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Couvre-feu : Le silence des discothèques

Depuis mars, les discothèques et les bars de nuit n’ont plus accueilli de fêtards.
Depuis mars, les discothèques et les bars de nuit n’ont plus accueilli de fêtards. © Manu Fernandez/AP/SIPA
Anne-Sophie Lechevallier

Ce secteur au milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel est le seul à n’avoir aucune perspective de réouverture.

Ils sont dix adjoints aux maires de grandes villes – Paris, Nantes, Rennes, Bordeaux, Marseille… – chargés de la vie nocturne, à avoir signé une lettre à la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot , le 18 décembre. Ces élus y pointent les limites des aides apportées aux acteurs du monde de la nuit, relaient leurs difficultés à honorer les loyers ou à souscrire des prêts garantis par l’Etat (PGE) et exhortent le gouvernement à «sortir d’une vision purement administrative pour se reposer sur des critères d’ordre sanitaire», à ne pas s’attacher qu’à la classification des établissements.

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Depuis mars, les discothèques et les bars de nuit n’ont jamais plus accueilli de fêtards. La propagation du virus dans ces lieux clos a été documentée dans le monde entier. A Séoul, Zurich ou Hong Kong, des boîtes et des bars de nuit se sont transformés en clusters géants. Interrogé par le média Brut sur une réouverture, Emmanuel Macron a douché tout espoir: «Tant que le virus circule de manière un peu intense, ce serait de la folie de faire ça.» Alors les 1600 boîtes de nuit et leurs quelque 35 000 salariés, temps partiel compris, se résignent à une année blanche. D’habitude, la période correspond à une forte activité, dans les stations de montagne comme dans les villes. Frédéric Hocquard, adjoint à la vie nocturne à Paris, où 600 établissements sont autorisés à ouvrir après deux heures du matin, se souvient: «Les discothèques tournaient à plein les derniers jours de décembre, les cabarets réalisaient jusqu’à un tiers de leur chiffre d’affaires annuel.»

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La situation reste problématique pour les plus grosses discothèques

D’abord considérées comme des entreprises sinistrées parmi d’autres, déclenchant les rires des députés lorsque leur sort est évoqué dans l’hémicycle en mai dernier, les boîtes de nuit ont fini par obtenir un traitement spécifique pour la durée de leur fermeture administrative. Chômage partiel pris en charge à 100%, accès aux PGE et aux prêts tourisme, au fonds d’aide – d’abord de 15000 euros par mois puis réaménagé avec un choix entre 10000 euros forfaitaires et 20% du chiffre d’affaires mensuel. «Les dirigeants ne cotisent pas. C’est notamment pour compenser leur perte de revenus que le fonds de solidarité a été modifié», relève-t-on au cabinet d’Alain Griset, ministre délégué aux PME. Désœuvrés, quelques-uns ont pris un autre emploi, routier par exemple. Certains sont en train de liquider leur affaire, ils seraient 200 selon les estimations des professionnels. Mais pour la plupart des établissements, notamment les plus petits, cette aide publique massive suffit, largement parfois, à passer la période.

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La situation reste problématique pour les plus grosses discothèques, dont les loyers sont souvent élevés, particulièrement quand les bailleurs sont privés. Si, selon Bercy, le loyer mensuel moyen est de 4400 euros, il atteint 55000 euros pour le Warehouse à Nantes, parfois davantage dans le triangle d’or parisien. Depuis Bangkok, où il vit désormais, Patrick Malvaës, président du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs, scrute les premières décisions rendues par la justice dans les contentieux entre bailleurs et locataires: «Elles tiennent souvent compte des circonstances exceptionnelles et ouvrent des pistes à des voies médianes, comme une réduction du montant du loyer.» Pour lui, l’avenir du monde de la nuit est «intimement lié à celui de la campagne vaccinale ». En attendant les beaux jours, la mairie de Paris repère les espaces en plein air comme les hippodromes, les terrains de la SNCF et d’ADP, les bois, ou les parcs des expositions comme à la porte de Versailles.

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