"Ceci n’est pas un complot" : au-delà de certains sous-entendus, quels sont les faits ?

© Capture d'écran vimeo

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Par Grégoire Ryckmans et Johanne Montay avec Damien Hendrichs

Le film "Ceci n’est pas un complot, comment les médias racontent le Covid", réalisé par Bernard Crutzen a dépassé les 500.000 vues sur la plateforme Vimeo et a été également visionné des centaines de milliers de fois en quelques jours sur Youtube. Derrière des questions et des interpellations pertinentes sur le traitement médiatique de la crise et sur les enjeux politiques, sociétaux et économiques qui l’entourent, plusieurs éléments suggérés ou sous-entendus dans le document vidéo ne correspondent pas à la réalité factuelle. D’autres affirmations sont à nuancer largement.

Par ailleurs, depuis la diffusion de la vidéo, plusieurs intervenants interrogés dans le cadre du film ont pris leurs distances par rapport à l’utilisation qui a été faite de leurs propos lors de leur entretien avec le réalisateur. C’est notamment le cas de l’épidémiologiste Marius Gilbert et de l’anthropologue Jacinthe Mazzocchetti.

Mais au-delà de ces réactions, de l’impression générale, et de la réception très différente d’un spectateur à un autre sur les enjeux soulevés et sur la forme du document, voici le détail de quelques éléments (la liste n’est pas exhaustive) présentés dans le film, qui concernent "les médias" (dont la RTBF qui en fait partie et qui est très présente dans les images utilisées) et qui ne cadrent pas avec les faits ou qui mériteraient d’être nuancés ou infirmés.

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L’une des principales accusations directes envers la RTBF concerne ce que Bernard Crutzen présente comme une "fake news". Le film diffuse un extrait du JT de 13 heures de la RTBF daté du 9 mai 2020. La bande sonore du documentaire fait entendre le présentateur et journaliste Laurent Mathieu dire ceci : "L’heure n’est pas au relâchement. On le voit, dans certains pays comme l’Allemagne, la courbe repart à la hausse…".

En voix off, Bernard Crutzen commente  : "En réalité, le 9 mai les chiffres continuent de baisser en Allemagne", avant de revenir sur les propos de Laurent Mathieu : "(...) en certains endroits. On pourrait même reconfiner". 

Une infographie tirée de Google qui montre la courbe des nouveaux cas est affichée. Cette courbe des nouveaux cas en Allemagne est à la baisse.

Voici ce qu’a dit Laurent Mathieu de façon complète. Il s’agit du lancement d’un reportage de Benoît Feyt :

"On a enregistré au cours des 24 dernières heures 76 nouvelles hospitalisations. Elles sont en baisse. Tout comme le nombre de décès. 76 également. Il reste 502 patients aux soins intensifs. Là aussi, c’est moins qu’hier. Et malgré cette tendance positive, les experts sont unanimes, l’heure n’est pas au relâchement. On le voit, dans certains pays comme l’Allemagne, la courbe repart à la hausse en certains endroits. On pourrait même reconfiner. Et chez nous, pour le virologue Marc Van Ranst, il y a encore beaucoup trop de monde dans les rues et dans les parcs. Benoit Feyt."

L'extrait du JT de 13h du 9 mai 2020

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L’extrait diffusé dans le film fait l'objet d'un montage, ce qui en modifie le sens. Le propos complet mentionnait à plusieurs reprises une baisse des hospitalisations et des décès en Belgique.

Ensuite, l’auteur du documentaire poursuit après un commentaire en voix off : "Ma compagne est germanophone, elle vérifie les médias allemands. Il s’agit d’un seul canton. Deux abattoirs sont concernés. Les conditions de travail et d’hébergement d’ouvriers venus des pays de l’est ont généré une contamination très localisée. Rien à voir avec une reprise de l’épidémie à l’échelle nationale. Juste un petit raccourci journalistique pour encourager le respect des mesures ? Une erreur de la part d’un présentateur sous pression ? Une fake news ?"

Comme on peut le lire, Laurent Mathieu précise bien qu'en Allemagne la courbe repart à la hausse "en certains endroits" et non "à l’échelle nationale", comme l’affirme l’auteur du documentaire.

Le journaliste de la RTBF évoque dans son lancement, la courbe du taux de reproduction du virus en Allemagne, qui remonte au-delà du seuil de "1" le 9 mai. Ce taux, qu’on identifie par le sigle Rt, est l’un des facteurs-clés pour les épidémiologistes afin de déterminer si une épidémie repart à la hausse. 

