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Billet de blog 16 août 2020

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Sécheresse : irresponsabilité légale en Alsace

Parce qu'elle est la plus grande nappe phréatique d'Europe et estimée être une eau inépuisable, les pompages directement réalisés dans la nappe ne sont soumis à aucune restriction en Alsace !

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Dans la problématique que génère la sécheresse sur les réserves d'eau en surface et le débit des cours d'eau dont certains sont à sec plus que d'habitude, dans un phénomène chronique qui se répète depuis quelques années, l'Alsace reste une région moins impactée par rapport à d'autres départements en raison de la nappe phréatique de la Plaine du Rhin, plus grande réserve d'eau douce d'Europe.

Alors que de nombreux cours d'eau sont à sec, d'autres en situation critique, plus particulièrement dans le Bas-Rhin, que des restriction d'eau touchent les deux départements (Haut-Rhin / Bas-Rhin), comme de nombreux autres départements en France, le journal les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA), dans un article paru le 15 août « Dans le Grand Ried, une étude met l’irrigation en cause », nous apprennent que :

« L’abondance et la facilité d’accès de la nappe d’Alsace, plus grande ressource en eau souterraine européenne, ont historiquement conduit à son recours massif, pour différents usages. Mais dans un contexte de changement climatique qui voit les périodes de sécheresse se multiplier ces dernières années, la demande croissante en eau souterraine - liée en particulier à l’irrigation – soulève, pour l’avenir, l’intérêt de mettre en place une gestion de ces prélèvements. »

En clair : partant du principe que la ressource est inépuisable, les pompages directement effectués dans la nappe phréatique et autorisés en préfecture, ne sont soumis à aucune restriction

C'est invraisemblable de voir autant d'irresponsabilité de la part de la préfecture à laisser ces pratiques se dérouler et nourrit le sentiment d'un manque d'anticipation face aux enjeux climatiques.

Illustration 1
L'Audlau quasi à sec, ici sur Fegersheim (13 août 2020) © Vik Schoenfelder

L'agriculture est pointée du doigt

Dans les DNA, on évoque que le Schéma d’aménagement et gestion des eaux (Sage) et la Commission locale de l’eau (CLE) se sont saisis du sujet en 2019, notamment pour ce qui concerne la zone de Grand Ried. Mais, même si cette démarche est la bienvenue, elle est insuffisante puisqu'elle ne couvre pas l'ensemble des points de pompage des eaux souterraines de la plaine d'Alsace.

Pire, au niveau national, le ministre de l'agriculture, Julien Denormandie, maintient l'idée de construire de nouvelles retenues d'eau en France, notamment dans les départements les plus touchés par la sécheresse. « Des solutions simplistes, qui privatisent (la ressource et) aggravent la sécheresse des milieux naturels en aval » – dénonçait Arnaud ­Schwartz, le président de l'association France nature environnement (FNE) dans le JDD du 2 août 2020.

Face à l'urgence due aux sécheresses qui se répètent, les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur des enjeux qui nous conduit à une guerre de l'eau où tout le monde n'est pas sur un même niveau d'équité et ce ne sont pas les belles déclarations qu'ils font dans la presse qui va régler l'urgence. Ce sont les actes et non pas des pseudos aides et retenue d'eau qui règlent la question ! Et en Alsace, il est temps que la préfecture cesse les passe-droits et agissent dans l’intérêt commun de tous !

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Passe-droit à l'image de Vinci sur les chantiers du GCO qui a quatre forages directement dans la nappe à Duttlenheim, Stuzheim-Offenheim, Pfettisheim et Vendenheim, en plus de deux points de pompage dans le canal de la Bruche à Kolbsheim et celui de la Marne au Rhin à Vendenheim : 

Illustration 2
Le bassin de la Bruche est passée en situation de crise au 15 août 2020. Sur le chantier du GCO, la préfecture demande à Vinci de réduire de moitié ses prélèvements dans le canal de Bruche ! © GCO NON MERCI

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