Alerte tsunami en Méditerranée: un phénomène surveillé comme le lait sur le feu dans le Var

Dans le Rhode Island, comme dans le Var, des scientifiques coopèrent pour mettre au point des systèmes de détection des tsunamis. Leur obsession : donner l’alerte le plus tôt possible.

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P.-L. P. Publié le 19/01/2024 à 07:30, mis à jour le 19/01/2024 à 11:30
Charles-Antoine Guérin, professeur à l’université de Toulon, en visioconférence avec l’océanologue américain Stephan Grilli. (Photo Frank Muller). Photo Frank Muller / Nice Matin

Amateurs de films catastrophe, passez votre chemin! Si les Alpes-Maritimes et, dans une moindre mesure, le Var sont potentiellement exposés au risque de tsunami, l’élévation de la mer déferlant sur nos rivages ne devrait pas dépasser les trois mètres. Si on est loin de l’immense mur d’eau imaginé par les scénaristes de Hollywood, "cela suffirait quand même pour noyer des gens et causer de gros dégâts", affirme Stephan Grilli, océanologue et professeur à l’université de Rhode Island (USA).

Ce dernier, qui travaille régulièrement avec l’institut méditerranéen d’océanologie (MIO), laboratoire basé sur le campus gardéen de l’université de Toulon, ne cherche pas pour autant à semer la panique. Bien au contraire. Et même si la question est davantage de savoir quand, plutôt que si un tsunami arrivera dans notre région, Stephan Grilli, tout à fait favorable à la sensibilisation du public, insiste: "Si vous sentez le sol bouger, le meilleur réflexe à avoir pour se mettre à l’abri d’un éventuel tsunami est de chercher à gagner les reliefs naturels. C’est ce qu’on appelle l’évacuation verticale". Tout en précisant que "tous les tremblements de terre ne génèrent pas obligatoirement de tsunami".

Combien de temps pour donner l’alerte?

Le problème de nos deux départements, c’est que l’étroitesse du plateau continental réduit d’autant le préavis en cas de tsunami. "La faille Ligure, qui s’étend de Cannes à Gênes, est trop proche de la côte. Si un mouvement sismique venait à s’y produire et qu’il engendrait un tsunami, ce dernier frapperait le rivage dans les 10 ou 15 minutes. C’est très court pour organiser une évacuation. En revanche, si le tsunami se formait à la suite d’un tremblement de terre sur la faille de Boumerdès, au large de l’Algérie, on aurait plus d’une heure de préavis".

En dépit de ces contraintes, les scientifiques travaillent à la détection des tsunamis. Si depuis le 26 décembre 2004, date du très meurtrier tsunami survenu en océan Indien, on connaît le réseau de bouées DART (Deep-ocean Assessment and Reporting of Tsunamis) installées sur la ceinture de feu, il existe d’autres systèmes. En France, le Centre d’alerte aux tsunamis (CENALT), alimenté en temps réel par un réseau de sismographes, calcule, pour la Méditerranée occidentale et l’Atlantique nord-est, l’amplitude et la direction des tsunamis, ainsi que le temps avant qu’ils frappent la côte.

Des radars pour détecter

À l’université de Toulon, Charles-Antoine Guérin, enseignant-chercheur à l’Institut méditerranéen d’océanologie, mène des travaux sur les radars océanographiques. "Ces radars, qui voient au-delà de l’horizon, sont utilisés depuis 1945 pour mesurer les courants océaniques", déclare en préambule le scientifique. Et d’enchaîner: "Les tsunamis, qui sont des vagues de période longue, sont toujours accompagnés d’un courant orbital, un déplacement de particules d’eau. Pour nos radars, un tsunami peut donc être détecté grâce à ce courant".

Si le concept est connu depuis longtemps, il n’a jamais vraiment utilisé avant le tsunami de décembre 2004 en Indonésie. "En rejouant les données, on a démontré que ces radars, installés un peu partout dans le monde, auraient pu détecter le tsunami. Depuis, les fabricants de radars ont développé des algorithmes pour détecter encore mieux ces phénomènes", témoigne Charles-Antoine Guérin qui, au sein du MIO, exploite trois stations radar au Fort de Peyras (La Seyne), à Porquerolles et au Cap Bénat. Le problème, c’est que le fameux "courant orbital" n’est pas assez important pour être détecté quand un tsunami se déplace au-dessus de grandes profondeurs. On en revient au handicap que constitue l’étroitesse du plateau continental. "Mais, fait remarquer le chercheur toulonnais, un tel radar pourrait s’avérer précieux dans le golfe du Lion".

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Var-Matin

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