L'Équipe, Ryanair... baisser les salaires, la solution privilégiée pour éviter les licenciements ?
Mis en place par les ordonnances Travail de 2017, les Accords de performance collective devraient être fortement utilisés par les entreprises en difficulté. Ils autorisent les employeurs à jouer sur plusieurs leviers en cas de ralentissement de leur activité : la mobilité, le temps de travail et... le montant du salaire.
La crise sanitaire du coronavirus va laisser de profondes séquelles pour l'économie française. De nombreuses entreprises, à l'arrêt depuis le début du confinement, vont mettre plusieurs mois à retrouver un équilibre financier, si elles y parviennent. Face à la menace de licenciements massifs, la ministre du Travail Murielle Pénicaud a mis en avant un dispositif présent dans les ordonnances Travail de 2017.
Des dispositions exceptionnelles et encadrées
"Il y a des alternatives. J’appelle les entreprises en difficulté à négocier des Accords de performance collective", a ainsi expliqué la ministre ce dimanche 31 mai sur LCI, comme le rapporte La Dépêche. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Ces Accords de performance collective autorisent les entreprises à jouer sur plusieurs leviers en cas de ralentissement de leur activité : la mobilité, le temps de travail et... le montant du salaire. Ces dispositions exceptionnelles ne peuvent être mises en place que pour 5 ans maximum, ne peuvent pas remettre en cause les congés payés et les minima de salaire, et doivent être validées par les syndicats.
L'exemple de Ryanair, Derichebourg ou L'Équipe
Deux grandes entreprises ont d'ores et déjà eu recours à cette méthode en France. Récemment, le transporteur aérien Ryanair a demandé à ses employés de choisir entre un plan de licenciement d'un quart des effectifs et une baisse de salaire de 20 % pour les pilotes et 10 % pour les stewards sur 5 ans. Une méthode décriée par les syndicats, et par la ministre elle-même. "Les accords de performance collective ont été mis en place dans un esprit qui n'est pas du tout celui qu'utilise Ryanair", a lancé Muriel Pénicaud sur BFM-TV.
Une version plus édulcorée est également mise en place dans l'entreprise Derichebourg. Le sous-traitant d'Airbus et Dassault a proposé à ses salariés d'abandonner leur indemnité de transport et de repas pour limiter l'ampleur du plan social qui prévoit 700 suppressions de postes, selon La Dépêche. Une proposition accueillie favorablement par FO, le syndicat majoritaire.
Ce lundi 1er juin, les syndicats du quotidien sportif L'Équipe ont également annoncé que la direction souhaitait imposer des "sacrifices" aux salariés, comme l'explique Le Monde. "La direction entend profiter d’une crise conjoncturelle pour imposer une attaque inédite contre ses salariés. Faute de projet stratégique et éditorial pour un fleuron de la presse sportive, la seule solution trouvée par la direction est d’utiliser les salariés comme variable d’ajustement, dans une vision court-termiste de réduction des coûts", dénoncent les syndicats dans une lettre interne que le quotidien Le Monde s'est procuré.
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