#jourdaprès : comment concilier économies et distanciation sociale ?

#jourdaprès : comment concilier économies et distanciation sociale ?

NB : cet article s'inscrit dans le cadre d'une série qui cherche à identifier des tendances crédibles et actionnables de sortie de confinement. N'hésitez pas à me suivre (en haut à droite). la présentation de la démarche et la liste des articles est ici

S'il existe un impact observable du Covid19 pour une grande partie des entreprises, c'est bien qu'elles doivent mettre en oeuvre des stratégies de travail à distance. Et ici comme ailleurs, de nombreux diseurs de vérités sont apparus notamment pour arguer que plus rien ne serait comme avant, que tout le monde allait télé-travailler, que c'était merveilleux et que si vous n'adhériez pas à cette idée, vous étiez has been...pire vous êtes surement un boomer..

Une expérimentation du télétravail à grande échelle…ou pas

Pour commencer, de quoi parle-t-on ? : le télétravail est une forme d'organisation du travail basée sur les technologies de l'information et de la communication (TIC) qui permet au salarié, de façon volontaire, de travailler ailleurs que dans les locaux de son employeur. Le salarié peut donc travailler soit de chez lui, soit dans un télécentre (des locaux équipés et mis à disposition des télétravailleurs de différentes entreprises et administrations). Voila la définition de service-publics.fr. les textes précisent que le recours au télétravail au sein d’une entreprise peut être régulier ou occasionnel.

De ce fait, pour la très grande majorité des personnes confinées, ce que nous vivons actuellement n'est PAS du télétravail :

Une étude Deskeo du 24 mars estime donne une estimation de 70% des français sont en télétravail et que 70% ne l’avait jamais pratiqué avant

La situation est subie et non pas choisie. Si elle a parfois été anticipée par les entreprises (ouverture de leurs SI), ce n'est pas forcement le cas des salariés qui n'auront pas pu par exemple aménager un bureau.

La situation est continue, exclusivement à domicile et sans aucune possibilité d'organiser des points d'échanges physiques avec ses collègues.

La prise en charge des enfants par les parents – ce qui n’est pas habituel – rend encore plus complexe l’organisation.

Enfin, c'est difficilement mesurable, mais nous sommes dans un contexte d'incertitude extrême et d'urgence peu favorable à l'adoption de nouveaux modes de collaborations.

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A la sortie du confinement, période éprouvante, on pourrait donc postuler d’un rejet massif du télétravail mais plusieurs éléments incitent à penser le contraire :

D'abord, la sortie du confinement ne signifiera absolument pas un retour à la normal (comme les premiers modèles le montraient très tôt https://cutt.ly/ktGhhoS ).

Le critère sanitaire sera central dans toute prise de décisions pendant quelques temps et la distanciation sociale va devenir une nouvelle religion :

  • A date, très peu de gouvernements ont pu tenir la position de la préservation économique versus les mesures sanitaires, même ceux qui ont mis en avant la stratégie d’immunité collective. Aux USA, alors même que les chiffres du chômage ont une croissance historique, D.Trump est aussi obligé de privilégier le sanitaire, au moins à court terme.
  • Même si certaines résistent, les entreprises subissent une pression populaire ainsi que des états très importantes pour privilégier également le sanitaire (par exemple Amazon)

La fin du confinement ne correspond pas à la fin de l’épidémie

  • Aucun confinement ne permettra la fin de la propagation du virus. L’objectif est plutôt de restreindre sa diffusion pour qu’elle soit compatible avec les capacités d’accueil des systèmes de santé.
  • Actuellement, les scenarios postulent des confinements (totales ou partielles) de plusieurs mois (UK), des quarantaines régulières ou le maintien de différentes mesures (Canada),
  • Seule la découverte d’un vaccin, sa production et sa distribution partout dans le monde(estimation de 18 à 24 mois) constituerait une sortie de crise durable et un allègement de la distanciation sociale

Ensuite, l'envie de télétravail était une tendance lourde et fondamentalement rien n’a changé

Le télétravail répond à des besoins de choix de vie :

  • Réduire son temps de transport imposer par des prix de l'immobilier
  • Attrait de plus en plus fort pour la province, y compris hors métropoles régionales

Ces aspirations sont considérées comme très profondes chez les générations qui arrivent sur le marché et l'étude Deskeo indique que 66 % des français pensent que le recours au travail à distance devrait se faire plus facilement et fréquemment une fois le confinement terminé.

