Communiqué de presse | 30 Mar, 2020

Les efforts de conservation apportent une lueur d’espoir pour les rhinocéros africains - Liste rouge de l’UICN

Gland, Suisse, 19 mars 2020 (UICN) : Le Rhinocéros noir d’Afrique reste en Danger critique d’extinction, mais sa population augmente lentement, à mesure que les efforts de conservation contrecarrent la menace persistante du braconnage, selon la dernière mise à jour de la Liste rouge des espèces menacéesTM de l’UICN.

Entre 2012 et 2018, la population de Rhinocéros noirs (Diceros bicornis), dans toute l’Afrique, a augmenté à un taux annuel modeste de 2,5 %, passant d’environ 4 845 à 5 630 animaux dans la nature. Les modèles de population prédisent une nouvelle augmentation lente au cours des cinq prochaines années, selon la mise à jour publiée aujourd’hui.

La liste rouge de l’UICN compte désormais 116 177 espèces dont 31 030 sont menacées d’extinction.

« Bien que les rhinocéros d’Afrique soient toujours menacés d’extinction, la lente récupération continue des populations de rhinocéros noirs témoigne des immenses efforts déployés dans les pays où l’espèce est présente, et constitue un puissant rappel à la communauté mondiale que la conservation fonctionne. Cependant, il est évident qu’il n’y a nulle place pour la complaisance car le braconnage et le commerce illégal restent des menaces importantes », a déclaré la Dr Grethel Aguilar, Directrice générale par intérim de l’UICN. « Il est essentiel que les mesures de lutte contre le braconnage en cours et la gestion intensive et proactive des populations se poursuivent, avec le soutien des acteurs nationaux et internationaux. »

« Ces développements pour les rhinocéros africains montrent les changements susceptibles d’être obtenus grâce à une action de conservation engagée », a déclaré la Dr Jane Smart, Directrice mondiale du Groupe de conservation de la biodiversité de l’UICN. « Il est crucial que les populations locales soient de plus en plus impliquées dans les efforts de conservation et en bénéficient. Les acteurs internationaux, nationaux et locaux doivent travailler ensemble pour faire face à la crise de la biodiversité. Il sera critique que les voix de ceux qui travaillent sur le terrain pour protéger les espèces menacées telles que les rhinocéros africains soient amplifiées, dans les années à venir, à l’heure où nous établissons le programme de conservation pour la prochaine décennie. »

L’augmentation du nombre de Rhinocéros noirs est principalement dûe aux efforts continus d’application de la loi et au succès des mesures de gestion des populations, y compris le déplacement de certains rhinocéros de populations établies vers de nouveaux emplacements, afin de maintenir les populations productives et d’augmenter l’aire de répartition de l’espèce. Une sous-espèce du Rhinocéros noir, le Rhinocéros noir du Sud-Ouest (D. b. bicornis), précédemment évaluée comme Vulnérable, a connu une croissance démographique suffisante, au cours des trois dernières générations, pour être à présent classée comme Quasi menacée. Les deux autres sous-espèces survivantes, les Rhinocéros noir du Sud-Est (D. d. minor) et l’Est (D. b. michaeli), demeurent toutes deux En danger critique d’extinction, suite à d’importants déclins entre les années 1970 et le milieu des années 1990. Bien que les trois sous-espèces survivantes soient sur une lente voie de rétablissement, elles demeurent dépendantes d’efforts de conservation continus.

L’autre espèce de rhinocéros d’Afrique, le Rhinocéros blanc (Ceratotherium simum), dont les populations sont plus importantes, continue d’être classée comme Quasi menacée sur la Liste rouge de l’UICN. Les effectifs de la sous-espèce du Rhinocéros blanc du Sud (C. s. simum) ont diminué de 15 % entre 2012 et 2017, passant d’environ 21 300 à 18 000 animaux, et réduisant à néant la majeure partie de la croissance des effectifs de Rhinocéros blancs observée entre 2007 et 2012. Ce déclin récent est, en grande partie, dû aux niveaux élevés de braconnage dans le parc national du Kruger, en Afrique du Sud, qui abrite la plus grande population de Rhinocéros blanc du monde. L’autre sous-espèce de Rhinocéros blanc, le Rhinocéros blanc du Nord (C. s. cottoni), demeure En danger critique d’extinction » (possiblement Éteint à l’état sauvage). Le Rhinocéros blanc est plus vulnérable au braconnage du fait de ses plus grandes cornes et de sa préférence pour les habitats plus ouverts, le rendant plus facilement repérable que le Rhinocéros noir.

