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Nucléaire : « Pour Emmanuel Macron, c’est la filière militaire qui prime »

Le 8 décembre au Creusot, Emmanuel Macron a donné sa vision de l’avenir de la filière nucléaire française. Dans sa chronique, Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », analyse les positions exprimées par le chef de l’Etat.

Publié le 21 décembre 2020 à 02h48, modifié le 21 décembre 2020 à 07h05 Temps de Lecture 4 min.

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Emmanuel Macron, à l'usine Framatome du Creusot (Saône-et-Loire), le 8 décembre.

Chronique. Une si longue attente… Des mots réaffirmant ses convictions, le soutien à un secteur nucléaire employant 220 000 salariés. Et puis la perspective d’une mise en chantier de réacteurs EPR après l’élection présidentielle de 2022 – ce qui promet de belles joutes de campagne. Emmanuel Macron a entretenu l’espoir de cette filière, mardi 8 décembre, dans le discours prononcé sur le site Framatome du Creusot (Saône-et-Loire), l’usine où sont forgés les gros éléments des centrales ainsi que les pièces pour les bâtiments à propulsion nucléaire de la marine nationale. Le chef de l’Etat y voit l’emblème d’une industrie duale, pile civile et face militaire.

Il n’y a « pas de sens », selon lui, à dissocier cette double dimension : l’industrie de l’atome, qui se remet péniblement d’une décennie horribilis, illustre la cohérence entre autonomie stratégique et indépendance énergétique. « Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire », aussi bien que « notre avenir industriel et stratégique (…), tranche M. Macron. Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil », qu’il s’agisse de la recherche ou de la production. L’usine du Creusot et le Commissariat à l’énergie atomique sont les « preuves vivantes » de cette complémentarité remontant à 1945.

Le parterre des dirigeants de la filière réunis au Creusot n’en attendaient pas moins. Cette industrie duale, comme l’aéronautique et le naval, tire d’autres secteurs de haute technologie. M. Macron s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs de la VRépublique, tous avocats affirmés de la dissuasion et de l’énergie nucléaires. Y compris François Mitterrand, qui ne laissa pas planer le doute et poursuivit l’œuvre gaullo-giscardienne. Elle reste dans l’ADN national, expression du rêve gaullien d’une France indépendante capable de « tenir son rang ».

Débats clivants

Mais cette ambition coûte très cher, et le découplage est net entre les priorités, civile et militaire. C’est la seconde qui prime. M. Macron a ainsi annoncé que le nouveau porte-avions, qui doit être opérationnel en 2038, sera à propulsion nucléaire, comme le « Charles-de-Gaulle ». Un choix salué par l’ensemble des acteurs, qui en tireront profit. Framatome, mais surtout TechnicAtome, l’entreprise publique qui fabrique les chaufferies nucléaires des sous-marins d’attaque et lanceurs d’engins.

La filière civile rêverait d’une telle feuille de route. Son pilotage est plus complexe, son avenir plus incertain. Au cœur de l’appareil d’Etat, elle cherche en vain des figures de la technoscience pour la défendre avec le même enthousiasme que dans les années 1960-1970. Or le président élu en 2022 sera le premier à devoir décider du lancement – ou non – d’un nouveau programme électronucléaire, même s’il est moins ambitieux que le projet pharaonique des années 1970 : 45 milliards d’euros pour six EPR de nouvelle génération, dans un premier temps.

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