Gap a
annoncé en visio-conférence à ses salariés mardi 20 octobre qu'il comptait
quitter l'Europe : 22 magasins en France et 500 salariés. C'est la
démonstration des difficultés du secteur de l'habillement plus globalement. Et
malheureusement, les exemples ne manquent pas.
Depuis
quelques mois, les enseignes de l'habillement annoncent des redressements
judiciaires, des changements d'actionnaires, des procédures de sauvegarde... Camaïeu, La Halle, André, Un Jour Ailleurs, Célio, Orchestra, Naf Naf, Absorba... Maintenant
Gap. Des noms qui font partie de notre quotidien de consommateurs et qui
baissent le rideau. 650 boutiques ont fermé depuis le début de l'année. Le
secteur qui emploie 180.000 salariés dans le pays a perdu 4.000 emplois.
Ce sont des
marques qui étaient fragiles, malades, qui croulaient souvent sous une dette abyssale. Le confinement - qui est le symptôme de la crise pour ces magasins -
les a achevés.
On met beaucoup moins les pieds dans les magasins. Les gestes barrières pénalisent beaucoup ce type d'enseignes. Au moment du déconfinement, les magasins de vêtements faisaient partie des rares commerces de proximité qui n'avaient pas vraiment rebondi.
On passe en moyenne 1/4 d'heure dans une boutique d'habillement. Faire la queue
sur le trottoir, essayer en cabine, flâner dans les rayons, c'est devenu
compliqué : le lèche-vitrine, c'est difficile avec un masque. Résultat : une
fréquentation en chute libre : 17% de clients en moins depuis le début de
l'année... 24,4% d'activité en moins dans les magasins de centres commerciaux
selon l'Alliance du Commerce. Et une baisse de 7% encore des ventes en
septembre par rapport à l'année dernière.
Il y a aussi
un changement de comportement du consommateur. En fait, le virus sommeille dans
le secteur de l'habillement depuis 2013 et l'effondrement du Rana Plaza, ce
bâtiment de neuf étages au Bangladesh où 1.138 ouvriers qui travaillaient pour
toutes les grandes marques mondiales de prêt-à-porter sont morts. Les
consommateurs des pays développés ont pris conscience de ce que signifiait leur
frénésie de consommation de vêtements à petits prix.
L'habillement
est devenu le symbole de ce que la mondialisation produisait de pire. Des morts
à l'autre bout du monde pour alimenter notre superflu.
Mais les
comportements ont-ils réellement changé du côté des consommateurs ? Le coronavirus
a, une nouvelle fois, accéléré la mutation. Il y a quelques semaines, le Prix
des Pros a récompensé un jeune homme, Davy Dao, qui fabrique, dans les Vosges,
des jeans avec du lin cultivé dans le Nord... Une petite production locale qui
en dit long sur l'envie de rapprocher la production de vêtements de nous.
Puis
surtout, on achète moins de vêtements et ils ont plusieurs vies. Le site Vinted
qui propose des achats entre particuliers de produits d'occasion est devenu, en
août, le 3e site de e-commerce en France. Tous les acteurs de la grande
distribution se mettent à la vente de produits d'occasion : Leclerc, Carrefour, Auchan, Système U, Ikea. Les achats de produits de luxe d'occasion devraient
être multipliés par 2 dans les 5 ans qui viennent.
On ne parle
pas que d'une mode de bobos... Il y a évidemment encore des gens qui
recherchent des petits prix mais les habitudes changent. On peut trouver des
petits prix dans des produits d'occasion qui évitent de surconsommer. C'est
vertueux mais ça va clairement à l'encontre de tout le modèle économique des
magasins d'habillement.
On frôle les 100 milliards d'épargne accumulés depuis janvier et on met l'argent sur le livret A (25,76 milliards d'euros). Les Français n'ont jamais autant mis d'argent sur ce type de compte en 9 mois.
Une note d'encouragement. Comme on pouvait s'y attendre, les comptes de l'Unedic tombent dans le rouge. L'organisme prévoit d'indemniser 420.000 chômeurs de plus que l'an dernier. Le déficit devrait avoisiner les 19 milliards, ce qui est faramineux ! Mais, c'est un peu moins que prévu. Cet été, on s'attendait à une perte de 25,7 milliards. On a rebondi un peu mieux qu'attendu après le confinement.
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