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N’écrivez plus «pass sanitaire» mais...

Balkis Press/ABACA/Balkis Press/ABACA

L’Académie française a rendu son verdict. Le «pass» est un anglicisme, qu’il est préférable d’écrire en français.

Il est le roi de nos conversations du moment. Le «pass sanitaire» est sur toutes les lèvres. S’il reflète l’époque que nous traversons, il n’en demeure pas moins un mot anglais. La langue française dispose d’un équivalent, identique phonétiquement, mais dont la graphie diffère.

Rappelons, grâce aux lumières des académiciens, l’existence du mot féminin «la passe». Ce dernier désigne un permis de passage, un laissez-passer. Ainsi que le souligne Le Trésor de la langue française, le substantif signifie «action de passer, de faire passer». C’est bien l’essence du sésame voulu par le gouvernement, qui conditionne aujourd’hui l’entrée dans les lieux publics. On le trouve chez Stendhal, dans Mémoires d’un touriste (1838): «Le sous-préfet (…) m’a donné une passe pour l’extrême frontière». Ou encore chez Balzac, dans Le Martyr calviniste (1841): «Nul ne quitte la ville sans une passe de monsieur de Cypierre, fût-il, comme moi, membre des États.»

Une étreinte de prostituée

La «passe» est aussi un titre de circulation gratuit. Chez nos voisins Québécois, on le trouve au féminin pour désigner un titre de transport ou une carte d’abonnement.

Mais en tant que mot féminin, la «passe» est de nos jours un terme désuet. Autrefois, elle signifiait également, au sens argotique du terme: «étreinte rapide qu’une prostituée accorde à son client». Le dictionnaire rapproche ce sens d’une autre «passe», employée dans l’expression «faire une passe au collet», c’est-à-dire: «contenter une femme».

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«Le» ou «la» passe: choisissez votre genre

Pour pallier cet aspect suranné, les sages proposent d’avantager le masculin, le «passe», en tant qu’abréviation de «passe-partout». Cette forme semble la plus adéquate aujourd’hui, bien que «l’une comme l’autre de ces formes rendraient facilement le sens contenu aujourd’hui dans l’anglicisme ‘pass’.» D’autant que le verbe to pass est emprunté au français «passer».

Le pass sanitaire et le pass culture deviennent dès lors «la» ou «le» passe sanitaire, et «le» ou «la» passe culture. Faites votre choix!

N’écrivez plus «pass sanitaire» mais...

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32 commentaires
  • anonyme

    le

    On pouvait aussi l'appeler Ausweis, ça lui irait très bien.

  • Paul Duroy

    le

    Une passe, de mon temps ça voulait dire autre chose.

  • Jeff ou

    le

    En bon français c’est « laissez passer » mais on aime pas appeler les choses par leur vrai nom, ça rappelle de trop mauvais souvenirs….

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