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Nucléaire : « La Commission européenne semble reprendre d’une main ce qu’elle a donné de l’autre »

Si l’exécutif européen s’oriente vers le classement du nucléaire dans les énergies éligibles aux financements « verts », il refuse d’accorder les aides d’Etat à la filière, déplorent le chercheur Nicolas Mazzucchi et le sénateur Cédric Perrin, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 24 janvier 2022 à 07h30 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. « Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus. » Nul ne sait si la formule du roi d’Epire est apocryphe, mais elle semble particulièrement adaptée à la situation de l’énergie nucléaire en Europe.

Les débats sur la taxonomie – à savoir l’éligibilité de telle ou telle source d’énergie aux mécanismes de financements dits « verts », dont le Fonds pour une transition juste de l’Union européenne – s’orientent depuis la fin de l’année 2021 vers une inclusion du nucléaire dans cette liste. Cependant, un autre texte plus confidentiel portant exception sur les aides d’Etat dans le secteur de l’énergie, présenté par la Commission européenne le 21 décembre 2021, paraît remettre en cause le triomphalisme de Paris sur la question nucléaire.

Mais revenons-en tout d’abord à la première bataille, la plus visible, celle qui consiste à déterminer la liste précise des énergies éligibles, au travers de la fameuse taxonomie. Originellement fondée exclusivement sur les énergies renouvelables, cette dernière a fait l’objet d’importantes critiques, en particulier de la part de la France et d’un nombre important d’Etats d’Europe orientale, puisqu’elle refusait au nucléaire, pourtant très peu émetteur de CO2, l’accès aux financements « verts ».

Après de nombreuses tractations, la nouvelle mouture de la taxonomie, actuellement soumise aux Etats membres pour discussion, semble bien plus raisonnable. Au côté du nucléaire, elle inclut également le gaz naturel, avec des critères drastiques quant aux émissions. Paris et Berlin, eu égard à leurs orientations respectives, peuvent se montrer en apparence satisfaits.

S’ouvre ensuite la seconde bataille où tout bascule, plus confidentielle mais loin d’être symbolique : celle de l’élaboration de la liste des exceptions sur les aides d’Etats dans le domaine de l’énergie. Si la Commission, sur sa lancée historique, y inclut naturellement les énergies renouvelables, la surprise est grande d’y voir également le gaz – défendu selon une optique dite « pragmatique » – mais surtout de constater que le nucléaire en est toujours exclu (art. 13 [d]).

Russie et Chine toujours plus dominantes

En offrant au gaz et aux énergies renouvelables des possibilités de financement de leur filière par ce moyen des aides d’Etat, Bruxelles porte un coup, indirect mais néanmoins fort, au nucléaire. Les gouvernements de l’Union européenne seront dès lors contraints de demander la permission à la Commission européenne d’aider les entreprises du secteur, ce qui implique une charge administrative chronophage, un allongement des délais conséquent et une incertitude quant au résultat. Or, le nucléaire est caractérisé par une durée de construction et un coût de financement élevés nécessitant un recours impérieux à ces financements publics. La preuve en est le placement en faillite contrôlée de Westinghouse, la filiale américaine du japonais Toshiba, en 2017 et, a contrario, l’éclatante santé du russe Rosatom.

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