Le braconnage des rhinocéros africains pour approvisionner le commerce international illégal de cornes de rhinocéros reste la principale menace pour les deux espèces. Cependant, au cours de ces dernières années, les fortes mesures prises par les États, les propriétaires fonciers privés et les communautés de l’aire de répartition de ces animaux, ont un effet positif : les chiffres du braconnage de rhinocéros africains ont diminué au niveau continental. Après un pic en 2015, où l’on comptait un minimum de 1 349 rhinocéros victimes du braconnage, soit une moyenne de 3,7 rhinocéros abattus par jour, les chiffres ont diminué année après année. En 2018, on comptait encore un minimum de 892 rhinocéros victimes, soit environ 2,4 rhinocéros africains par jour, ou un toutes les dix heures. Les données préliminaires pour 2019 indiquent que les niveaux de braconnage continue de diminuer.

« Avec l’implication du crime transnational organisé dans le braconnage, les crimes contre les rhinocéros ne sont plus seulement des délits contre les espèces sauvages. Un certain nombre d’États de l’aire de répartition sont à  féliciter pour leurs efforts ; ils ont durcis les peines encourues, et adopté une collaboration transversale des ministères et du gouvernement dans la lutte contre le crime organisé sévissant sous couvert du braconnage. Si la réduction du braconnage se poursuit, il devrait y avoir un impact positif sur le nombre de rhinocéros. Des dépenses et des efforts continus seront nécessaires pour maintenir cette tendance », a déclaré le Dr Richard Emslie, Coordinateur de l’Autorité Liste rouge pour le Groupe de spécialistes des rhinocéros africains de la Commission pour la survie des espèces de l’UICN.

Bien que les efforts de conservation soient efficaces, les coûts liés à la sécurité des rhinocéros ont considérablement augmenté et les prix de vente d’animaux vivants ont considérablement diminué au cours de la dernière décennie, réduisant les incitations pour les propriétaires fonciers privés et les communautés à les protéger. Avec environ la moitié des Rhinocéros blancs et près de 40 % des Rhinocéros noirs aujourd’hui conservés sur des terres privées ou gérées par les communautés, la tendance croissante à considérer les rhinocéros comme un fardeau coûteux pourrait limiter ou inverser l’expansion de l’aire de répartition et des effectifs de ces espèces.

Citations des partenaires de la Liste rouge

« Nous sommes heureux d’avoir soutenu 65 % des évaluations d’espèces dans cette actualisation de la Liste rouge de l’UICN», a déclaré Masako Yamato, Directeur général de la Division des affaires environnementales de Toyota Motor Corporation. « Ces informations actualisées seront très précieuses pour l’ensemble de la société, afin d’éclairer les engagements de conservation dans le contexte du Cadre pour la biodiversité pour l’après 2020. »

« Même si les Rhinocéros noirs présentent encore un risque élevé, il est encourageant de voir que leur population commence à se rétablir », a déclaré le Dr M. Sanjayan, Directeur général de Conservation International. « Nous devons maintenant doubler le travail de conservation critique que les gouvernements et les communautés locales ont entrepris ces dernières années. Ensemble, nous pouvons arrêter la tragédie du braconnage de la faune sauvage et sauver les Rhinocéros noirs de l’extinction. »

« Protéger la précieuse biodiversité de la planète n’a jamais été aussi important. Chaque jour, les obstacles à la sauvegarde des espèces autochtones de l’extinction et à la préservation des écosystèmes augmentent », a déclaré Sean T. O’Brien, Président et Directeur général de Nature Serve, poursuivant: « Nous devons chercher des opportunités de rassembler les données, la science et la technologie pour aider à résoudre l’un des défis environnementaux les plus effrayants de notre temps, l’extinction massive d’un nombre incalculable d’espèces. »

« Le jardin botanique du Missouri est ravi de rejoindre le partenariat de la Liste rouge de l’UICN, qui nous offre une occasion sans précédent de relier nos diverses activités de conservation à cette initiative d’importance mondiale et de collaborer avec d’autres partenaires en entreprenant des évaluations et en participant à des actions coordonnées de conservation, axées spécifiquement sur les plantes en voie de disparition », a déclaré Pete Lowry, Directeur du Programme Afrique et Madagascar du Jardin botanique du Missouri.

« La récente évaluation de la Liste rouge du statut des rhinocéros révèle à quel point nous avons dû les isoler pour les conserver. Leur mouvements sont limités à des enclaves de plus en plus petites, souvent protégées par des mesures quasi militaires. Nous gérons intensivement tous les aspects de leur biologie. Dans nos efforts de rétablissement des populations, nous sommes encore loin de restaurer les rhinocéros et autres espèces sans fragmentation sociale. Notre objectif doit être de parvenir à des populations évoluant librement et largement dans des paysages entièrement restaurés », a déclaré le Dr Thomas E. Lacher Jr., Professeur d’écologie et de biologie de la conservation à l’Université A&M du Texas.