Les contraintes techniques ont été levées

  • Même si cela s’est fait dans la douleur et avec des solutions non pérennes, dans toutes les entreprises qui auront eu recours au télétravail pendant le confinement, il ne sera plus possible de dire aux salariés qui souhaitent du télétravail que ce n’est pas possible techniquement.

Enfin, c’est une organisation bénéfique économiquement pour l’entreprise 

Une baisse des coûts immobilier liés au poste de travail

  • Le coût d’un poste de travail est estimé à 13500 €/ an en 2019 ( 40% immobilier - source Arseg) En 2018, Matthieu Wargnier (DRH Nexity) estime que 40% des postes de travail dans les bureaux classiques sont inoccupés, même en période d’affluence.
  • Des économies conséquentes sont donc envisageables, même en considérant d’autres dépenses à renforcer (prise en charge par l’employeur des forfaits internet, compétences sécurité informatique)

Une baisse des coûts de process RH

  • Elargir le recours au télétravail, c’est accroître la dimension des bassins d’emplois potentiels pour les recrutements, limiter le recours aux cabinets de recrutement, limiter la course aux salaires, disposer d'un avantage à promouvoir pour se différencier.
  • Par ailleurs, de nombreuses entreprises rapportent que le teletravail contribue à faire baisser le turn over et favorise l’engagement des collaborateurs.
  • A ce stade des scénarios économiques élaborées, il n'existe pas de raison de penser que même un éventuel chômage de masse amoindrirait sensiblement la tension sur les compétences les plus demandées

Une amélioration de la productivité

  • La hausse de la productivité est estimée entre 5% et 30% avec un absentéisme en diminution de 20% (source CGET). C’est également un mode de collaboration qui permet d’inclure facilement des TNS

Une contribution "aux missions" de l'entreprise

  • Au-delà de ces avantages « factuels » , le télétravail permet également à l’entreprise de répondre partiellement à des enjeux sur laquelle elle est de plus en plus attendue : gestion de ses salariés avec bienveillance et amélioration de leurs bien être, prise en compte de l’écologie (moins de transports),inclusion d’un plus grand nombre de personne à mobilité réduite, contribution à un rééquilibrage des territoires, etc…

Quels sont les enjeux ?

D'abord, contrairement aux incantations de coachs de transition sur réseaux sociaux par temps de confinement, tout ne sera pas télétravail (et pas pour tous), à la fois pour des questions opérationnelles mais aussi parce que l'homme est un animal social. Mais il est probable que le télétravail partiel (les français estime que la bonne durée de télétravail est de 7 jours par mois) va se développer très fortement parce que, même dans cette configuration, ces avantages sont importants et concrets.

Si le télétravail est appelé à se démocratiser , il parait plus délicat d'estimer à quelle vitesse...Il me parait fondamentale d'avoir une réflexion sectorielle pour répondre à cette question (par ex, les secteurs les plus industriels auront peut être une inertie différente)

Pour celui de l'assurance, pour lequel j'ai fait l'exercice, ma conviction est qu'il y "a urgence" pour les opérateurs à se saisir de ce sujet (notamment pour des questions économiques) non seulement pour eux même, pour l'évolution de leur offre de service mais également pour accompagner un nouveau marché

Alors êtes vous convaincu ? allez vous accélérer votre recours au télétravail ?

