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Portrait

Christian Missirian, le moine-soldat du TUBA

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Par Léa Delpont

Publié le 10 juin 2016 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

« Quand on s'intéresse à l'innovation, au numérique et à la vie des gens, c'est naturel de s'occuper du TUBA », déclare son nouveau président, Christian Missirian. Le TUBA, pour « tube à essai » de l'urbanité, met à la disposition de près de 200 start-up le Big Data de la métropole de Lyon et de dix grandes entreprises adhérentes pour créer et tester de nouveaux services aux citoyens. Il y a quelques jours, Christian Missirian, directeur commerce de la région Auvergne-Rhône-Alpes chez EDF, a succédé à Philippe Lagrange, de Veolia, à la tête de ce lieu expérimental qui regroupe à Lyon tout l'écosystème de la ville intelligente - collectivités, chercheurs, industriels et jeunes entrepreneurs geeks.

« Christian, qui fait partie des grands employeurs de la région, a la culture du service public et de la solidarité », estime Pascal Jacquesson, directeur général de Keolis, délégataire des transports publics lyonnais. Les deux hommes comptent parmi les cofondateurs du TUBA en 2014 mais, aussi, il y a un mois, du « 107 » : un autre laboratoire d'« open innovation », dans l'entrepreneuriat social et solidaire, cette fois.

Pour Christian Missirian - soixante ans à l'état civil, dix de moins au jugé -, « tout cela s'inscrit dans la droite ligne d'une carrière guidée par l'envie d'imaginer, d'inventer ». Tête dans les épaules, léger sourire aux lèvres, il affirme « que la curiosité n'est pas une question d'âge : ça ne me passe pas » !

En 1981, au sortir de l'Ecole nationale supérieure d'électricité et de mécanique, il démarre sa carrière dans la sidérurgie au département R&D d'Usinor, dans l'Est, loin de Marseille, sa ville natale. Un baptême du feu qui forge son tempérament professionnel en acier trempé. Il entre un an plus tard chez EDF, qu'il ne quittera plus. Durant quinze ans, à la Direction des études et recherches, il s'intéresse « moins à l'électricité qu'aux bénéfices qu'elle peut apporter à ses utilisateurs ».

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Compteurs Linky et chocolat

En 2004, avec l'arrivée de Pierre Gadonneix à la présidence, il est appelé dans l'état-major comme conseiller. Ses domaines : le commerce, la distribution et, bien sûr, les activités nouvelles, son inclination naturelle - outre le chocolat noir, qui l'a aidé à gérer le stress de ces quatre années. En 2008, il retourne à l'opérationnel, à la Direction commerce en Auvergne-Rhône-Alpes (deuxième plus grosse région d'EDF et première en production). Alors que l'ouverture à la concurrence vient de s'achever, Christian Missirian est convaincu qu'il faut « s'ouvrir aux autres entreprises. Aujourd'hui, la connaissance est atomisée : il faut la fédérer. »

La connaissance, une obsession chez ce haut cadre posé, sérieux et attentif, résolument discret, redoutablement efficace. Il navigue entre érudition et nouvelles technologies, arpentant, durant ses vacances, les monastères arméniens et les grandes bibliothèques.

Persuadé de la force de l'expérimentation pour capter les aspirations des citoyens et des entreprises, il profite, en 2012, de l'installation des 170.000 premiers compteurs Linky dans l'agglomération lyonnaise, pilote sur ce programme, pour lancer Smart Electric Lyon. Le consortium réunit 21 industriels et équipementiers (Legrand, Schneider, Philips, Panasonic, Orange, SFR, etc.), unis pour faire fructifier l'avalanche d'informations fournies par ces nouveaux équipements. Un démonstrateur à grande échelle de nouvelles solutions numériques, avec une dimension technologique, sociologique, et une vocation environnementale contre le gaspillage d'énergie. Dans le même temps, ce travailleur acharné - « 12 heures par jour, 6 jours sur 7 au minimum », confie une collaboratrice - crée le concours Energie Intelligente, qui a déjà aidé cinquante start-up. « L'ampoule n'a pas été inventée par des fabricants de bougie, tacle Christian Missirian. Les ruptures viennent de l'extérieur. » Et de citer Thomas Jefferson : « Plus je travaille, plus la chance me sourit. »

Sa philosophie de l'innovation rejoint sa passion pour le jardinage. L'« Eloge de la plante », de Francis Hallé, sa bible, à la main, ce « toqué » de génétique végétale explique ce qui le rapproche du jardinier : « la capacité de se projeter à partir de simples graines; l'humilité et une forme de résilience quand la nature est contre vous et qu'il faut recommencer l'année suivante, c'est l'expérience de l'échec, dit-il, et la générosité : on innove pour les autres, de même que quand les fleurs et les légumes ont bien poussé, il ne reste plus qu'à les offrir ».

Correspondante à Lyon Léa Delpont

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