Economie

La pénurie des produits de base continue et fait flamber les prix

La pénurie des produits de base continue et fait flamber les prix

La disparition de certains produits de base accroît les difficultés des Tunisiens qui souffrent de l’inflation aggravée par les dépenses occasionnées par l’été qui stimulent davantage la consommation. Les produits de base, notamment le sucre et l’huile, sont de plus en plus rares depuis des mois, sous l’effet de la consommation des ménages et de la demande touristique.

D’autre part, le déni officiel de l’existence d’une réelle pénurie de produits de base se poursuit, et les autorités continuent de tenir les spéculateurs et certains commerçants pour responsables de la disparition des produits de base du marché, tout en accusant les réseaux de distribution alimentaire de manipuler les moyens de subsistance des Tunisiens.

Entre temps, des rapports ont mis en garde contre les dangers la guerre russo-ukrainienne et ses répercussions à moyen terme sur l’approvisionnement mondial en produits de base qui sont devenus peu accessibles aux classes faibles et moyennes.

Le manque d’approvisionnement en produits de base affecte directement les dépenses familiales qui augmentent du fait de la prise en charge du coût des produits non subventionnés. D’autre part, les petits artisans et professionnels consommateurs de sucre et d’huile recourent au marché noir pour s’approvisionner.

Des sources bien informées expliquent la crise du sucre par plusieurs raisons dont principalement l’obsolescence des unités de fabrication de sucre gouvernementales, qui garantit annuellement entre 150 et 180 mille tonnes sur une consommation totale estimée à 360 mille tonnes. Ces sources confirment que le dernier renouvellement des équipements remonte au début des années 1990, considérant que l’obsolescence des équipements a affecté la capacité de production et à répondre aux besoins du marché local.

Plusieurs professionnels et commerçants soulignent aussi que la Tunisie est un important importateur de sucre du Brésil qui oriente une partie de sa production de canne à sucre vers l’industrie des biocarburants lorsque les prix du pétrole augmentent, ce qui affecte directement l’abondance du sucre sur le marché mondial et augmente ses prix.

Les données disponibles révèlent que l’artisanat, les petites professions et les familles consomment environ 180 000 tonnes de sucre par an, tandis que les 50% restants sont destinés à la production industrielle, tout en soulignant que les familles, l’artisanat et les professions libérales sont les plus touchés par la crise d’approvisionnement.

Les autorités officielles nient l’existence d’une crise résultant de la faiblesse des stocks stratégiques de produits de base ou de l’impact de la crise des finances publiques sur la sécurisation des importations alimentaires et énergétiques, qui pourrait coûter au budget des dépenses supplémentaires qui s’ajouteront à un déficit d’environ 9 milliards dinars dans le budget de l’année en cours.

Les acteurs économiques ont expliqué la crise de la disparition des produits de base, par la désintégration des systèmes alimentaires au cours des dernières années et l’absence de politiques gouvernementales pour soutenir la production et atteindre la sécurité alimentaire, en plus de l’impact de la crise des finances publiques sur les établissements publics chargés d’acheter les produits de base, dont le blé, l’énergie et les médicaments, sachant que la Tunisie importe 84% du blé tendre.

Le président Kais Saied a annoncé des mesures exceptionnelles contre la spéculation et les réseaux de contrebande et a promis de réduire les prix.

Après le 25 juillet, une bataille acharnée s’est intensifiée entre les autorités et les cartels des spéculateurs, qui sont entrés dans une confrontation avec le président Kais Saied, en raison de sa déclaration de ce qu’il a décrit comme une « guerre contre les monopoles et les spéculateurs », dans le but de protéger les moyens de subsistance des citoyens contre les prix record sur lesquels vivent les Tunisiens.

Fin juin dernier, la Banque mondiale a débloqué 130 millions de dollars de financement à la Tunisie, afin d’aider le pays à faire face aux coûts d’approvisionnement alimentaire et d’atténuer les effets de la guerre russo-ukrainienne sur le budget des subventions et les coûts d’importation de blé, notamment pour le pain.

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