Projet de réintroduction de la Saxifrage oeil-de-bouc (Saxifrage hirculus)
Après plus de 10 ans de travail de recherche et d'expérimentation ex situ, le Conservatoire botanique national de Franche-Comté–Observatoire régional des Invertébrés (CBNFC-ORI) lance en 2017 un vaste projet de réintroduction de la Saxifrage oeil-de-bouc, en danger critique d’extinction et dont la dernière station française connue se trouvait dans le Doubs.
Projet inédit en France par son envergure, il prévoit la réintroduction de plus de 10 000 individus, de 2017 à 2027.
Nous vous proposons de suivre avec nous grandes étapes de cette aventure via nos newsletter d'étapes...
Juin 2017 : Le compte à rebours est lancé !
De la préparation minutieuse, au grand jour...
Après 10 ans de tests de culture en jardins botaniques (Besançon, Nancy, Mulhouse et Lausanne), les plants en conservation ont été transférés au jardin de curé de la Rivière-Drugeon, pour qu'ils puissent doucement s'acclimater aux conditions extérieures du Haut-Doubs. Les premiers saxifrages étaient enfin prêts à être replantés...
Cette première expérience a été menée par deux botanistes du CBNFC-ORI, Olivier Billant et Julien Guyonneau et Cédric Bouvier, l'un des jardiniers du jardin botanique de l'Université de Franche-Comté et de la Ville de Besançon, sur 2 sites dans le Doubs et le Jura.
Repérer et marquer chaque plants
Délicatement plantés un à un, les pieds de saxifrages sont ensuite très précisément géolocalisés à l’aide d’un tachéomètre afin d’être facilement repérables lors des suivis à venir. Les botanistes relèvent alors l’état de santé des plants et différents paramètres de terrain pour évaluer les meilleures conditions de reprise et leur croissance.
EN IMAGES !
En 2021, l'Est Républicain qui nous accompagnait sur le terrain, pour lancer la saison de plantion annuelle !
En 2020, France 3 consacre un nouveau reportage à notre projet de réintroduction.
Découvrez le reportage France 3 région
En 2023, sur France 3 Franche-Comté, le magazine d'investigation "Enquêtes de région" est parti à la rencontre de la biodiversité de Bourgogne-Franche-Comté et plus particulièrement de celle des tourbières !
Nous y avons accompagné la journaliste Marie Jolly pour lui parler de la flore menacée de ces milieux si fragiles et de notre programme de réintroduction autour de la saxifrage oeil-de-bouc...
Reportage audio 'En immersion' !
l'émission radio 'Les Idées Vertes' de Radio Campus Besançon a consacré en 2021, un dossier à notre projet de plantation de Saxifrage oeil-de-bouc ! Guidée par Julien Guyonneau, botaniste et phytosociologue au Conservatoire Botanique National de Franche-Comté – Observatoire régional des invertébrés, l'animatrice suit notre équipe dans les différentes phases du projet de plantation, de l'inventaire des plants à l’Orangerie Municipale de Besançon, juqu'aux sites de réintroduction...
Pendant 25 minutes, vous allez être immergés et suivre les étapes de réimplantation de cette espèce en voie de disparition.
A découvrir aussi : chacune des étapes de cette campagne de réintroduction avec ce reportage photo, réalisé au printemps 2019 ! >> Découvrir
Après la plantion, le suivi !
Des perspectives encourageantes...
Chaque année, la rosette centrale de la plante meurt et laisse autour d'elles plusieurs stolons qui, à l'instar des fraisiers par exemple, irons s'enraciner plus loin pour donner de nouvelles plantes l'année suivante.
Le suivi des plants est réalisé à plusieurs moments après la plantation : à court terme après un mois, puis juste avant ou après l’hiver suivant la saison de plantation. Ensuite, sur le long terme, les plants sont revus une fois par an pendant la floraison.
Les premiers résultats sont plutôt prometteurs : dès les premières phases de réintroduction (après quatre à six mois de plantation), les taux de survie sont évalués à près de 100% sur les deux premiers sites tests en 2017 et globalement sur les cinq sites concernés en 2018.
Arrivé à mi-parcours, l'heure est au bilan intermédiaire de ce projet de réintroduction de grande envergure. Et force est de constater que la saxifrage s'étend. Avec plus de 5 000 individus plantés répartis sur 5 sites différents, le taux de survie global de 89 % offre de belles perspectives pour la suite de ce projet !
