Nucléaire : EDF a-t-elle commandé du combustible neuf pour les problèmes de l’EPR de Flamanville ?

EDF a-t-elle commandé du combustible neuf pour l’EPR de Flamanville ? Selon la Criirad, cela représenterait un coût supplémentaire de 250 millions d’euros à Flamanville.

Le réacteur EPR de Flamanville. Le P.-D.G. d’EDF prévoit le chargement du combustible au deuxième trimestre 2023. Le calendrier sera-t-il respecté si les éléments déjà livrés doivent être remplacés par des neufs, plus résistants aux vibrations ?
Le réacteur EPR de Flamanville. Le P.-D.G. d’EDF prévoit le chargement du combustible au deuxième trimestre 2023. Le calendrier sera-t-il respecté si les éléments déjà livrés doivent être remplacés par des neufs, plus résistants aux vibrations ? (© Jean-Paul BARBIER)
Voir mon actu

« Nous ne confirmons pas en l’état », indique ce mercredi 23 février 2022 EDF.

Mardi, la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) a adressé un courrier à Xavier Ursat, le directeur exécutif d’EDF en charge de la direction de l’ingénierie et des projets, qui chapeaute la construction du réacteur EPR de Flamanville (Manche). Avec beaucoup de questions liées à la rupture de gaines de combustibles sur le réacteur de Taischan 1, qui a conduit à sa mise à l’arrêt anticipé en juillet dernier. Parmi ces questions, la commande à Framatome de nouveaux combustibles pour l’EPR de Flamanville.

Au mois de novembre, au vu des éléments fournis par un lanceur d’alerte, la Criirad estimait que l’incident de Taishan pouvait être lié à un problème de conception de la cuve des réacteurs EPR.

À lire aussi

Ressorts de maintien des crayons cassés

« La nature des dégradations constatées sur les assemblages de combustible nucléaire déchargés du réacteur de Taishan 1 indique qu’elles sont dues principalement à des vibrations anormales de ces assemblages », explique dans son courrier Bruno Chareyron, le directeur de la Criirad.

L’endommagement des gaines aurait commencé dès le premier cycle et se serait pleinement révélé lors du deuxième cycle, en particulier sur les assemblages déjà fragilisés, avec la casse des ressorts de maintien des crayons dans les assemblages.

Selon le lanceur d’alerte, ces vibrations seraient liées à un défaut de conception de la cuve, « une hydraulique en fond de cuve pas très réussie qui donne une distribution d’alimentation inégale dans les assemblages. Un courant transverse se crée dans le cœur et fait bouger les assemblages, surtout ceux en périphérie ».

À lire aussi

Mêmes combustibles qu’à Taishan

« Si elles sont avérées, ces révélations posent de sérieuses questions en termes de sûreté nucléaire et de radioprotection », souligne la Criirad. L’association a interrogé l’Autorité de sûreté nucléaire. 

Vidéos : en ce moment sur Actu

« L’hydraulique de la cuve de l’EPR se distingue par l’absence de pénétrations de fond de cuve pour le passage de l’instrumentation nucléaire. Les effets de brassage modifiés, la répartition des flux hydrauliques est réalisée par un dispositif particulier installé au fond de la cuve. Ce dispositif est amovible et pourrait être remplacé si nécessaire. »

ASN

Il s’agit en fait d’un déflecteur, sous la plaque du cœur, mais dont l’efficacité serait discutable selon la Criirad.

Pour l’ASN, les essais réalisés sur maquette et les simulations numériques réalisées dans le cadre de la démonstration de sûreté n’ont pas mis en évidence de phénomènes hydrauliques pouvant conduire à un percement du combustible.

À lire aussi

À puissance réduite ?

Dans le cas de Taishan, une trentaine d’assemblages présenteraient des fuites. Les 245 assemblages livrés entre octobre 2020 et l’été 2021 à Flamanville, qui représenteraient un coût d’environ 250 millions d’euros, sont les mêmes que ceux utilisés à Taishan. Ceux chargés dans le réacteur EPR d’Olkiluoto en Finlande ont en revanche une architecture un peu différente, avec des grilles supplémentaires. C’est Areva qui à l’époque en avait décidé ainsi.

D’où les interrogations de la Criirad à l’adresse d’EDF : « Confirmez-vous que le combustible neuf livré à Flamanville ne sera jamais chargé dans la cuve ? Est-il exact qu’EDF a commandé à Framatome un nouveau combustible incluant une modification de l’alliage M5 utilisé pour les gaines et la mise en œuvre de grilles renforcées permettant de mieux supporter les vibrations ? »

Des questions qui portent aussi sur le déflecteur de fond de cuve. « Envisagez-vous des modifications sur sa forme ? Envisagez-vous de faire fonctionner Flamanville 3 à puissance réduite pour limiter les phénomènes vibratoires ? » Dans le Canard Enchaîné du 19 janvier, un fonctionnement à 60 % de puissance était évoqué…

La seule indication d’EDF ce jour était une confirmation de la réception du courrier de la Criirad. « Nous y répondrons, dans les délais impartis par le Code de l’environnement. » Le retour d’expérience de Taishan doit être évoqué aujourd’hui lors d’une assemblée générale de la commission locale d’information de Flamanville.

Dernières actualités

La Presse de la Manche

Voir plus
Le Journal mercredi 24 avril 2024 Lire le journal
La Presse de la Manche, Une du mercredi 24 avril 2024