L’Agence européenne des médicaments (AEM) a confirmé, mercredi 7 avril, ce qu’avait annoncé l’un de ses experts dans la presse italienne la veille : dans certains cas – « très rares », a martelé Emer Cooke, la directrice exécutive de l’agence –, l’injection du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19 peut provoquer des caillots sanguins atypiques, associés à un niveau bas de plaquettes sanguines, susceptibles d’engager le pronostic vital. Mais « ses bénéfices restent largement supérieurs aux risques qu’il fait encourir », a-t-elle poursuivi.
Comprendre : il est plus probable de mourir du Covid-19 si vous l’attrapez que d’un caillot sanguin provoqué par l’injection d’une dose d’AstraZeneca. Mais lorsque l’on demande à l’AEM si cette conclusion est également valable pour la population des femmes de moins de 60 ans, qui sont les premières concernées par l’apparition d’effets secondaires dangereux, ses experts disent ne pas être en mesure de répondre.
L’AEM n’est pas non plus capable, à ce stade, de définir des facteurs de risques – que ce soit l’âge, le genre ou le passé médical des personnes ayant subi des événements thromboemboliques – et ne fait donc pas de recommandations spécifiques liées à l’usage du vaccin AstraZeneca. « Il est plausible que l’apparition de ces caillots après la vaccination avec AstraZeneca soit liée à une réponse immunitaire au vaccin », a commenté Emer Cooke.
Phénomènes « inquiétants » mais « rares »
Les scientifiques européens ont analysé avec la plus grande attention les soixante-deux cas de thrombose du sinus veineux cérébral et les vingt-quatre cas de thrombose de la veine splanchnique qui avaient été répertoriés au 22 mars (depuis, le nombre de cas a augmenté, mais l’AEM assure que cela ne change en rien ses conclusions) et ont causé dix-huit décès, pour une population de vingt-cinq millions de personnes vaccinées avec AstraZeneca en Europe continentale et au Royaume-Uni. Ils vont poursuivre leur évaluation.
L’AEM a d’ailleurs demandé au laboratoire anglo-suédois de mener des études complémentaires et a confié à des équipes de chercheurs de deux universités, à Rotterdam et à Utrecht (Pays-Bas), le soin d’explorer plus avant le sujet.
« Le recours au vaccin pour les campagnes de vaccination doit également être analysé au regard de la situation pandémique et des autres vaccins dont disposent » les pays, a par ailleurs jugé utile de préciser l’AEM. Alors que les variants se propagent à grande vitesse et que les Européens n’ont pas encore suffisamment de doses pour vacciner leurs citoyens à tour de bras, il n’est, en tout cas, pas question de se priver d’AstraZeneca. « Le Covid-19 fait des milliers de morts chaque jour en Europe », a répété Emer Cooke.
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