Recrutement des jeunes diplômés

Les jeunes diplômés préfèrent les PME, info ou intox ?

En 2018, 39,3 % des diplômés des grandes écoles ont opté pour une entreprise de moins de 250 salariés à la fin de leur cursus*. Rejoindre une PME plutôt qu'un grand groupe... une vraie tendance ? 

Réponses avec Eric Matarasso, directeur associé d’Epoka et spécialiste des transformations dans l’entreprise, des problématiques RH à la marque employeur.

Est-il vrai que les jeunes diplômés se détournent des grands groupes ?

Ces propos sont à nuancer. Les conclusions des études que nous menons tous les ans pour le Figaro Etudiant avec Cadremploi nous montrent que sur un panel de 12 000 jeunes diplômés - bac +2 à bac +5, toutes filières confondues, 58 % d’entre eux souhaitent exercer dans un groupe international français. Ils ne sont que 29 % à vouloir travailler dans une PME. Si l’adage « Small is beautiful » est toujours d’actualité, l’attractivité des petites structures reste inférieure à celle des groupes internationaux. 

Comment ETI et PME peuvent-elles mieux se faire connaitre des jeunes ?

La question est de savoir si ces structures ont intérêt à se faire connaître. Cette notion n’a de sens que dans le cadre d’un recrutement qui répond à des profils pénuriques ou à des compétences particulières. Ceci dit, toute entreprise a besoin d’entretenir et de valoriser son image. Cela passe essentiellement par la création d’une proximité entre le pouvoir de décision et les collaborateurs. Premiers vecteurs
de communication dans l’entreprise, ces derniers expriment un très vif besoin de reconnaissance, rendu possible par la légèreté de la structure. Non que les groupes plus importants négligent ce critère, mais ils sont davantage préoccupés par des objectifs de rapidité et de
rentabilité afin de répondre aux exigences des partenaires.

Revenons aux chiffres. Presque un tiers des jeunes privilégie les structures légères. Pour quelles raisons ?

Les PME présentent l’avantage d’associer souplesse et agilité. Leur petite taille facilite la proximité entre dirigeants et salariés, et permet une meilleure identification des collaborateurs. A chacun de savoir s’il souhaite s’associer à la puissance et aux projets développés par les
multinationales, ou s’il privilégie la reconnaissance et l’identification permises par les structures plus légères.

Comment une PME peut-elle développer sa marque employeur ?

Il s’agit de démontrer que son modèle de management et d’organisation offre un dynamisme et une énergie favorables à la réalisation de projets transversaux. La RH doit faire se correspondre les valeurs premières de l’entreprise (ambiance, management, proximité, culture) avec celles de ses collaborateurs. S’il y a adéquation entre les valeurs de l’entreprise et celles des collaborateurs, la marque employeur rayonne spontanément.

Est-ce plus facile pour une PME ?

Oui, car toutes les conditions pour être une bonne marque employeur sont réunies, compte tenu de l’alignement entre la culture de la direction et celle des collaborateurs. Les PME dont la marque employeur est faible sont plutôt rares. A contrario, certains grands groupes ne parviennent pas toujours à créer cet alignement du fait de la complexité de l’organisation.

Propos recueillis par Frédérique Guénot

*Source : CGE (Conférence des Grandes Ecoles).