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"Non à la privatisation de la forêt publique" : près de 150 manifestants devant la direction de l'ONF à Nancy

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Près de 150 personnes ont manifesté ce jeudi à Nancy devant la direction territoriale de l'Office national des forêts Grand Est. Ils dénoncent le "démantèlement" de l'ONF et craignent une privatisation de la forêt publique. Ils disent non aux suppressions de postes.

Près de 150 personnes ont participé à la manifestation nancéienne de ce jeudi matin "contre le démantèlement de l'ONF" Près de 150 personnes ont participé à la manifestation nancéienne de ce jeudi matin "contre le démantèlement de l'ONF"
Près de 150 personnes ont participé à la manifestation nancéienne de ce jeudi matin "contre le démantèlement de l'ONF" © Radio France - Lucas Valdenaire

"Non à la privatisation de la forêt" : voilà ce qu'on peut lire sur l'énorme bâche noire installée sur la façade de la direction territoriale de l'Office national des forêts dans le Grand Est. 

"Pour un vrai service public forestier"

"C'est tout le bâtiment qui est bâché, explique Philippe Canal, secrétaire général Snupfen - Solidaires et membre de l'intersyndicale ONF. Depuis des décennies, on milite pour un vrai service public forestier qui travaille dans l’intérêt général."

On ne nous entend pas donc on s'est dit qu'en écrivant en grand ce qu'on a à dire, on finirait bien par trouver un écho quelque part.

En tout, près de 150 personnes sont rassemblées ce jeudi matin dans le centre-ville de Nancy. Les manifestants dénoncent le "démantèlement de l'ONF". Selon Philippe Canal, la situation financière de l'ONF est très mauvaise. "L'Etat en profite pour arrêter de recruter des fonctionnaires. L'idée est d'embaucher des salariés de droit privé. Et ça, c'est la condition préalable à la mise en concurrence et à la privatisation des forêts publiques". 

"On n'arrive plus à faire face"

"A l'heure où ça brûle partout, déclare au micro Frédéric Bedel, délégué syndical du Snupfen - Solidaires, l_a France doit rester le cœur vert du monde entier. Avec une foret rasée qui n'a plus ses gardiens, où on n'a plus que des souches et un sol qui dégage du CO2, on va à la catastrophe. Alors, soit on porte notre modèle, on y va franchement, on monte à un milliard le budget de l'ONF, on multiplie par deux les crédits pour la forêt publique, les filières courtes, les scieries et là on sauve la France."_

Le déficit du bois est le premier déficit commercial de France avec la plus belle forêt d’Europe. C'est une honte. Tout ça pour économiser quelques millions qui sont "peanuts" dans le budget de l'Etat. On est légitime pour réclamer beaucoup de moyens pour la forêt française, et c'est ce qu'on doit défendre.

Les manifestants présents à Nancy déplorent également "la poursuite des suppressions de postes". D'après les syndicats, la direction a supprimé la moitié des emplois en trente ans, passant de 15.000 en 1985 à moins de 9.000 aujourd'hui. L'an dernier, 400 postes ont encore disparu, selon eux. "Nous faisons face à une très forte dégradation des conditions de travail, affirme Philippe Canal. Nous, ce qui importe, c'est la présence sur le terrain. Les missions n'ont pas disparu et on n'arrive plus à faire face."

La forêt est de moins en moins protégée, de plus en plus mise sous pression pour y récolter toujours plus de bois. Tout cela ne va pas dans le sens de la transition écologique attendue, pas du tout.

"La détresse de certains collègues nous a sauté au visage"

Cette dégradation des conditions de travail entraîne, selon les syndicats, un mal-être profond chez certains collègues. "On a fait une assemblée générale il y a quelques semaines avec un tour de table qui paraissait anodin, raconte Julie, garde-forestier à Gérardmer. Et la détresse de certains collègues nous a sauté au visage. S'ils sont en forêt, c'est parce que c'est pas des grandes gueules. Ce mal-être a du mal à être exprimé et à être pris en compte."

On arrive à mettre des gens dans des situations de détresse telles qu'ils se suicident pour des raisons professionnelles. C'est grave !

Les syndicats déclarent que 50 collègues se sont suicidés en moins de dix ans à l'ONF. En décembre dernier, plusieurs membres de l'Office avaient participé à une marche blanche organisée par le Snupfen en hommage à un collègue qui avait mis fin à ses jours. 

Un rapport vient d'être rendu cette semaine dans le cadre d'une commission d’enquête citoyenne sur les forêts. Elle est présidée par Mathilde Panot. La députée France Insoumise du Val-de-Marne était présente à la manifestation nancéienne ce jeudi matin. Dans ce rapport, 17 mesures sont mises sur la table pour une nouvelle gestion de la forêt publique. Une proposition de loi sera bientôt déposée sur le sujet, promet la députée.

Une concertation jusqu'à fin juin 2020

Dans un communiqué, la direction de l'ONF répond : "aucune privatisation de l'ONF n'est envisagée par l'Etat." Elle reconnaît, par ailleurs, que "la part des salariés de droit privé s'est progressivement accrue et représente aujourd'hui 43% du personnel de l'Office." La direction ajoute : "le contrat d'objectif et de performance conclu entre l'Etat et l'établissement pour la période 2016-2020 a déjà pris acte de cette évolution et appelé à amplifier le mouvement".

Une "très large concertation avec les collaborateurs, les organisations syndicales et les parties prenantes" est lancée, assure la direction. Elle doit se dérouler jusqu'à la fin du mois de juin.

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