Quelques indicateurs biologiques, comme le taux de floraison, le taux de fructification et le taux de multiplication végétative, montrent une installation encourageante de ces plants. Des fruits ont été en partie prélevés pour conforter le stock de graines de la dernière population et pour évaluer le taux de germination afin de connaître la capacité de reproduction sexuée de ces populations.
... mais à relativiser
Le site de la dernière population naturelle constitue une exception et les résultats conduisent à relativiser cette réussite. Ce site, le plus bas en altitude des sites concernés, a véritablement souffert d’un printemps très pluvieux suivi brutalement d’une sécheresse estivale combinée à des températures extrêmement élevées pour la région.
Certains plants installés à des niveaux topographiques trop bas se sont trouvés inondés durant leur phase de croissance aux mois de mai et juin et d’autres plants ont été désséchés sous une forte insolation et ce malgré des compléments d’arrosage.
Enfin, quelques plants introduits en 2017 ont également souffert de la fréquentation du site par un blaireau qui les a déchaussés. Le taux de survie atteint alors pour ces plants seulement 40%.
Premières conclusions
Ces résultats sont globalement encourageants car ils montrent que les sites de réintroduction présentent effectivement des conditions encore favorables à l’espèce à court terme (cela va de pair avec la restauration hydrologique des tourbières qui permet de garantir une amélioration de la résilience hydrologique des sites perturbés). Mais le suivi des plants du dernier refuge de France de cette espèce est plus décevant et montre que la conservation de cette population naturelle n’est absolument pas acquise. Il est probable que la réduction de la population et donc l’appauvrissement génétique qui lui est propre ne lui permette plus d’être en mesure de supporter des aléas climatiques exceptionnels et qui deviennent de plus en plus fréquents. Son suivi montre un déclin très marqué de ses effectifs depuis trois ans.
Dans le cadre du projet de renforcement, le renouvellement et la diversification des opérations de plantation sur une longue période (initialement prévu pour cinq ans) devrait permettre d’assurer au mieux le succès de l’opération. C’est dans cette dynamique que le projet se poursuit aujourd’hui dans de nouveaux sites!
Outils d'information et de sensibilisation
Posters de sensibilisation
Afin de valoriser ce trésor du patrimoine naturel local et d’informer les habitants et touristes des communes concernées de la présence de cette espèce fragile, deux posters ont été réalisés afin de présenter la plante et son milieu naturel.
Ces posters ont été diffusés auprès des différentes mairies et lieux d'accueil des communes (écoles, bibliothèques, mairies...) de présence de l'espèce.
Si vous souhaitez recevoir un exemplaire de ces posters, n'hésitez pas à nous contacter.
Evénements : Fin des plantations sur les premiers sites de réintroduction
En 2022, après 5 années de plantation sur les premiers sites sélectionnés, il était désormais temps pour notre Conservatoire botanique national de laisser la saxifrage s’épanouir naturellement. Ces premiers sites témoignent du succès de l'exéprience, avec des taux de survie en 2021 atteignant plus de 90 %.
A l’occasion des dernières sessions de plantation de saxifrages œil-de-bouc sur les sites des tourbières de Malpas et des Rousses, et pour marquer la fin de cette importante phase du programme de réintroduction, le Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés a souhaité organiser, en juin 2022, deux temps symboliques en collaboration avec les Communes et les acteurs locaux des sites concernés.
Participation aux Convergences botaniques 2023
Les 7 et 8 octobre, à Montpellier, se tenaient les 4èmes Convergences botaniques. Des rencontres scientifiques organisées par la Société botanique d’Occitanie où se sont réunis plus de 350 botanistes pour partager leurs travaux et échanger autour des enjeux actuels liés aux sciences du végétal.
Notre équipe a eu l'occasion d'y présenter son projet de réintroduction de la saxifrage oeil-de-bouc, lors d'une communication scientifique.
Voir le replay de la communication
Partenaires techniques
Le Jardin botanique de l'Université de Franche-Comté et de la Ville de Besançon,
le Conservatoire botanique d’Alsace, les Jardins botaniques du Grand Nancy et de l’Université de Lorraine, l’Association culturelle de La Rivière-Drugeon, le Jardin botanique de Lausanne, l'EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue et le Parc naturel regional du Haut-Jura.
Partenaires