Voici la courbe à laquelle le journaliste Laurent Mathieu se réfère :

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Le montage de l'extrait du JT modifie donc le sens des propos tenus en réalité à l’antenne. Le commentaire de l’auteur évoque "une reprise de l’épidémie à l’échelle nationale" alors que les propos réels parlent d' "une courbe qui repart à la hausse en certains endroits ", ce qui est factuellement exact.

La phrase tenue à l’antenne au JT de 13 heures est coupée en deux, ce qui en modifie le sens, ce qui fait glisser les mots "en certains endroits" dans le bloc sonore suivant, modifiant la signification de la première phrase.

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Autre élément interpellant du document, le réalisateur évoque le cas tragique du décès d’une petite fille de trois ans annoncé lors d’une conférence de presse de Sciensano. Bernard Crutzen commente : "Quelques minutes plus tard, l’info est relayée par les médias. Les gros titres sont sans nuances."

Un peu plus tard, il indique au sujet du traitement médiatique de la mort de cette petite fille atteinte d’une maladie neuromusculaire que les comorbidités de l'enfant auraient été passées sous silence : "J’ai de plus en plus l’impression que toute cette communication a pour objectif de maintenir la peur."

Or, l’article publié sur le site RTBF le jour de cette conférence de presse mentionne bien que cette enfant souffrait de comorbidités sévères, sans préciser pour autant lesquelles. La rédaction n’a pas cherché à entrer en contact avec la famille de la petite fille, par respect du deuil et de la vie privée.

Et ce n’est évidemment pas le seul média à présenter cette information de façon nuancée. Certains confrères avaient d’ailleurs à l’époque été à la rencontre du papa endeuillé qui indiquait déjà que sa fille souffrait déjà de graves problèmes de santé avant son infection au coronavirus.

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L’un des éléments avancés dans le film pour contester la couverture médiatique de la crise du coronavirus en Belgique concerne les conflits d’intérêts qui orienteraient les experts dans leurs recommandations. Les "grands médias" ne s’y seraient pas intéressés : "La curiosité journalistique est-elle jetée aux oubliettes, le temps d’une crise sanitaire ?", questionne l’auteur.

En ce qui concerne la RTBF, la question a fait l’objet d’un article au début du mois de novembre 2020 intitulé : "Experts de la santé et conflits d’intérêts : quelle transparence ?". La question des conflits d’intérêts en est l'objet principal et la parole est donnée à certains experts qui, eux-mêmes, demandent plus de transparence. Cet article pose la question centrale des conflits d’intérêts avec les mots suivants : "[…] la transparence n’est-elle pas toujours le meilleur rempart contre les suspicions voire les théories du complot ?".

Avant cela, le 2 septembre 2020, la RTBF publiait un article reprenant des éléments contenus dans le rapport de l’épidémiologiste Yves Coppieters remis à la commission spéciale chargée d’évaluer la gestion de l’épidémie de Covid-19. L'expert y faisait état de son questionnement sur de potentiels conflits d’intérêts pendant la première partie de gestion de crise.

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L’une des thèses soutenues par Bernard Crutzen dans le film, c’est que les journalistes sont "dans les griffes des lobbies". Pour justifier ces accusations, il évoque les rapports entretenus entre la fondation Bill et Melinda Gates qui "est un gros client d’AFP Services, la branche corporate de l’agence de presse française".

Pour lui, "les médias belges relaient volontiers les dépêches de l’AFP qui défendent Gates contre les rumeurs". De nombreux médias, comme la RTBF, sont en effet abonnés au fil de dépêches de l’AFP et à ceux d'autres agences de presse. Par ailleurs, les rédactions disposent également de sources directes et leur liberté éditoriale.

Les éléments permettant d’avancer que l’agence de presse française "défend Gates contre les rumeurs (sic)" ne sont pas étayés. Il est vrai que le milliardaire américain est l’objet d’une attention particulière de ceux qui croient en une conspiration mondiale.

Ensuite, une question posée permet de mettre le focus sur ce qui aurait été un manquement des médias : "Plutôt que passer leur temps à faire la chasse aux complotistes, les journalistes ne devraient-ils pas dénoncer la prédation du secteur privé sur la santé publique ?". Cette question du définancement progressif des soins de santé a pourtant bien fait l’objet de nombreux reportages, sujets et articles sur les différentes antennes de la RTBF.

Mais ici la conclusion de cette partie du film sur le sujet est sans appel : "Difficile, évidemment, quand on est soi-même dans les griffes des lobbies".

