Dans le cadre de la 26e édition du Rendez-Vous Bi@rritz 2020, qui a lieu virtuellement du 7 au 9 septembre 2020, le CNC et TV France International ont présenté l’étude concernant les chiffres de l’export audiovisuel français pour 2019. Profession Audio|Visuel vous le résume l’étude en quatre données essentielles.

« L’étude s’appuie sur deux sources d’informations, précise d’emblée Benoît Danard, directeur des études, des statistiques et de la prospective du CNC, lors de la présentation qui s’est faite – COVID-19 oblige – virtuellement. D’une part, les chiffres de vente de programmes audiovisuels français à l’étranger, collectés par TV France international, et, d’autre part, les chiffres de préfinancements des œuvres audiovisuelles françaises, sous forme de préventes ou d’apports en coproduction des partenaires étrangers. »

1) 325,3 millions d’euros de chiffre d’affaires

C’est le troisième plus haut niveau pour les ventes à l’international depuis plus de vingt-cinq ans. « Cette année, nous démarrons avec une bonne nouvelle, puisque nous renouons avec la croissance, confirme Sarah Hemar, directrice générale de TV France International. Les coproductions, les préfinancements et les ventes sont tous en croissance. On atteint cette année 325,3 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une hausse de 18 %. Les ventes sont particulièrement en hausse, avec leur deuxième niveau le plus élevé depuis la collecte de ces chiffres. »

Outre ces ventes, ces coproductions et ces préfinancements, il faut ajouter les prestations techniques réalisées pour des partenaires étrangers ainsi que les dépenses de tournages étrangers réalisés en France. « Si on additionne ces trois sources d’informations [ventes, prestations techniques et tournages étrangers en France, NDLR], on arrive à un global de valeur de l’exportation de 450 millions d’euros, précise Benoît Danard, avec une progression importante sur dix ans, puisqu’on a doublé sa valeur, grâce à une progression très significative des tournages étrangers réalisés en France : fiction, documentaire ou animation. »

2) Une année record pour l’animation et le documentaire

L’animation, qui reste le premier genre à l’exportation, atteint en 2019 son niveau record, avec 77 millions d’euros, soit une progression de 12 %. « Cela s’explique par une grande diversité dans la production de tous types de format d’animation, du préscolaire au cartoon, avec des marques fortes reconnues à l’international, précise Sarah Hemar. Ces ventes sont régulières tout au long du cycle de production et font que la France s’impose dans le monde comme un grand pays de production d’animation. » Les États-Unis sont le premier marché de l’animation, avec 17 millions de vente en 2019, tandis que la Chine voit les ventes de programmes français multipliées par quatre en dix ans, devenant dorénavant le troisième marché pour l’animation, avec 6,3 millions d’euros

Le documentaire connaît lui aussi des ventes historiques à l’international en 2019 : il pèse 44 millions d’euros, soit une hausse de 44,1 % des ventes par rapport à 2018. Parmi les programmes qui ont connu un intérêt dans le monde, des documentaires tels que ­Pompéi renaît de ses cendres, Wonders of Men ou encore Human+. Ces chiffres expriment « un savoir-faire français dans tous les genres : histoire, découverte, science, investigation, souligne la directrice générale de TV France International. Il est intéressant de voir la diversité des acheteurs. Avec le documentaire français, nous couvrons tous les diffuseurs, qu’ils soient publics ou privés, linéaires ou pas, thématiques ou généralistes. Aujourd’hui, le documentaire français se retrouve sur tous types de plates-formes et de diffuseurs dans le monde. De nouveaux modèles économiques émergent, notamment le partage de revenus dans certains territoires en développement. » Signe de son importante croissance, le documentaire pèse désormais quelque 23 % de la valeur des exports, juste derrière la fiction (24 %).

