La lettre politique

Le terminus d'Onfray

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par Laurent Joffrin, directeur de «Libération»
publié le 20 mai 2020 à 16h52

Philosophe médiatique et furibard, Michel Onfray crée une revue qui s'appellera Front populaire. Référence à vrai dire trompeuse : rien à voir avec l'été 1936, Léon Blum ou le socialisme réformiste. «Il faut lire séparément "Front" et "populaire"», dit Onfray, ce qu'on comprend très vite.

Il s’agit en fait de réunir les «souverainistes des deux rives», lesquelles – cliché habituel – ne signifient plus rien, puisque le «binarisme» droite-gauche, pour Onfray, est artificiel. Deux gros poissons ont mordu à cet hameçon rouillé, Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers. Le premier donne un article, mais reste distant, le deuxième a l’air plus enthousiaste. But de l’opération : mettre en lumière, par un travail intellectuel, le «vrai clivage» entre élites européistes d’un côté, et peuple enraciné de l’autre, entre mondialisme sans âme d’un côté et souverainisme charnel et démocratique de l’autre, le tout assaisonné d’un proudhonisme censé montrer que l’opération reste issue de la gauche populaire.

A vrai dire cette nouveauté n'a rien de neuf. Alain de Benoist, en son temps, avait proclamé la même ambition, puis divers personnages tout aussi proches de l'extrême droite, tel Florian Philippot. Marine Le Pen avait, elle aussi, lancé des lignes dans cette direction pour pêcher au-delà de son étang. On trouve des précédents historiques dans le boulangism

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