De quels lobbies s’agit-il exactement et de quelle manière ces supposés lobbies pourraient-ils avoir le contrôle à la fois sur l’ensemble des journalistes, des rédactions et des médias ? Comme pour d’autres éléments, la suggestion grave de la collusion de toute une profession laisse place à l’imaginaire et aux fantasmes du spectateur mais ne repose sur aucun élément factuel. Le lien entre Bill Gates, l’AFP et les "grands médias" belges, reste pour le moins flou. Aucun élément factuel pour corroborer la thèse.

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Autre question soulevée par le film "Ceci n’est pas un complot" : les tests PCR sont-ils fiables et les laboratoires qui amplifient le signal du virus jusqu’à 40 fois pour le détecter, ne vont-ils pas trop loin ? Le commentaire du film indique à juste titre que "Plusieurs scientifiques ont émis des réserves sur l’intérêt des tests à cette échelle".

Déjà le 11 avril 2020, la RTBF mettait en perspective l’efficacité de ces tests PCR.

Cette même question, la RTBF la soulevait encore en septembre 2020 dans un article intitulé : "Votre test PCR est positif ? Cela ne signifie pas nécessairement que vous êtes porteur du Covid-19, ni contagieux".

Dans la publication, Frédéric Cotton, responsable du service biochimie clinique au laboratoire universitaire de Bruxelles, un des cinq plus grands labos belges, indiquait à la RTBF que les cycles d’amplification habituellement utilisés en Belgique étaient autour de 30 à 35. Il ajoutait à l’époque : "Aujourd’hui, on n’a peut-être pas intérêt à autant amplifier le virus parce que le risque est d’en détecter parfois des traces d’un virus qui n’est plus infectieux, d’un virus entre guillemet mort".

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Autre élément évoqué par Bernard Crutzen dans le film : les vaccins. S’il précise bien qu’il n’est pas opposé personnellement à la vaccination, il évoque sa réticence à se faire vacciner avec un des vaccins utilisant la technique de l’ARN Messager.

"Je ne suis pas un anti-vaccin, j’en ai eu ma dose et je dois d’ailleurs faire mes rappels, mais pour le Covid, je préfère attendre un peu. Comme beaucoup de mes compatriotes. Pourquoi cette méfiance ? D’abord parce que certains de ces vaccins reposent sur une technologie nouvelle, celle de l’ARN messager. Encore jamais testée à grande échelle. Je ne suis pas compétent pour en discuter les bénéfices et les risques, mais il me semble présomptueux de garantir l’absence d’effets indésirables à long terme.", explique-t-il.

Ces motifs de méfiance à l’égard des vaccins contre le Covid-19 sont courants et compréhensibles. La communauté scientifique s’accorde cependant à dire que les bénéfices l’emportent sur les risques. L’absence de recul de longue durée, la nouvelle technique de l’ARN messager – développée en recherche depuis une décennie et l’objet de plusieurs essais cliniques pour d’autres maladies – sont deux des arguments par rapport auxquels des réponses scientifiques sont développées dans cet article de la RTBF autour des dangers potentiels des vaccins.

Il faut également préciser que ces vaccins à ARN sont maintenant utilisés depuis plusieurs mois et que leurs effets secondaires sont observés de près par les médecins et la communauté scientifique, sans alerte majeure (à ce jour) auprès des autorités sanitaires.

Par ailleurs, ces vaccins à ARN messager ne sont pas les seuls disponibles sur le marché. Des vaccins utilisant des techniques largement éprouvées sont disponibles et le deviendront encore davantage dans les semaines et mois à venir.

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"AstraZeneca a négocié son immunité contre les poursuites. C’est l’Etat qui devra garantir l’indemnisation des éventuelles victimes d’effets secondaires, affirme plus tard Bernard Crutzen. Rien ne permet d’étayer factuellement cette affirmation, relayée à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux.

Les contrats signés entre les producteurs de vaccins et les pays membres de l’UE ont été signés par la Commission européenne. Les détails de certains de ces contrats n’ont effectivement pas été rendus publics, mais c'est le cas pour celui conclu entre la Commission européenne et AstraZeneca. Au total, trois contrats signés avec des laboratoires ont été rendus publics dans un souci de transparence : AstraZeneca, CureVac et Sanofi-GSK. Certains passages jugés "sensibles" ont en effet été occultés des documents

S’il contient des passages occultés, un certain nombre des éléments qui concernent le vaccins d'AstraZeneca ont été rendus en partie lisibles par une simple manipulation informatique.  

