Laguiole. Un devoir de mémoire pour les collégiens

  • Les élèves en cours d’histoire.
    Les élèves en cours d’histoire.
Publié le
CORRESPONDANT

En introduction à leur future séquence d’histoire et de français sur la Seconde Guerre mondiale, les élèves de 3e du collège Saint-Matthieu embarquèrent, ce jour-là, pour Auschwitz, guidés par leur enseignant d’EPS, M. Pesques, qui visita ce camp de la mort voici deux ans.

À travers son intervention illustrée de clichés personnels, les collégiens découvrirent avec effroi ce lieu terrible riche encore et à jamais de symboles au nom de la barbarie…

Malgré le ciel bleu des photos, les pelouses tristement vertes, les images qui remontent en mémoire sont bien celles de ces hommes, femmes, enfants, bébés ou vieillards déportés là, là où "Le travail rend libre" comme l’indique sournoisement l’inscription à l’entrée du camp…

Ainsi depuis l’anecdote de cette jeune juive épargnée parce qu’accueillant ses amis, ses frères, en musique à l’entrée du camp, jusqu’à celle de ce prêtre donnant sa vie contre celle d’un de ses semblables, comment ne pas rester insensible face à de telles monstruosités, en passant devant ces photographies de piles de monture de lunettes, de valises nominatives, de chaussures et autres béquilles ou jambes de bois, effets personnels, casseroles, gamelles, maquillage ?

Comment oublier le block 10 où des femmes accouchaient dans des bâtiments murés alors que des hommes, leurs amis, leurs frères se faisaient lâchement fusiller dans la cour voisine, sur la paroi mitoyenne dont les cris résonnent et encore de leurs souffrances…

À quoi bon donner la vie d’un côté du mur si c’est pour l’enlever de l’autre côté ?

Comment oublier ce couloir, véritable couloir de la mort, résonnant encore du pas puissant et saccadé des bottes ennemies, ce fleuve des Enfers, véritable Styx orné de portraits en noir et blanc, visages figés qui, jamais, ne reverraient la lumière ? Comment oublier ces grabats de paille et de sueur appelés lits ?

Ces cuvettes crasseuses nommées WC, ces chambres à gaz où l’odeur de la mort semble à jamais incrustée ici et là, partout ? Comment oublier cette voie de chemin de fer, à l’infini, cet aller sans retour, cette entrée machiavélique, ces miradors, ces barbelés encore empreints du poids de la fureur…

L’ensemble des élèves et des professeurs présents souhaitent vivement remercier M. Pesques pour son intervention riche de souvenirs et d’émotions durant laquelle les collégiens, on ne peut plus attentifs et passionnés, furent si transportés que toute prise de note parut impossible. Ils furent là, saisis, comme en arrêt sur image devant "ce génie maléfique". C’est à eux, à présent, de réfléchir sur la suite à donner à cette leçon d’Histoire puisque dès ce mois de janvier, ils recevront Pascal Croci, auteur de la BD Auschwitz qui, lui aussi, amènera son témoignage et passera le relais aux élèves.

Ces derniers, à leur tour, devront imaginer quelques planches de bandes dessinées autour de la thématique "Femmes d’engagement, engagement de femmes" d’après le concours "Bulles de mémoire" auquel ils vont participer. Qui sait, peut-être se montreront-ils aussi excellents que leurs prédécesseurs qui, rappelons-le gagnèrent l’an dernier, le prix de l’esthétisme pour le même concours.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?