Présidentielle : Bure et les déchets nucléaires, tabou radioactif de la campagne
OÙ VA LA FRANCE ? Ces prochains mois, la construction de la plus grande poubelle atomique d’Europe, dans la Meuse, franchira de nouvelles étapes. Depuis trente ans que le projet est lancé, à grand renfort de millions d’euros pour ce territoire, une minorité résiste. Beaucoup d’autres subissent. Ici le nucléaire, thème de campagne, est aussi un enjeu local.
La nuit n’est jamais complète, à Bure. Du crépuscule à l’aube, des lampadaires enveloppent d’un halo blanc les trottoirs et les champs de ce morceau de désert français. Éclairer la campagne n’est pas banal, pas plus que ne le sont le raccordement à la fibre, l’aire de jeu, l’épicerie, l’hôtel, le restaurant, qui ont poussé dans ce village de soixante-sept électeurs, à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne. Depuis peu, un écran LED donne l’heure et la température, entre la mairie et le monument aux morts. N’en jetez plus ! « C’est New York, ici ! » ricanent les mauvaises langues.
Un détail fait tache, cependant. Presque tous les panneaux de direction sont tagués. « Nucléaire dehors ». Le laboratoire de l’Andra, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, s’est installé à la sortie du village. Des dizaines d’hectares cernés de palissades, gardiennés jour et nuit. On y prépare le projet du siècle.