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Gratuité des cours de musique

«Nous n'avons jamais connu une telle hausse d'inscriptions»

A partir de cette rentrée, plus besoin de payer des frais pour s'inscrire dans une école de musique. La gratuité des cours y a fait augmenter le nombre d'inscrits.

Les frais standards au Conservatoire du Nord (CdN) pouvaient s'élever jusqu'à 1.175 euros.
Les frais standards au Conservatoire du Nord (CdN) pouvaient s'élever jusqu'à 1.175 euros. © PHOTO: Pierre Matgé

Pour cette nouvelle rentrée scolaire, les élèves et leurs parents pourront bénéficier de plusieurs mesures de gratuité. C'est le cas, notamment pour les maisons relais ou encore les repas à la cantine pendant les jours d'école, comme l'a précisé le ministre de l'Education Claude Meisch (DP) dans une interview accordée à la rédaction. Les cours de musique seront, eux aussi, gratuits. Cette nouvelle disposition n'est pas passé inaperçue.

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L'UGDA, fédération nationale de musique du Grand-Duché de Luxembourg, recense 6.616 inscrits pour la rentrée, a fait savoir la directrice de l'école Mickey Thein ce mardi matin au micro de 100.7. Cela représente 10% d'inscrits en plus par rapport à l'année dernière. Près d'un tiers des élèves inscrits dans des cours de musique au Luxembourg sont formés par l'UGDA qui compte 230 chargés de cours.

Un accès plus équitable

«J'ai moi-même été surprise en découvrant les chiffres lundi, car les inscriptions ont déjà été bouclées. Nous avons encore jamais connu une telle hausse. Je pense que c'est dû à la gratuité des cours, mais aussi grâce à la grande publicité réalisée par le ministère.» Cette mesure permet de donner «plus d'accès au cours sur l'ensemble du pays » souligne Mickey Thein. La gratuité permettra aussi un accès plus équitable: «Dans certaines communes, les frais d'inscriptions pouvaient s'élever jusqu'à 150 euros, alors que d'autres proposaient des cours presque gratuits.»

A l'école de musique de Differdange, les élèves devaient débourser 30 euros pour la formation musicale. Le directeur Rudi De Bouw constate, avec la gratuité, 5% de demandes d'inscriptions en plus par rapport à l'année dernière. «Nous avons surtout plus d'élèves pour l'éveil musical, avec près de 50 jeunes supplémentaires. Mais nous avons plus ou moins le même nombre d'inscrits, nous ne pouvons pas pousser les murs. Il faut dire que nous faisions partie des écoles avec un tarif très abordable», fait remarquer le responsable.

Selon nos informations que la gratuité est à l'origine de 120 inscriptions

Adrien Théato, directeur du CDN

Avec la gratuité des cours, les demandes d'inscription ont aussi été étudiées de plus près, explique Rudi De Brouw: «L'inscription ne s'est pas faite seulement en ligne pour les nouveaux élèves, mais il y a eu des rendez-vous avec les parents». Ces échanges visent à vérifier la motivation de l'enfant, voir s'il est réellement disponible ou pris déjà par d'autres activités, s'il bénéficie déjà d'un «background musical».

Le Conservatoire du Nord (CdN) faisait jusqu'à présent partie des écoles de musique les plus chères du Luxembourg. Les frais standards pouvaient ainsi varier entre 340 à 1.175 euros. Le montant le plus élevé s'appliquait aux élèves qui ne résidaient pas dans une commune partenaire du CdN. 1.550 élèves y sont inscrits pour cette nouvelle rentrée, soit 150 de plus que l'année dernière. «Parmi ces élèves supplémentaires, selon nos informations, la gratuité est à l'origine de 120 inscriptions», indique le directeur Adrien Théato. Ce dernier note que la liste d'attente est aussi plus longue que les années précédentes.

Une loi avec quelques défauts

Le directeur juge cette mesure comme «positive». Selon lui, il s'agit d'une «chance» de pouvoir accueillir davantage de personnes et notamment des familles défavorisées. Mais la gratuité peut aussi comporter certains «risques» fait remarquer Adrien Théato: «Des parents pourraient s'imaginer que l'école de musique ou le conservatoire sont une forme de crèche. Il faudra attendre d'ici deux ans pour voir si cette peur est justifiée. S'il n'y avait pas la gratuité, la mise en place d'un montant minimal n'aurait pas nui et aurait permis d'éviter cette crainte.»

Mais la gratuité a aussi un coût pour le budget du conservatoire, qui ne perçoit plus les frais d'inscriptions des élèves. Pour le CdN, cela équivaut à près de 400.000 euros de recettes en moins. Si l'Etat prévoit toutefois de compenser ces pertes en donnant des subventions aux écoles de musique, ce système est loin d'être parfait, juge Adrien Théato: «Nous ne pouvons voir cette subvention que de manière hypothétique, car nous la recevrons uniquement si l'élève termine son année, alors que nous devons payer l'enseignant tout au long de l'année. Si, par exemple, un élève arrête ses cours en avril, aucune subvention ne nous sera versée.»

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