« Une leçon clé de l’amélioration progressive du statut des rhinocéros africains est que la conservation fonctionne. Nous savons ce qui doit être fait et nous devons étendre nos actions de conservation au monde entier, afin de continuer à inverser le déclin de ces espèces et autres espèces menacées », a déclaré le Dr Jon Paul Rodríguez, Président de la Commission pour la survie des espèces de l’UICN.

« Grâce aux immenses efforts et aux investissements réalisés dans la protection du Rhinocéros noir, nous assistons aujourd’hui à un rétablissement des populations. Il s’agit là d’une grande réussite, compte tenu de l’ampleur du défi. Mais les populations se situent encore à une fraction de leurs niveaux historiques. Nous devons continuer à promouvoir leur rétablissement massif, sur toute leur aire de répartition. Pour ce faire, il faudra adopter des approches novatrices en matière de croissance des effectifs, de gestion des habitats et d’implication des parties prenantes. Des outils tels que le Rhino Impact Bond (Emprunt obligataire Impact Rhinos) ont été conçus pour faciliter ce genre de croissance », a déclaré le Dr Andrew Terry, Directeur de la conservation et des politiques, ZSL.

 

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Pour plus d’informations ou pour obtenir un entretien, veuillez contacter :

Harriet Brooker, Relations médias UICN, +44 7960241862, harriet.brooker@iucn.org
Matthias Fiechter, Relations médias UICN, +41 792760185, matthias.fiechter@iucn.org

 

Notes pour les rédacteurs

Chiffres mondiaux pour la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN 2020-1 :

  • TOTAL D’ESPÈCES ÉVALUÉES = 116 177
  • (Total d’espèces menacées = 31 030)
  • Éteint = 878
  • Éteint à l’état sauvage = 75
  • En danger critique d’extinction = 6 523
  • En danger = 11 067
  • Vulnérable = 13 440
  • Quasi menacé = 6 976
  • Faible risque/dépendant de mesures de conservation = 190 (catégorie ancienne progressivement retirée de la Liste rouge)
  • Préoccupation mineure = 59 874
  • Données insuffisantes = 17 154

Les chiffres ci-dessus ne correspondent qu’aux espèces évaluées dans la Liste rouge de l’UICN jusqu’à présent. Toutes les espèces de la planète n’ont pas encore été évaluées, mais la Liste rouge trace un aperçu, un portrait utile de ce qui arrive aux espèces à l’heure actuelle et souligne le besoin urgent de prendre des mesures de conservation. Pour un grand nombre de groupes taxonomiques, il n’est pas possible d’indiquer les pourcentages relatifs d’espèces menacées car ces groupes n’ont pas été suffisamment évalués. Dans de nombreux cas, les efforts d’évaluation se sont particulièrement focalisés sur les espèces menacées ; par conséquent, le pourcentage d’espèces menacées pour ces groupes serait fortement biaisé. 

Pour les groupes qui ont été évalués de façon plus complète, le pourcentage d’espèces menacées peut être calculé, mais le nombre réel d’espèces menacées est souvent incertain car nous ignorons si les espèces classées dans la catégorie Données insuffisantes (DD) sont réellement menacées ou pas. En conséquence, les pourcentages présentés ci-dessus représentent la meilleure estimation du risque d’extinction pour les groupes qui ont été évalués de façon plus complète (à l’exclusion des espèces Éteintes), basé sur l’hypothèse que les espèces classées en Données insuffisantes sont menacées au même degré que les espèces pour lesquelles les données sont suffisantes. En d’autres termes, il s’agit d’un chiffre médian dans une fourchette allant de x% d’espèces menacées (si aucune espèce DD n’est menacée) à y% d’espèces menacées (si toutes les espèces DD sont menacées). Les données disponibles indiquent qu’il s’agit de la meilleure estimation.

Les catégories de menace de la Liste rouge de l’UICN sont les suivantes, par ordre décroissant de menace :

Éteint ou Éteint à l’état sauvage

En danger critique d’extinction, En danger et Vulnérable : espèces menacées d’extinction à l’échelle mondiale ;

Quasi menacées: espèces proches du seuil de menace ou qui seraient menacées en l’absence de mesures spécifiques de conservation en cours ;

Préoccupation mineure: espèces évaluées pour lesquelles le risque d’extinction est plus faible ;

Données insuffisantes: espèces qui ne sont pas évaluées en raison de l’insuffisance des données.

En danger critique d’extinction (peut-être éteint): il ne s’agit pas d’une nouvelle catégorie de la Liste rouge, mais d’une mention servant à désigner des espèces En danger critique d’extinction qui sont très probablement déjà éteintes mais pour lesquelles des confirmations sont nécessaires, par exemple au moyen d’études plus complètes, et ne trouvant aucun individu du taxon concerné.