Annie Cordy s'en est allée dans la discrétion, avec vue sur la Méditerannée : les dernières années d'une très grande dame

Retour sur les dernières années de l'immense dame de la chanson Annie Cordy, qui vient de nous quitter

Eddy Przybylski
Annie Cordy s'en est allée dans la discrétion, avec vue sur la Méditerannée : les dernières années d'une très grande dame
©BELGA

Annie Cordy vivait à Paris, dans un appartement, au cinquième étage d’un immeuble de cachet, rue du Charolais, non loin de Bercy.

Avec son mari, ils s’étaient aussi acheté, en 1974, une propriété avec vue sur la Méditerranée, sur les collines de Vallauris, à côté de Cannes.

En 2013, elle décida de vendre à Paris (l’appartement fut acheté dès le premier jour) et de s’installer définitivement dans sa Villa Dolly, ainsi baptisée en référence à son spectacle "Hello Dolly".

Une grosse maison blanche, dans ce quartier qui s’appelle La Californie, dans lequel Georges Simenon a situé son roman "Chemin sans issue". Avec des jardins, des oliviers, des hortensias dont Annie parlait avec passion et, bien sûr, une piscine.

Dans un premier temps, elle a continué comme avant. Le 27 octobre 2013, en pleine forme malgré ses 85 ans, elle donnait un spectacle à Nivelles qui fut son dernier en Belgique.

En France, elle a encore chanté occasionnellement jusqu’à ce que le 19 septembre 2015, à Cluses, dans la région du Mont-Blanc, le show fut annulé après qu’Annie eut un malaise une demi-heure avant de monter sur scène. Elle avait espéré un retour pour le 22 mars 2015, à La Chapelle-sur-Erdre, à côté de Nantes. Mais il fallut faire appel à Pierre Perret pour la remplacer.

Pour une femme de son âge, Annie ne se portait pourtant pas mal du tout. Mais si son grand ami, son frère de chanson, Charles Aznavour, pouvait encore affronter les salles à plus de 90 ans, leur exercice n’était pas le même. Lui, il misait sur l’émotion. Elle, la fantaisiste, devait parcourir dix fois la surface de son plateau et lancer ses gambettes en sautillant. Avec l’âge, ses articulations, qu’elle a tellement sollicitées, avaient tendance à prendre un peu leur revanche.

Pour la première fois de sa vie, Annie Cordy s’est faite discrète. Du coup, à partir de 2017, c’est la rumeur qui s’est occupée d’elle. En suggérant que la chanteuse souffrait de la maladie d’Alzheimer.

Le pickpocket de spectacle, José Duchant, était un des rares à l’avoir encore au téléphone : “J’ai évoqué avec elle un souvenir dont elle ne se rappelait plus. C’est en riant qu’elle m’a dit : “À mon âge, la mémoire n’est plus ce qu’elle était.” C’est vrai et c’est normal. De là à parler d’Alzheimer, c’est grandement exagéré.”

Au reste, en 2018, alors que la rumeur s’amplifiait, Annie a joué dans trois films. Ses derniers, certes, mais c’est beaucoup pour une prétendue Alzheimer.

Cette année 2018 était celle de ses 90 ans, Bruxelles a voulu lui faire la fête. Le 5 juillet, vêtue d’une ample robe d’époque, lignée vert et or, elle était l’invitée d’honneur de l’Ommegang, sur la Grand-Place. Le 7, chez elle, à Laeken, au croisement de la rue Léopold Ier et du parvis Notre-Dame, elle inaugurait un… parc Annie Cordy. Avec une fresque à son image.

Sans sortir de sa tanière, elle réapparut en mars 2020, alors que nous vivions le confinement et la crainte du Coronavirus. Des humoristes belges avaient voulu faire un clip commun sur sa chanson ça ira mieux demain. Ils lui avaient demandé, via son smartphone, de commencer et de terminer la chanson. Annie l’a fait. Elle était encore vraiment très bien.

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