Cette dernière est d’ailleurs en baisse de 6 %, avec une valeur de 44,6 millions d’euros. Mais il sera dit que rien n’empêchera Sarah Hemar ni Benoît Danard de continuer à positiver puisque, précise ce dernier aussitôt, « on demeure à des niveaux élevés sur la décennie ». En période de crise sanitaire, mieux vaut saluer ce qui fonctionne plutôt que d’ajouter de mauvaises nouvelles à la morosité ambiante. « Ce qui est intéressant de constater aujourd’hui, c’est que l’Europe de l’Ouest, qui était notre plus grosse région à l’exportation, est en train de perdre, à 50,6 % des ventres contre 60,3 sur la dernière décennie, surenchérit Sarah Hemar. Cela veut dire que la fiction française s’exporte dans plus de pays. C’est une bonne nouvelle. » Enfin, les formats représentent 19 millions d’euros de valeur à l’exportation, en baisse de 3 %.

Si l’on résume, l’animation représente 40 % de la valeur totale des exports, 24 % pour la fiction, 23 % pour le documentaire et 10 % pour les formats.

3) Développement des droits monde et phénomène des plates-formes

Le phénomène des plates-formes, qui fait la Une de l’actualité depuis plusieurs années, et de manière plus accrue encore depuis le confinement printanier, a évidemment un impact sur les exportations de programmes audiovisuels français. « Elles deviennent de nouveaux clients pour les exportateurs français et sont fortement demandeuses de programmes, confirme Benoît Danard. Elles sont de plus en plus nombreuses, qu’elles soient d’envergure mondiale, nationale ou régionale, qu’elles soient spécialisées ou généralistes. Il y a un foisonnement au niveau mondial de ces plates-formes. »

Une étude sur ce phénomène sera présentée ce mercredi 9 septembre, dans le cadre du Rendez-Vous Bi@rritz 2020, car les plates-formes ont une particularité, celle d’acquérir « des droits multi-territoires ou des droits monde, si bien que ces derniers ne cessent de progresser : plus de 50 % de progression l’année dernière, explique le directeur des études du CNC. En cinq ans, la valeur de ces droits monde a ainsi triplé, dont 72 % sont générés par ces plates-formes de vidéo à la demande. »

Plateformes VàD

4) Diversification géographique

L’étude met en exergue une évolution des ventes plus diversifiée : de plus en plus de nouveaux territoires achètent des programmes audiovisuels français. « Plus de la moitié de la valeur des exportations se fait hors d’Europe, ce qui n’était pas le cas il y a une dizaine d’années, relève Benoît Danard. Les exportateurs français parviennent donc à vendre des programmes dans un plus grand nombre de pays aujourd’hui qu’avant. »

Les grandes zones géographiques à l’exportation bougent néanmoins peu : l’Europe de l’Ouest concentre encore 46 % de la valeur de l’exportation l’année dernière, avec plus de 90 millions de recettes, suivie de l’Amérique du Nord, avec près de 25 millions de valeur d’exportation et enfin l’Asie-Océanie, avec 17 millions de valeur d’exportation. L’Allemagne reste le premier territoire d’exportation, comme c’est le cas depuis 2012, quand elle avait succédé à l’Italie.

« En conclusion, c’est une bonne année pour l’exportation française de programmes audiovisuels, insiste Sarah Hemar. C’est également une année où l’on voit se complexifier ce marché et le travail des exportateurs. Il y a une plus grande diversité de diffuseurs, donc plus d’opportunités de diffusion, mais cela implique aussi une accélération de la concurrence sur ces contenus, avec une recherche acharnée de programmes nouveaux et, du coup, une durée de vie des programmes qui se réduit, une péremption des catalogues plus rapide. Cela complexifie aussi le travail de fenêtrage : aujourd’hui, tout le monde veut de l’exclusivité, et même jusqu’à bloquer les droits sur d’autres canaux de diffusion. Cela demande donc un travail toujours plus fin dans la négociation de ces exportations, qui devient vraiment un sport de haute voltige pour nos exportateurs. »

Pierre GELIN-MONASTIER

Lire l’étude complète : L’exportation des programmes audiovisuels français en 2019

 



Photographie de Une – Gigantosaurus, une des animations françaises exportées à l’étranger