Laurent Grouas

Directeur Général - CEO - ETI Développement - Transformation - Performance

4y

Bonjour Frederic, Le sujet du télétravail a été posé jusqu'à présent comme une opportunité socio-économique favorable, conciliant équilibre de vie pour le salarié, marque de confiance et levier de maîtrise des coûts pour l'entreprise (m2, absentéisme...). Le confinement ne promeut pas le télétravail... il impose de faire feu de tout bois pour maintenir un niveau minimal de production afin d'éviter la chute... le télétravail n'est alors qu'un des leviers mobilisés ayant changé d'objectif premier. Le secteur de l'Assurance s'en emparera t il plus massivement après le confinement ? Probable, dès lors que les conditions techniques ont du être mises en oeuvre pour un plus grand nombre... Les salariés en auront ils envie ? Dès lors que le télétravail reviendra sur ces objectifs initiaux... et qu'il offrira aux Entreprises un vrai levier de productivité et de rebond dont nous aurons tous besoin dans les prochains mois... Le confinement aura dans tous les cas mis en exergue pour beaucoup que le télétravail, pour être efficace, ne peut se détacher du lien social et nécessite des conditions minimum préservant la concentration sur l'activité. Tout comme pour la QVT, il ne faut pas se tromper de combat. Dans QVT, le mot principal doit rester le mot "travail". Avec le Télétravail, la QVT restent donc avant tout des sujets de performance.

François Cogny

Responsable gestion Contrats & Surveillance à la MAE

4y

Complètement d’accord, le recours massif au télétravail permet à beaucoup d’entreprises d’atténuer les impacts du confinement, qui vient lui même après les grèves dans les transports : difficile d’imaginer un retour au statu quo ante pour celles qui jusqu’à présent étaient réticentes à offrir cette possibilité à leurs employés

📶 Hermann Djoumessi, MA

Social Media Mngr. | Data Analyst 📈 BIG DATA (Data Viz. / E.T.L) 📊 D.P.O. (CNIL) | A.i. | GenA.i 💻 | Coach | Content 🖋️ | 🔒 BLOCKCHAIN-WEB3.0. 💸 | SEO + SMO: Google Analytics cert. | Tableau | EXCEL l #DEFi 🚀|

4y

** Le Déconfinement ne sera pas la fin de l'épidémie comme vous dites, mais plutôt le fait que l'on aura atteint un niveau "manageable" de la maladie...qui va surement revenir sous une forme ou une autre avant de "disparaître"! - Cela va entrainer un chapelet de mesures et "contre-mesures" sanitaires, qui vont justifier le "Télé-travail" intensif, car les autorités vont limiter les regroupements de masse, à commencer par "au travail". >> Au delà il y a un avantage pour nos MEGALOPOLIS (Du Nord au Sud du globe) qui sont toutes congestionnées par le traffic automobile. Réguler et optimiser le "Flux Quotidien" des travailleurs et étudiants, devient un impératif sanitaire: C'est donc bel et bien, le début du partage du temps de travail, renforcée par un chomâge de masse, sans précédents au moins en ce siècle. - L'EFFORT DE SOLIDARITE va se poursuivre à tout les niveaux, je pense. - Même si il y aura quelques "résistances" ici où la....J'espère que l'on a passé un TOURNANT HISTORIQUE, et qu'on ne verra "plus" ces bouchons interminables dans toutes les grandes villes du monde aux même heures de "pointe" (7-9Hrs et 17-21Hrs) !! #FautPasRêver(?)

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Fanny Marcoux

Google Analytics Consultant for Ecommerces by day | Podcast Host about Coworking by night

4y

Bien résumé, merci!

Marie Helene Vial

Développement et croissance des PME

4y

Nous sommes bien d'accord : ) Nous aussi, travaillons au sujet, par une approche peut-être complémentaire ; quelques informations ici -> http://la-fti.fr/wp-content/uploads/2020/03/Pr%C3%A9sentation-QVTT.pdf

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