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« Plus les salariés se sentent respectés, plus ils se montrent motivés et reconnaissants »

Expert en psychologie positive, Jacques Lecomte promeut un modèle d'entreprise alternatif fondé sur la coopération, l'interdépendance et le service à autrui.

Selon le docteur en psychologie Jacques Lecomte, la finalité première de l'entreprise humaniste est le bien commun et non le profit.
Selon le docteur en psychologie Jacques Lecomte, la finalité première de l'entreprise humaniste est le bien commun et non le profit. (WOSTOK PRESS/MAXPPP)

Par Les Echos

Publié le 6 oct. 2021 à 07:00Mis à jour le 7 oct. 2021 à 12:56

Prendre en compte les problématiques personnelles des salariés, est-ce bien le rôle de l'entreprise ?

En 1970, le prix Nobel d'économie Milton Friedman affirmait que « l'unique responsabilité sociale de l'entreprise est d'accroître ses profits ». Cette doctrine a été le mantra des écoles de commerce pendant des années. Aujourd'hui, une prise de conscience est en train de s'opérer. Les organisations ne peuvent plus se contenter d'engranger des bénéfices. Elles doivent aussi se soucier des personnes et de l'environnement , ce qui constitue un vrai progrès.

Sont-elles pour autant devenues humanistes ?

Aujourd'hui, toutes les entreprises ou presque disposent d'une charte éthique. Cependant, beaucoup d'entre elles voient leur responsabilité sociale et environnementale uniquement comme un outil au service de la productivité. Les entreprises humanistes, elles, entendent avoir un impact positif sur la société. Elles s'efforcent en interne d'offrir des conditions de travail épanouissantes à leurs salariés. En externe, elles veillent à cultiver des relations honnêtes avec leurs fournisseurs mais aussi à proposer des produits ou des services de qualité à leurs clients. Leur finalité première n'est pas le profit mais le bien commun, c'est-à-dire le respect de la planète et de l'être humain . Si certains de leurs collaborateurs doivent assumer la charge d'un proche, elles se montrent attentives à leurs besoins et leur proposer l'accompagnement nécessaire pour préserver leur bien-être.

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Quelles transformations ce modèle implique-t-il en termes de management ?

Beaucoup de managers aujourd'hui passent encore leur temps à contrôler leurs équipes. Parce qu'ils sont persuadés que sans la carotte et le bâton, leurs collaborateurs en feraient le moins possible. Toutes les études montrent pourtant le contraire : le contrôle est adapté à 1 % des individus, mais inadapté à tous les autres. Dans l'écrasante majorité des cas, plus les salariés se sentent responsabilisés, écoutés et respectés , plus ils éprouvent un fort sentiment d'appartenance à leur entreprise et plus ils se montrent motivés et reconnaissants. Ils n'ont plus l'impression d'avoir un simple job mais de participer à une oeuvre collective.

Aujourd'hui, une prise de conscience est en train de s'opérer. Les organisations ne peuvent plus se contenter d'engranger des bénéfices.

C'est donc un pari gagnant pour la performance de l'entreprise…

Sans aucun doute. Prenez l'exemple de la compagnie aérienne Southwest Airlines. Alors qu'après les attentats du 11 septembre 2001, les licenciements dans le transport aérien ont bondi de 25 %, elle a fait le choix de rester fidèle à ses valeurs : « We take care » - « Nous prenons soin de notre personnel ». Malgré des pertes d'un million de dollars par jour, elle n'a renvoyé personne, ce qui a eu pour effet d'augmenter la loyauté et la productivité de ses collaborateurs. Neuf ans plus tard, Southwest Airlines est ainsi devenue le premier transporteur aérien américain. Ceci dit, cultiver le bonheur au travail pour des raisons de profit à court terme s'avère un mauvais calcul. Les salariés ne sont pas dupes. S'ils se rendent compte que la démarche n'est pas sincère, ils risquent de se démotiver, ce qui sera totalement contre-productif.

Les entreprises humanistes sont-elles l'avenir ?

J'en suis persuadé. Dans les années 1970, beaucoup de jeunes se posaient la question du sens du travail. Cette tendance revient en force aujourd'hui. Les millennials n'ont pas envie d'être les pions des actionnaires. Plus qu'à faire carrière Ils cherchent avant tout à trouver un travail dans lequel ils se sentent utiles. Habités par l'esprit de partage, ils rejettent le modèle du chef surpuissant qui leur dit ce qu'il faut faire et comment. Ils plébiscitent les leaders serviteurs qui cultivent la coopération et se mettent au service des autres.

  (Mathilde Riaud)

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