Emmanuel Macron l’a encore répété aux élus de sa majorité qui étaient réunis, lundi 16 septembre, dans les jardins du ministère des relations avec le Parlement : il faut « préparer notre pays aux défis contemporains qui font peur ». Et, à écouter le président de la République depuis plusieurs semaines, l’immigration sera un des principaux enjeux de ce travail politique.
Le locataire de l’Elysée est convaincu de l’importance des sujets dits régaliens – immigration et sécurité en tête – dans l’agenda de la deuxième partie de son quinquennat. Et, donc, de la prochaine élection présidentielle. M. Macron assure en conséquence vouloir « regarder en face » ces questions et ne pas se cantonner aux seuls dossiers de la rentrée que sont les retraites, l’écologie ou la bioéthique. Au risque de froisser sa majorité, et de placer son premier ministre, Edouard Philippe, sur le reculoir.
Remonté contre les « distorsions » du droit d’asile, le chef de l’Etat a revendiqué devant les parlementaires, lundi soir, le fait d’enfourcher le sujet de l’immigration au nom des « classes populaires ». « La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n’ont pas de problèmes avec ça : ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec », a-t-il estimé. Des propos qui rejoignent ceux que le président de la République tient, en privé, depuis plusieurs semaines.
« Les bourgeois de centre-ville, eux, ils sont à l’abri ! »
« On aurait tort de considérer que parce qu’on parle de social et d’écologie, les questions régaliennes ne seraient pas une préoccupation des Français », avait déjà déclaré le chef de l’Etat, le 4 septembre, devant le gouvernement réuni en séminaire à l’Elysée.
La lutte contre la délinquance, les agressions, les cambriolages ou l’immigration illégale relèveraient même, selon lui, d’un « enjeu social » pour les quartiers défavorisés. « Les bourgeois de centre-ville, eux, ils sont à l’abri ! », a-t-il souligné devant ses ministres, appelant chacun à se défier des « bons sentiments ».
La veille, lors du dîner de la majorité, M. Macron avait déjà manifesté sa volonté de monter au créneau sur l’immigration. Un participant rapporte que le chef de l’Etat aurait notamment émis, en des termes parfois crus, son souhait d’augmenter les expulsions d’Albanais sans papiers. « Le président était très remonté ce soir-là, c’était du Sarkozy qui avait branché le Kärcher ! », témoigne cette source.
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