour Yves Coppieters, il ne faut pas entièrement miser sur la vaccination pour contrôler l'épidémie. "Il faut continuer à rendre accessibles les tests. Les rendre payants me semble être une erreur. Par ailleurs, assurer l’isolement des malades, faire le suivi des cas contacts, respecter les gestes barrières, est aussi essentiel. C’est en maintenant l’ensemble de ces stratégies que l’on pourra assurer le contrôle de l’épidémie dans les semaines qui viennent", assure le médecin belge, qui estime que la décision française relève plus du politique que du sanitaire.

Après la France, d’autres pays européens pourraient prendre le chemin d’un pass sanitaire étendu aux bars et restaurants. La question se pose en Italie, alors que le nombre de contaminations repart à la hausse. L’Irlande devrait également exiger auprès de ses concitoyens un schéma vaccinal complet pour pouvoir se rendre dans les pubs, dont la réouverture est prévue le 19 juillet prochain. 

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