Un prix prestigieux pour Le lièvre d’Amérique

Mireille Gagné vient de remporter un important prix littéraire grâce au roman <em>Le lièvre d’Amérique</em>, publié à La Peuplade. Il a été décerné par la Ville de Québec, de même que par le Salon international du livre de Québec.

Auteure du roman Le lièvre d’Amérique, publié à La Peuplade, Mireille Gagné n’avait jamais remporté de prix avant que la Ville de Québec et le Salon international du livre de Québec ne lui décernent le Prix de création littéraire 2021 dans la catégorie Littérature adulte. C’est donc une femme heureuse, un brin étonnée, qui a commenté cette nouvelle, lundi, lors d’une entrevue téléphonique accordée au Quotidien.


« C’est la première fois que je remporte de quoi et je suis contente que ça vienne de ma ville. Ça me fait chaud au coeur, d’autant plus que les finalistes sont d’un haut niveau. Il s’agit d’une belle journée et en plus, il fait soleil », a souligné la lauréate d’un ton enjoué. En plus de son oeuvre, le jury avait soupesé les candidatures de Thomas O. St-Pierre et Normand de Bellefeuille pour les ouvrages Absence d’explosion et Histoire du vent.

Présenté comme un conte moderne, Le lièvre d’Amérique se déroule en bonne partie à l’Isle-aux-Grues, la terre natale de l’auteure. Il montre comment une femme atteinte de workaholisme accepte de modifier son corps afin d’accroître son rendement au travail. Il semble bien loin, le temps où elle et son ami Eugène profitaient de chaque minute de liberté pour explorer l’île à leur guise.

Le désir d’écrire cette histoire teintée de réalisme magique trouve son origine dans un épisode de la vie de Mireille Gagné. À l’âge de 37 ans, elle a été aux prises avec le zona, ce qui l’avait condamnée à demeurer inactive pendant deux semaines. Des questions avaient alors émergées. Comment est-ce arrivé ? Des signes avant-coureurs ont-ils été mal décodés ? Ou carrément ignorés ?

Voyant dans cette mésaventure une leçon de vie, l’écrivaine a imaginé un roman en deux temps, un pied dans l’adolescence et l’autre à l’âge adulte. Le personnage central, Diane, vit des événements extraordinaires, souvent traumatisants, mais les lecteurs ne reçoivent pas toutes les informations à leur sujet. Ainsi doivent-ils arriver à leurs propres conclusions, un phénomène qui a nourri plusieurs échanges depuis la sortie du roman, en août 2020.

« Je l’ai écrit en enlevant des clés, un procédé propre au genre de la nouvelle, d’où je viens. Ce que j’aime, c’est que ça ouvre la porte à différentes interprétations et que toutes fonctionnent. Pour expliquer ce qui arrive à Diane, la moitié des lecteurs invoquent la maladie mentale, alors que les autres penchent pour le réalisme magique. »

Elle qui chérit ces discussions, puisqu’elles ouvrent des pistes de réflexion qui étaient restées dans son angle mort, voit dans le prix une opportunité de rejoindre d’autres personnes. C’est aussi une fabuleuse tape dans le dos, alors que se rapproche le moment où un autre chantier s’ouvrira. Une fois de plus, il s’agira d’un roman, un genre qui est devenu accessible quand ses filles ont pris de l’âge. Il lui reste davantage de temps pour la création.

« J’ai retrouvé un certain équilibre, grâce au travail à la maison, et je sens que j’ai à nouveau quelque chose à dire. Des idées commencent à émerger, tant à propos de la structure que des personnages », laisse entrevoir Mireille Gagné.