La démission de Michèle Rubirola : un acte rare, à rebours de la voracité politique habituelle

Michèle Rubirola, maire démissionnaire de Marseille ©AFP - Nicolas Tucat
Michèle Rubirola, maire démissionnaire de Marseille ©AFP - Nicolas Tucat
Michèle Rubirola, maire démissionnaire de Marseille ©AFP - Nicolas Tucat
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En 32 ans de carrière de journaliste dont 20 en politique, c’est bien la première fois que je vois un responsable de premier plan s’apercevoir de lui-même qu’il n’est pas faite pour le premier plan, ou qu’il n’en a pas la santé, ou qu’il ne supporte plus la tambouille politicienne… et préfère dire, ‘je passe la main'.

Vu l’état dans lequel la précédente majorité a laissé la ville, si mal administrée, des quartiers entiers à l’abandon (souvenez-vous du drame de la rue d’Aubagne)… il faut vraiment être en bonne santé et faite pour ça, pour impulser le rebond.

Contrairement aux édiles des grandes villes Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes, Nice, Lille, Toulouse, ou Strasbourg qui ont su transformer leur cité, les élus Marseillais, ces dernières années, pour le malheur des plus défavorisés, ont géré la leur en petits politiciens plus qu’en vrais politiques… Michèle Rubirola s’était laissée propulser tête de liste du Printemps marseillais à son corps défendant (sans mauvais jeux de mot) parce qu’un socialiste étiqueté comme tel n’aurait pas pu gagner. Et c’est un socialiste qui deviendra maire.  

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Ce n’est pas une entourloupe démocratique ? 

Effectivement, c’est la seule de l’affaire mais la majorité reste composée de la même façon et cela vient aussi nous rappeler que lors d’une élection municipale on ne vote pas pour un homme ou une femme mais pour une liste et un projet

Dans le cadre du Printemps Marseillais, c’est encore plus vrai parce que son aspect collectif, sans cesse revendiqué comme tel, participatif même, pendant la campagne, justifie que la porte drapeau qui a conduit à la victoire (avec, aussi son lot de combinaisons politiques locales, ne soyons pas angélique) ne soit pas forcément la mieux placée –nonobstant son état de santé- pour gérer une ville si sinistrée. 

Jean-Claude Gaudin, qui n’était pas du genre à se poser la question de sa compétence, hermétique, comme beaucoup, au principe de Peter, laisse une ville socialement au bord de l’explosion, financièrement au fond du gouffre… 

Devant une telle situation, avec une administration municipale notoirement incompétente… tout est à revoir. 

Le docteur Rubirola préfère soigner les plaies plutôt que crever les abcès… Au moins elle en a conscience. 

Au prochain conseil municipal elle proposera donc de devenir numéro deux de la ville et que Benoit Payan, l’actuel numéro deux devienne maire. La vie politique marseillaise est ainsi faite que ce ne sera sans doute pas si simple, on verra. 

Mais ce matin on peut saluer une femme politique qui ne s’échappe pas, qui se retire simplement de la lumière. Et après tout, que la cité phocéenne, en cette période de Covid, ait, comme premier adjointe, la directrice de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille, qui pourra se consacrer à la santé et l’environnement (les mandats qu’elle garde), ce n’est pas négligeable. 

Michèle Rubirola a eu un réflexe rare d’intelligence politique…  

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