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A Bure, les opposants au nucléaire racontent en BD un scénario catastrophe pour faire douter les jeunes

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Les opposants au site de Bure viennent d’éditer une BD tirée à 40 000 exemplaires. Une bande dessinée distribuée gratuitement à tous les collégiens et lycéens de la Meuse qui évoque un scénario catastrophe sur le site qui doit enfouir les déchets nucléaires radioactifs français.

Une BD distribuée à tous les collégiens et lycéens de la Meuse. Une BD distribuée à tous les collégiens et lycéens de la Meuse.
Une BD distribuée à tous les collégiens et lycéens de la Meuse. © Radio France - Eodra. Droits réservés.

Les militants opposés au stockage nucléaire à 500 mètres sous terre ont débuté la distribution, ce mardi, dans un lycée de Bar-le-Duc, d’une BD intitulée Panique à Bure tirée à  40 000 exemplaires. La bande dessinée de 24 pages va être distribuée gratuitement à tous les collégiens et les lycéens de la Meuse et de la Haute-Marne. 

«L'idée, c'est vraiment de permettre aux jeunes de se faire leur opinion en toute connaissance de cause» explique Jean-Marc Fleury, porte-parole de l’association des élus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure qui constate que l’Andra communique auprès des jeunes depuis le début du projet. 

Récupérabilité et cible jeune

La bande dessinée se base sur un scénario catastrophe dans un futur proche, en mars 2037 et pose des questions pour pousser les jeunes à émettre un doute et peut-être à remettre en cause les certitudes des scientifiques de l’Andra. Avec notamment la question de la récupérabilité des déchets dans les années à venir et la limitation du risque d’accident majeur sur le site. 

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs estime que les jeunes doivent se faire un avis et n’est pas étonnée du fait que les opposants au projet Cigéo s’adressent aux lycéens et collégiens. 

Refus politique du rectorat ?

Pour Mathieu Saint-Louis, qui n’a pas encore lu la BD, «ils sont tout à fait libre de diffuser leur avis sur le projet», le chargé de communication de l’Andra explique que l’agence «accueille les scolaires depuis toujours et c’est vraiment dans les gènes de l’agence de faire de la communication en s’adressant aux riverains et ça inclut évidemment les plus jeunes, ceux du collège et du lycée. On considère que ce sont les citoyens de demain et que Cigéo, qui est un projet de long terme, concerne les jeunes en premier lieu».

Une BD distribuée à l'extérieur des collèges.
Une BD distribuée à l'extérieur des collèges. © Radio France - Eodra, droits réservés.

Seulement le débat se fera à l'extérieur devant les grilles des établissements et pas à l’intérieur comme le souhaitaient les opposants au projet de «poubelle nucléaire» de la France comme aiment à le rappeler les militants écolos sur le terrain.

Le recteur de l’académie de Nancy-Metz, Jean-Marc Huart, a refusé toute distribution dans les collèges et lycées lorrains en précisant simplement dans un courrier adressé à l’association des élus locaux diffuseur de l’ouvrage : «Le projet Cigéo (centre industriel de stockage géologique) est parfaitement conforme aux réglementations actuelles. En conséquence, cette distribution ne peut pas passer par le cadre scolaire».

La distribution de document en classe, c’est la liberté pédagogique des enseignants

Pour les opposants au site qui voient les «plaquettes» d’information de l’Andra se multiplier depuis dix ans, il est légitime que les collégiens et lycéens aient les deux points de vue et «puissent se former une opinion en citoyen éclairé». La réponse du recteur est vue comme un «refus politique» selon l’un des porte-paroles de l’association des élus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure qui précise que le recteur n’a même pas souhaiter recevoir l’association pour discuter de cet ouvrage et d’un partenariat. 

Pour Thierry Dickelé, directeur académique des services de l'Education nationale de la Meuse, «à l’extérieur de l’établissement, la distribution peut se faire et si des enseignants veulent s’appuyer dessus comme support pédagogique, il n’y a pas de difficulté». Et l’inspecteur d'académie d’ajouter «concernant la distribution de documents en classe, c’est la liberté pédagogique des enseignants».

La deuxième BD sur Bure

Une bande dessinée imprimée à Nancy a coûté plus de 24.000 euros, financée par les dons et les mécènes dont France libertés, la Fondation Danielle Mitterrand ou le Réseau sortir du nucléaire, et sera donnée aux collégiens et lycéens à hauteur de 30 000 exemplaires. Les quelques 10 000 exemplaires restants seront mis en vente au prix de 5 euros.

Si la distribution de Panique à Bure, une autre information pour le monde scolaire signé Péhel se fera à l’extérieur, les enseignants peuvent se servir de cet ouvrage pour lancer en classe le débat de société sur l’enfouissement des déchets radioactifs de l’ensemble du parc français des usines nucléaires. 

Une BD pour poser le débat sur l'enfouissement.
Une BD pour poser le débat sur l'enfouissement. © Radio France - Eodra. Droits réservés.

C'est la deuxième bande dessinée sur le site de Bure après la parution en 2020 de Cent mille ans. Bure ou le scandale enfoui des déchets nucléaires publiée par les journalistes Pierre Bonneau et Gaspard d'Allens.

Un débat qui pourrait s’installer pour plusieurs générations, le stockage en profondeur et le défilé des camions de terre et des convois radioactifs devrait prendre plus de 120 ans même si la récupérabilité des premiers colis entreposés sera beaucoup plus courte.

Une bande dessinée tirée à 40 000 exemplaires.
Une bande dessinée tirée à 40 000 exemplaires. © Radio France - Eodra. Droits réservés.

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