La RTBF a par ailleurs consacré un article sur l’enquête lancée par le médiateur européen sur le manque de transparence de la Commission européenne sur les négociations vaccinales.

Cependant, comme l’indiquent les Décodeurs du Monde dans une enquête approfondie sur la question, les contrats sont néanmoins conclus conformément aux règles de l’UE en ce qui concerne la responsabilité (et l’indemnisation éventuelle), qui "exigent que cette responsabilité incombe toujours à l’entreprise". En quelques mots : si un produit est défectueux, c’est le laboratoire qui est responsable.

Une exception a bien été actée, mais uniquement en raison de la production inédite de ces vaccins. L’UE pourrait ainsi contribuer à d’éventuelles demandes d’indemnisation de patients victimes d’un épisode qui serait "nuisible et pas connu", mais ce serait au laboratoire pharmaceutique de démontrer qu’à chaque instant il a fait preuve de transparence.

Selon une directive européenne de 1985, les laboratoires sont responsables des défauts ou négligences liés à leur produit, à moins qu’ils puissent prouver "que l’état des connaissances scientifiques et techniques […] n’a pas permis de déceler l’existence du défaut". La directive précise également que les producteurs (de vaccins notamment) ne peuvent imposer une clause leur permettant d’éviter toute responsabilité.

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Autre angle d’attaque du film : les médias censureraient et occulteraient volontairement des alternatives efficaces aux méthodes mises en place pour tenter de gérer la crise.

Le réalisateur se pose cette question : "Serai-je censuré, moi aussi, si j’écris qu’il existe des alternatives à la vaccination ou au moins des solutions complémentaires. Il y a tout d’abord la recherche de l’immunité collective, comme l’a tenté la Suède, où le renforcement de l’immunité individuelle grâce par exemple à la vitamine D. Il y a aussi les plantes médicinales telles que l’Artémisia et les médicaments repositionnés comme la chloroquine. Le protocole à base de cette molécule va faire l’objet en France d’une incroyable saga. Chez nous, pas de débat. Le traitement sera largement utilisé dans les hôpitaux."

Tout d’abord, en ce qui concerne l’immunité collective, celle-ci consiste à considérer qu’une fois qu'une large proportion (60 à 70%) de la population a été contaminée par le virus (et étant donc protégée par des anticorps naturels), une société est protégée contre la propagation d’une épidémie.

Cette approche est décriée pour des raisons éthiques et scientifiques. La Suède qui s’était lancée dans cette approche de gestion de la crise a dû faire machine arrière, tout comme les Pays-Bas qui ont fini par confiner sa population en décembre 2020.

En novembre, les autorités suédoises, face à une résurgence de nouveaux cas, ont serré la vis et elles ont interdit notamment les rassemblements à plus de huit personnes.

Stockholm a changé de cap

Plus tard, les autorités suédoises qui avaient décidé de procéder par recommandations à la population plutôt qu’en imposant des règles strictes, ont changé leur fusil d’épaule.

Depuis le 19 janvier 2021, les sociétés qui ne respectent pas les recommandations en matière de télétravail, les magasins qui ne respectent pas les 10 mètres carrés imposés par personne, tout comme les individus qui se rassemblent à plus de huit, peuvent être sanctionnés par des amendes.

Un changement de cap qui intervient après des déclarations du roi Carl XVI Gustaf en décembre dernier. Le Roi déclarait alors : "Je pense que nous avons échoué. Il y en a un grand nombre qui sont morts et c’est terrible. C’est quelque chose dont nous souffrons tous".

A noter cependant : il n’y a pas eu de changement concernant la position du pays sur le masque : son usage n’est toujours pas préconisé (sauf à certaines heures dans les transports en commun) et certaines municipalités en interdisent actuellement même l’usage.

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En ce qui concerne les plantes médicinales telles que l’artemisia, il n’y a pas d’évidence scientifique de son efficacité contre le coronavirus. Aucune étude clinique n’existe pour prouver l’efficacité et l’innocuité (son absence de nocivité) de l’artémisia contre le Covid-19. Cette plante était déjà l’objet d’un intérêt particulier de la part du réalisateur Bernard Crutzen lors de son documentaire sur la malaria. Il estimait déjà que "la vraie vedette de son documentaire, c’est l’Artemisia Annua, une plante aux vertus thérapeutiques, efficace dans le traitement du paludisme".

