20 et 21 juin 1981 : deux jours qui ont marqué l’histoire contemporaine du Maroc. À l’époque, Casablanca a connu un véritable drame à cause des tensions sociales et économiques dues à la hausse des prix de plusieurs matières premières alimentaires, notamment la farine.

Ces augmentations décidées par le gouvernement ont incité la Confédération démocratique du travail (CDT, l’un des principaux syndicats du pays) à lancer un appel à la grève. Des milliers de personnes ont répondu en sortant dans la rue. Les manifestations ont rapidement tourné à l’émeute, durement réprimée par les autorités. L’État a “fait usage de ses armes, faisant ainsi de nombreux morts”, rappelle Médias24.

Aujourd’hui, les victimes (114 selon les chiffres officiels, plus d’un millier selon les syndicats) ont enfin une sépulture. Un cimetière a été officiellement inauguré, le 5 septembre, par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), une institution officielle marocaine, en coordination avec les familles des victimes.

L’initiative “s’inscrit dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des recommandations de l’Instance équité et réconciliation (IER), qui a mené une série d’investigations sur les événements sociaux… qui lui ont permis d’élucider le sort des victimes”, précise Médias24.

Reconnaissance officielle de la responsabilité de l’État

À cette occasion, une stèle commémorative a été dévoilée ; elle porte les noms de toutes les victimes de ce que les Marocains appellent la “révolte du pain”.

Cet événement est bel et bien une reconnaissance officielle de la responsabilité de l’État dans les émeutes de juin 1981”, a déclaré Mohamed Essabar, secrétaire général du CNDH, cité par le magazine TelQuel.

TelQuel a aussi recueilli le témoignage d’Amina, qui a perdu son frère dans ces émeutes :

 
Ce geste nous a calmés (…). Mon frère a enfin un cimetière, et ces familles présentes ici sont une seule famille. Je sens que toutes ces personnes enterrées ici sont mes proches.”