Smartphones, montres connectées, machines à laver... Le monde croule sous les déchets électriques et électroniques. À tel point qu'en 2021, ces derniers devraient peser plus lourd que la Grande Muraille de Chine, soit l'objet artificiel le plus lourd de la Terre. Un signal puissant qui invite les pays du monde entier à mettre en place des filières de recyclage solides.
C’est une montagne de déchets électroniques dangereux que nous alimentons chaque jour. Selon le dernier rapport du WEE Forum, les déchets d’équipements électroniques et électriques (DEEE) devraient peser plus de 57,4 millions de tonnes cette année, soit plus que le poids de la Grande Muraille de Chine. Un chiffre qui a explosé de 21 % depuis 2014. 


"La production mondiale de déchets électroniques augmente chaque année de 2 millions de tonnes, soit environ 3 à 4 %. Un problème attribué à des taux de consommation plus élevés d’électronique, des cycles de vie des produits plus courts et des options de réparation limitées", expliquent les experts. Ainsi chaque année, des téléphones portables, téléviseurs, machines à laver, etc., sont jetés et non recyclés. En France, chaque habitant génère en moyenne entre 14 et 24 kg de déchets électroniques par an selon la startup Zack qui a pour mission de leur donner une seconde vie. 

"Tsunami de déchets électroniques"


Dans l’Hexagone, comme dans le reste du monde, peu de ces déchets sont recyclés. Au total, seulement 17,4 % sont dirigés vers des centres de gestion et de recyclage. "Une tonne de téléphones portables mis au rebut est plus riche en or qu’une tonne de minerai d’or brut", a déclaré le Dr Ruediger Kuehr, directeur du programme Cycles durables (SCYCLE) de l’ONU, dans un communiqué. "Intégrés dans 1 million de téléphones portables, par exemple, se trouvent 24 kg d’or, 16 000 kg de cuivre, 350 kg d’argent et 14 kg de palladium, des ressources qui pourraient être récupérées et réintroduites dans le cycle de production. Et si nous ne parvenons pas à recycler ces matériaux, de nouvelles fournitures doivent être extraites, ce qui nuit à l’environnement."


Le monde consomme de plus en plus ces minerais dont l’extraction est ultra-énergivore et, dans la majorité des cas, viole les droits humains. Non pris en charge, les matériels électroniques sont généralement envoyés dans des pays en développement où des travailleurs informels, dont des enfants, récupèrent les matériaux précieux dans ces déchets comme du cuivre ou de l’or. Un véritable désastre pour l’Organisation mondiale de la santé qui pointe leur exposition à plus de 1 000 substances extrêmement nocives comme le plomb, le mercure ou le nickel. 

Indice de durabilité 


"Les volumes de production et d’élimination des équipements ne cessant d’augmenter, le monde est confronté à ce qu’un récent forum international a qualifié de "tsunami de déchets électroniques" en progression constante, mettant en danger la santé et des vies humaines", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. "Tant que les citoyens ne rendront pas leur matériel usagé et cassé, ne le vendront pas ou ne le donneront pas, nous devrons continuer à extraire de tous nouveaux matériaux causant de grands dommages à l’environnement", a expliqué Pascal Leroy, responsable du WEE Forum, dans un communiqué. 


Pour mieux guider les consommateurs et pousser les producteurs vers un modèle plus durable, la France a mis en place un indice de réparabilité. Une première étape avant le développement d’un indice de durabilité, beaucoup plus complet, d’ici 2024. Certains industriels et entrepreneurs se mettent eux aussi en ordre de marche. La startup française Back Market par exemple, spécialiste des appareils reconditionnés, est entrée récemment dans le club très fermé des licornes, ces entreprises qui ont dépassé le seuil du milliard de dollars de valorisation. Preuve du succès de ce marché encore en construction.  
Marina Fabre, @fabre_marina 
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