Le triangle pédagogique

Tout acte pédagogique peut-être défini comme l’espace entre les trois sommets d’un triangle: l’enseignant, l’élève, les savoirs. 

Enseigner, apprendre, former, éduquer, accompagner… ne sont pas que des mots différents signifiant des facettes d’une même réalité. Au contraire, ils traduisent autant de postures pédagogiques possibles selon que l’on privilégie un sommet ou une relation entre les sommets. 

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Par Nicolas SANSON - | 23.07.2017 |
Niveau de technicité :
enseignement en formation DESJEPS
Sommaire

Petit rappel

Dans le processus pédagogique en équitation, la relation se fait toujours à trois : un cavalier, son cheval et un enseignant. Le cheval est tantôt l’élève, tantôt le professeur en fonction de la situation, mais il est toujours partenaire des deux humains. Le cheval a donc aussi sa propre relation au savoir, à l’environnement et sa propre relation à l’élève et au professeur.

Par exemple, quand j’enseigne à un cavalier débutant ou d’un niveau intermédiaire, j’ai besoin d’un cheval bien dressé que je considère alors comme un collègue. Dans ce cas le cheval est encore plus professeur que moi car c’est lui qui fait sentir la justesse de ses propres actions. Quand je fais travailler un cavalier confirmé avec un jeune cheval, c’est l’inverse : le cheval est un élève avec un cavalier sur son dos.

Le triangle pédagogique

Le triangle pédagogique en équitation
Le triangle pédagogique en équitation

Les trois axes

L'axe enseignant - savoir : la didactique

Dans le triangle pédagogique l’axe « enseignant-savoir » se nomme la didactique. La didactique c’est comment l’enseignant transforme ses savoirs et savoirs faire pour les rendre « enseignables », « apprenables ». Pour former les autres à quelque chose je dois avoir quelque chose à transmettre. L’enseignement n’est pas simplement de l’animation. Je dois posséder des savoirs et savoirs faire, une expérience.

Mais cette expérience, ces savoirs ne suffisent pas, je dois les transformer au service de mes élèves pour les rendre accessibles, compréhensibles et à leur portée. On parle alors de transformation didactique, de simplification, de capacité à établir des progressions, des exercices étape par étape, marche par marche. Chaque enseignant doit construire sa propre didactique.

L'axe apprenant - savoir : l'apprentissage

C’est l’axe au service duquel les deux autres sont. L’enseignant enseigne et l’élève apprend. Quand j’enseigne, le plus important est de savoir si mon élève apprend. Pour améliorer mon action d’enseignant, j’essaie de mieux comprendre comment l’élève apprend.

En tant que mammifère, je peux considérer l’homme comme un animal parmi tant d'autres. En effet nous avons beaucoup de points communs avec les chevaux. Ils partagent nos émotions, certaines perceptions sensorielles et fonctions vitales. Comme un cheval, pour qu’il y ait apprentissage nous avons besoin de motivation, de confiance, de temps pour comprendre, de progressivité dans les exercices, de moment de pauses adaptées, de répétition et de constance (distribution de l’apprentissage, les phénomènes de mémorisation, d’automatisation). 

Mais en tant qu’espèce distincte nous avons aussi de grandes différences de compréhension, de communication et de réflexes de survie.

L’Homme est un être pensant doué de parole. L’être humain est capable d’assimiler un acte quelles que soient les modalités d’apprentissage. Cette possibilité nous est permise par nos facultés quasi infinies d’adaptation qui découlent de l’état de « pré maturation » dans lequel l’enfant se trouve à la naissance. 

Donc nos élèves ont besoin d’objectifs, ont besoin d’intentions pour se projeter dans le futur. Ce sont les objectifs et la recherche d’un mieux qui donne le sens, la direction à leurs actes. Quand mon élève apprend, il a besoin de comprendre et de prendre conscience de son apprentissage. Pas d’apprentissage sans prise conscience, on n’apprend pas inconsciemment.

L'axe enseignant - apprenant : la pédagogie

Pas d’enseignement sans pédagogie. Pour bien enseigner, j’ai besoin de « savoirs » à transmettre, de mettre ces savoirs en ordre pour favoriser la prise en compte de l’apprenant. Etre bon pédagogue, c’est être attentif aux différences de chacun de mes élèves, à leur capacité individuelle d’attention, à leur rythme, leur âge, leur niveau, leur compréhension, leur émotion... dans l’apprentissage qu’ils vivent.

La pédagogie représente la relation entre l’élève le cheval et le professeur. Si le professeur n’est pas l’élément principal de l’entraînement, qui reste et doit rester le cavalier et son cheval, l’enseignant est une pièce maîtresse dans la progression. Il a deux rôles essentiels :

  • Faire apprendre les éléments fondamentaux de l’équitation
  • Faire aimer les chevaux et l’équitation

La question est de savoir si l’on peut enseigner et entraîner contre la volonté d’un individu, ou s’il faut au contraire s’appuyer sur sa motivation pour le faire progresser. Il y a là toute la question de la démarche pédagogique : imposer un enseignement ou répondre aux attentes ? Je prône la répondre aux attentes en balisant le terrain, en fixant des objectifs, des règles du jeu, et non en confondant non directivité et laisser faire.

L'enseignant, facilitateur d'apprentissage

L’objectif est de rendre le cavalier autonome, parce que nous lui aurons communiqué nos connaissances et notre savoir. L’important est d’être dans la relation, c’est-à-dire capable d’écouter, de parler ….

Cette écoute doit être empathique, il faut écouter pour comprendre simplement dans le but d’aider l’autre.

Il est important que chaque cavalier ressente qu’il est entraîné pour lui-même, que l’enseignant s’occupe de lui et qu’il reçoit une totale attention. 

Le plus important c’est la rencontre, l’échange, le partage qui renvoie à un enjeu fondamental qui est de construire des savoirs ensemble basés sur l’acceptation de l’autre avec le sentiment d’être augmenté par l’autre. C’est avant tout la relation humaine et équine qui est source de motivation et de développement personnel.

L'équitation est une école qui ne se réduit pas aux techniques de l'équitation mais une école de conduite de soi, d'écoute des partenaires et de respect d'autrui. Au-delà de sa pratique, cette équitation est donc bien une culture, une éthique, une philosophie, un véritable vecteur de transformation sociale.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Nicolas SANSON Formateur et entraîneur indépendant - ancien écuyer du Cadre noir de Saumur et directeur adjoint du Pôle de la Formation Professionnelle et Sportive (PFPS) de l'IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 10 05 2024

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