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A Paris, les commerces font toujours grise mine

Malgré la réouverture des magasins et la soif de consommer des Français, les boutiques de la capitale ne parviennent pas à retrouver leurs niveaux d'avant-crise.

C'est une vraie déception. Alors que la reprise économique semble solide, soutenue par un appétit fort de consommation des Français, il semble que les commerces parisiens échappent à cette tendance.

Ni la fin des restrictions sanitaires, ni les soldes ont permis aux boutiques de la capitale de retrouver leurs niveaux d'activité d'avant-crise. Globalement, la baisse moyenne de chiffre d'affaires dans les boutiques de la capitale serait de 21% selon l’Alliance du commerce dans le secteur de l’habillement révélés ce samedi. .

Absence de touristes

Comment expliquer un tel repli alors que la moyenne nationale n'affiche qu'un repli symbolique de 1% par rapport à 2019? Paris et sa région souffrent d'abord et avant-tout de l'absence de touristes étrangers, essentiellement chinois et américains qui sont ceux qui dépensent le plus.

Top 15 des zones de commerces en plus forte décroissance (juin 2021 versus juin 2019)
Top 15 des zones de commerces en plus forte décroissance (juin 2021 versus juin 2019) © Facap

Cette absence s'illustre par exemple dans le quartier des Champs-Elysées où la perte de chiffre d'affaires (juin 2021 contre juin 2019) atteindrait 39%; des chiffres qui s'élèvent à 33% dans le quartier Hausmann ou encore 24% pour le Forum des Halles, selon les chiffres de la Fédération des associations de commerçants et artisans parisiens (Facap) .

Pire, même dans les quartiers pas vraiment visités par les touristes comme la place d'Italie avec le centre commercial Italie 2, la chute est également importante: -24% et -18 % à Beaugrenelle dans le XVe arrondissement.

Évolution du CA à Paris entre juin 2021 et juin 2019 (secteur de l’habillement)
Évolution du CA à Paris entre juin 2021 et juin 2019 (secteur de l’habillement) © facap
"Les commerçants doivent faire face à un Paris déserté par les touristes internationaux et français. Mais pire, les Franciliens qui constituaient une clientèle importante boudent eux aussi la capitale devenue un repoussoir du fait des nouvelles politiques de mobilité. Lorsque l’on constate l’absence de reprise de l’activité commerciale à Paris contrairement aux autres villes de France, on se dit qu’il y a forcément un problème de politiques publiques avec un exécutif parisien sourd à la souffrance des commerçants", explique dans un communiqué Thierry Véron, le président de la Facap.

Une capitale moins accessible?

Traduction, la politique de la mairie visant à réduire au maximum la place de la voiture dans les rues décourage les Franciliens à venir faire leur shopping dans la capitale. Selon cette fédération, cette politique a des conséquences néfastes sur l'activité des commerçants, notamment dans les artères où la voiture est désormais interdite comme la rue de Rivoli.

"Anne Hidalgo veut interdire l’accès en voiture aux arrondissements centraux sans pour autant proposer une solution alternative de transport aux parisiens et franciliens pour s’y rendre. On observe déjà un phénomène de report avec un détournement des achats vers les centres commerciaux en périphérie. Un couple avec enfant qui se rendait à Paris pour acheter de la décoration pour son appartement ne va pas porter son lampadaire ou ses bacs à fleurs dans le métro, il les met désormais dans le coffre de sa voiture sur le parking d’une zone commerciale", poursuit Thierry Véron.

Cette conjonction de difficultés s'illustre dans la bilan mitigé des soldes. Selon la fédération qui regroupe 33.000 indépendants de l’habillement (FNH), les soldes d’été ont été décevantes particulièrement à Paris.

Du côté de la Mairie de Paris, on s'étonne un peu des chiffres avancés par la Facap même si les difficultés des commerçants sont connues. Et de mettre en avant son plan de soutien et de relance de 200 millions d'euros.

Quant aux zones à trafic limité (ZTL), la marie assure qu'elles n'empêchent pas les Franciliens de venir chez leurs commerçants en voiture, ces ZTL visant à interdire le trafic de transit pas destination. Même si elle concède qu'il y a encore des modalités d'application à travailler.

La Facap réclame le déport du débat sur la ZTL vers la Commission Nationale du Débat Public et l’élaboration d’un plan de relance. "Il est impensable de refaire l’erreur de la fermeture des quais sur Seine et de la fermeture à la circulation de la rue de Rivoli", martèle la Fédération.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business