Enfin, la chloroquine (en réalité, l’hydroxychloroquine) a effectivement fait l’objet en France d’une "incroyable saga". Les études du professeur marseillais Didier Raoult ont été battues en brèche par la communauté scientifique pour leur méthodologie douteuse. En Belgique, le traitement utilisé au début de la crise sanitaire dans les hôpitaux a été abandonné, faute d’efficacité dans la vie réelle, contrairement aux analyses in vitro. La discussion scientifique sur l’efficacité des traitements est transparente et en constante évolution.

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Une autre idée véhiculée par le film, c’est que la saturation des hôpitaux est saisonnière. Le commentaire est le suivant : "Octobre. Le chef des urgences se gardera bien de rappeler que chaque année, en fin d’automne, les hôpitaux sont débordés par différentes pathologies respiratoires. J’ai d’ailleurs retrouvé cette affiche du CHU de Liège. Elle date de 2019."

Effectivement, les hivers et les automnes, les pathologies respiratoires augmentent et les hôpitaux se remplissent. Il y a cependant une différence notable entre la situation durant la pandémie et les années antérieures : lorsque les hôpitaux sont pleins, d’habitude, ce n’est pas pour une seule pathologie, et surtout, on n’arrête pas les autres activités normales.

Philippe El Haddad, directeur général médical du CHIREC, explique qu’en mars et avril, "si on n’avait pas arrêté les activités programmées, on aurait dû trier les patients, et dire ceux-là, ils vont mourir dans la salle d’attente." Le nombre de lits de soins intensifs réservés aux cas COVID a été augmenté durant les pics de la pandémie. Il a fallu pour cela arrêter d'autres services.

Cette publication du Lancet compare les caractéristiques de patients hospitalisés pour grippe saisonnière à celles de ceux qui ont été admis pour le Covid-19. Elle observe que "les patients atteints de Covid-19 étaient plus susceptibles de nécessiter des doubles soins intensifs, et la durée moyenne de séjour aux soins intensifs pour Covid-19 était deux fois plus longue (15 jours pour Covid-19 vs 8 jours pour la grippe). Un quart des patients atteints de Covid-19 sont restés aux soins intensifs pendant plus de 3 semaines. Les patients atteints de Covid-19 étaient plus susceptibles de nécessiter une ventilation mécanique invasive que les patients atteints de grippe. S’ils sont admis à l’unité de soins intensifs, les patients atteints de Covid-19 étaient également plus susceptibles d’avoir besoin d’une ventilation mécanique que les patients atteints de grippe. La mortalité à l’hôpital était plus élevée chez les patients hospitalisés pour Covid-19 que chez les patients hospitalisés pour grippe".

En France, les données publiques sur la comparaison entre les hospitalisations pour la grippe et le Covid-19 sont claires :

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Avant de conclure son film, le réalisateur interpelle le public sur le rôle de contre-pouvoir que se doit de jouer la presse en ces termes : "En démocratie, la presse ne devrait-elle pas être le premier rempart contre les abus du pouvoir ? Dans cette crise, au contraire, elle semble accompagner le pouvoir, même dans ses délires".

Pourtant, de nombreuses questions sociétales et démocratiques ont été soulevées lors de la crise. Il y a eu notamment, dès le mois d’avril 2020 sur les différentes antennes de la RTBF de nombreux débats, notamment sur les conséquences de la pandémie et les mesures à prendre mais aussi, par exemple : le respect des libertés fondamentales ou l’inquiétude du monde judiciaire concernant le risque antidémocratique des mesures d’urgence.


►►► À lire aussi : D’une "légère grippe" au "pays le plus touché" : les déclarations, les mesures… et puis les chiffres


Il y a également eu, au fil des mois, une préoccupation à traiter des questions soulevées par de nombreux citoyens ou experts comme l’appel des pédiatres qui plaidaient en mai en faveur d’une réouverture des écoles pour les enfants, les recours en justice de citoyens comme celui contre l’obligation pour les élèves de moins de 18 ans de porter le masque en classe, ou la contestation des mesures par des représentants de différents secteurs.

Des thématiques comme l’utilisation des données personnelles des citoyens, le pouvoir du "Big Pharma", ou la gestion politique de la crise sanitaire ont été abordées sous divers angles. Une longue enquête sur les vaccins a également été diffusée. 

La liste des questions démocratiques et sociétales soulevées par les médias comme la RTBF, à travers cette année de crise, est tellement vaste qu’il serait impossible d’en faire un catalogue exhaustif.

"Le débat des décodeurs" sur un an de traitement médiatique de la crise du coronavirus

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