Depuis la crise sanitaire, la qualité de l'air s'infiltre dans les capteurs IoT

Depuis la crise sanitaire, la qualité de l'air s'infiltre dans les capteurs IoT La mesure de la qualité de l'air devient un paramètre essentiel dans le smart building, notamment auprès des entreprises qui s'appuient dessus pour préparer le retour de leurs salariés au bureau.

Dans l'IoT, une tendance s'accentue depuis le début de la crise sanitaire : avec la nécessité de mieux ventiler les locaux, la demande s'accroît pour des capteurs de mesure de la qualité de l'air. "Les solutions existent sur le marché depuis longtemps mais restaient jusqu'à présent le parent pauvre dans le bâtiment car il ne s'agit pas d'un paramètre visible. Or, avec la pandémie de coronavirus, garantir un air sain est devenu une priorité", observe Patrick Fichou, CEO de Hxperience, une start-up française qui conçoit et opère des services numériques pour les bâtiments. La demande pour ses solutions a été multipliée par dix depuis septembre 2020 et Patrick Fichou prédit une vague à venir. Un avis partagé par des fabricants comme Delta Dore, Netatmo, Enless Wireless ou encore Sharp, chez qui les capteurs de mesure de la qualité de l'air fleurissent dans les catalogues.

La plupart des clients anticipent le retour des salariés au bureau en repensant leurs salles de réunion à l'aune de ces nouveaux critères. EDF par exemple a lancé avec l'opérateur immobilier Covivio et l'incubateur Impulse Partners un challenge européen en fin d'année dernière, à lequel Hxperience a participé, pour trouver une solution innovante dans ce domaine et en équiper leurs parcs immobiliers.

Les clients sont par ailleurs en recherche d'automatismes pour associer la mesure d'un capteur avec une action dédiée. "Il faut désormais pouvoir faire en sorte qu'une action d'aération se déclenche automatiquement dès qu'un taux de CO² trop élevé est détecté", observe Patrick Fichou. Hxperience conçoit ainsi avec la société F2A une nouvelle solution de registre à débit d'air variable connecté et autonome en énergie, commercialisée en mars 2021 à un prix d'environ 300 euros, qui permettra d'ajuster le débit d'air neuf en fonction du taux de CO2 dans la pièce.

Relier l'IoT à la GTB

Pour le CEO, tout l'enjeu à venir est donc dans la connexion des appareils IoT à la GTB, le système informatique des bâtiments. Un avis partagé par EDF et Covivio : "Faire agir les capteurs avec la GTB était l'une de nos conditions pour renouveler l'air tout en limitant les consommations d'énergie", explique Philippe Boyer, directeur de l'innovation chez Covivio, qui mènera cette année une expérimentation avec Octopus Lab et Enerbrain, les deux start-up lauréates du challenge. Pour lier les objets connectés à la GTB, "l'idéal est de prévoir la connexion entre les équipements de manière virtuelle, au niveau du Building Operating System (BOS), ce qui est complexe car cela nécessite de faire collaborer de nombreuses parties prenantes dans un univers de l'immobilier très fragmenté", souligne Tanguy Quero, directeur du développement chez le fonds immobilier JLL Spark.

Pour l'ensemble des acteurs interrogés, la tendance de la qualité de l'air est bien partie pour durer. Au-delà des relevés effectués en réaction à la pandémie, les clients se soucient davantage de la qualité de vie au travail. "Le taux de CO² a un impact sur le niveau de concentration et sur la capacité à prendre des décisions, une bonne qualité de l'air va représenter un argument d'attractivité en faveur des entreprises ou des hôtels", estime Patrick Fichou, rappelant que selon les recommandations sanitaires, une salle de réunion ne doit pas excéder 1 000 ppm de CO² dans l'air. Sans oublier la demande dans les autres secteurs sur ce marché. "Le sujet autour de la qualité de l'air est poussé par les obligations légales au sein des écoles et des établissements publics", souligne Stéphane Gervais, directeur de l'innovation chez Lacroix Electronic. Netatmo et l'éditeur IoT myDevices ont déjà mis en avant les installations effectuées dans des écoles.