Trois journées à l’épreuve des réseaux et du repli social

Ces 6, 7 et 8 février sont les journées mondiales sans portable. à l’heure où les liens sociaux
se trouvent broyés
par la crise sanitaire, la question méritait que l’on s’y attarde. Posez
votre smartphone,
on va vous expliquer.

06/02/2021 | 07h40

Le 6 février, on fête les Gaston. Et vous le savez peut-être encore moins mais cette date correspond depuis 2001 à la journée mondiale sans téléphone. Ce rendez-vous très sérieux a été imaginé par l’écrivain de polars français Phil Marso en hommage à la chanson de Nino Ferrer, Gaston y’a le telefon qui son. Son but : faire réfléchir le grand public à l’usage qu’il fait des portables. Et comme ces derniers, devenus smartphone (YouTube, Facebook, TikTok n’existaient pas à l’époque...), le rendez-vous a grandi et s’étale désormais sur trois journées.

Voilà pour le contexte. Mais sur le fond ? à quoi bon ? Lors de la première édition de cette journée, son instigateur s’était fait piéger dans l’émission « On a tout essayé » avec un portable à la main. Vingt ans plus tard, quelle ironie, c’est avec un hashtag #Journéemondialesanstéléphone que le rendez-vous se répand sur nos téléphones. Ou l’histoire du serpent qui se mord la queue...

Nomophobie

Cette journée est pourtant l’occasion de nous rappeler quelques vérités, nous qui passons une grande partie de nos journées tête baissée et yeux rivés sur ce précieux objet qui nous met en réseaux.

La sécurité routière, par exemple, l’a bien compris en surfant sur la thématique et martelant qu’au volant, la journée sans portable, c’est tout le temps. 38% des conducteurs regardent leur smartphone lorsqu’il émet un son. 67% chez les moins de 35 ans. L’usage du téléphone en conduisant multiplie pourtant par trois le risque d’accident.

Cette addiction lorsqu’elle est sévère, porte un nom. La nomophobie, contraction de « no mobile phone » et de « phobie ». Elle désigne la peur ou l’inquiétude ressentie à l’idée de se trouver sans téléphone mobile ou d’être dans l’impossibilité de s’en servir.

Quelques chiffres pointés par une étude commandée par l’opérateur Bouygues Télécom, en 2018, année où le terme « nomophobie » fut consacré par le Cambridge dictionary, révèle l’étendue du problème : un Français sur deux n’éteint jamais son portable ; les Français s’y connectent 1h30 par jour en moyenne et près du double pour les moins de 25 ans.

La nomophobie qui frappe d’abord les plus jeunes, fragilise la santé physique et mentale selon une étude de l’Université de Melbourne. Angoisse, anxiété, impossibilité à se réguler sont les symptômes de comportements qui peuvent amener à la dépression. Des chercheurs de l’Iowa ont d’ailleurs mis au point un questionnaire pour évaluer sa dépendance. Pour s’en prémunir, les conseils fleurissent : couper ses notifications, l’éteindre régulièrement et le plus efficace, multiplier les activités et relations sociales.

C’est cela aussi qu’il faudra s’attacher à reconstruire dans le monde de demain.