Pousse
Christian François

Trouver une idée de boîte : 3 méthodes indispensables

Benoit Dubos
16/9/2022
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­9 entreprises sur 10 se plantent pour une seule et unique raison : elles ne répondent pas à un vrai problème.

Et c’est dramatique.

Car il est à la base de toute concrétisation entrepreneuriale.

Le truc ? La plupart de ces boîtes sont le fruit d’une confusion majeure entre idée et problème.

Une idée doit découler d’un problème à résoudre. Et jamais l’inverse.

C’est une constante : quiconque s’attaque à un écueil suffisamment pénible, auprès d’une audience en mesure de payer, le tout pendant suffisamment longtemps, finira toujours par tirer son épingle du jeu.

À condition de savoir identifier un bon problème.

Mais déjà, qu’entends-nous par “bon” problème ?

Un bon problème est à la croisée de 3 caractéristiques.

Il doit être :

- Douloureux : il doit priver celui/celle qui l’éprouve d’un champ des possibles, ou lui ajouter une charge (les deux se rejoignent)

- Urgent : celui/celle qui l’éprouve ressent un besoin pressant de le résoudre

- Reconnu : celui/celle qui l’éprouve a conscientisé sa situation et est prête à passer à l’action (quand bien même elle ne saurait pas comment).

On en vient aux 5 étapes de l’Awareness :

On parle des 5 étapes de la prise de conscience. Ou des 5 Stages of Awareness :

Stage 1 - Unaware : l’audience n’a pas conscience de son problème. Tu dépenserais un temps et une énergie considérables à leur en faire prendre conscience. À “éduquer” le marché. Et tu n’as ni le temps, ni les ressources pour ça.

Stage 2 - Problem Aware : l’audience a pris conscience que quelque chose cloche et qu’un changement doit être opéré, sans plus de suite dans les idées.

Stage 3 - Solution Aware : l’audience a identifié une solution potentielle viable à son problème, sans savoir à qui s’adresser.

Stage 4 - Product Aware : l’audience a identifié ton produit comme option potentielle, mais manque encore de visibilité quant à ses fonctionnalités et son niveau de qualité.

Stage 5 - Most Aware : l’audience connaît ton produit en détail et n’a jamais été aussi prête de l’acheter.

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1) Approche empirique

Cette méthode se décline de 2 façons :

- D’une part : chercher à résoudre un problème qu’on a rencontré soi-même

- D’autre part, chercher à résoudre un problème observé régulièrement chez d’autres.

L’expérience, l’observation et l’intuition demeurent parmi les outils les plus puissants en entrepreneuriat.

Ainsi, bien que l’expérience personnelle ne constitue, in fine, qu’un niveau de preuve assez faible, celle-ci n’en est pas moins un indicateur des plus pertinents.

Pour ce faire, tu rechercheras 2 types de patterns :

1- Une tâche, problème ou impair récurrent dans ton quotidien
Exemples : une tâche administrative fastidieuse et opaque, un manque d’information quant à un choix de vie important, etc.

2- Une tâche, problème ou impair dont souffrent plusieurs membres de ton entourage.

L’avantage majeur de cette approche est qu’elle te permet, par simple observation, d’identifier des opportunités potentiellement majeures.

En revanche, celle-ci t’expose un de nombreux biais de raisonnement, l’expérience personnelle ne constituant qu’un niveau de preuve relativement bas :

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Veille donc à tester ton idée au plus vite en tentant de vendre une offre minimale viable.

Car le signal le plus évident qu’un problème est véritablement DUR, c’est la mesure de la propension de l’audience-cible à payer pour s’en débarrasser.


2) Approche SaaS

Celle-ci est sans doute la plus pragmatique de toutes.

Mais aussi l’un des plus complexes à exécuter.

Le principe est simple : identifier un problème dont la solution est déjà apportée sous forme d’un service, puis convertir ce dernier en produit (ou service productisé).

D’ailleurs, même pas besoin de coder pour tester la viabilité de ton idée : un outil comme Bubble fera largement l’affaire pour commencer, dans la majorité des cas.

L’avantage de cette méthode est qu’elle te confère de fortes garanties quant à la nature DUR du problème adressé, mais aussi quant à son Product/Market Fit.

En revanche, l'inconvénient majeur, et pas des moindres, est que son exécution requiert un très fort niveau de connaissance dudit problème (et de la façon de le résoudre sous forme d’un service) pour lui apporter une solution Produit viable.

Car sa plus grande limitation est aussi sa plus grande force : transformer un service en un produit automatisé.

Ce qui n’est pas le cas de l’approche suivante :


3) Approche par analogie

Celle-ci se base sur un théorème simple mais redoutable :

“Si Problème DUR A est présent dans contexte B et est déjà solutionné de façon rentable avec Solution C, alors problème A sera présent dans contexte D avec une solution similaire à Solution C.”

Le contexte pouvant être :


- Un secteur d’activité
- Une zone géographique
- Une sous-catégorie (niche)
- Une tranche démographique
- Une zone numérique (ex. un réseau social)

C’est, d’ailleurs, ce qui a fait la part belle de Rocket Internet, dont le modèle repose sur la duplication de modèles éprouvés aux quatre coins du monde.

Quelques exemples :

Zone numérique
Si un outil de curation et d’inspiration existe déjà sur Twitter (TweetHunter), alors la même opportunité est présente sur LinkedIn (Taplio).

Zone géographique
Si Zappos s’est positionnée comme leader américain de la livraison de chaussures, alors le même modèle est duplicable en Europe (Zalando).

Sous-catégorie (niche)
Si Airbnb a cassé le game de la location très courte durée, alors le même modèle est duplicable pour les lieux de très haut standing (Le Collectionist).

Sous-catégorie (niche)
Si des agences de production vidéos généralistes ont déjà un fort succès, alors le même modèle spécialisé dans la création de vidéos snacks pour les réseaux sociaux à l’intention des marques B2C en quête de conversions aura toutes les chances de marcher (Splashr).

Une tranche démographique
Si Meetic est leader de la rencontre en ligne, alors le même modèle est duplicable pour les CSP+ (EliteRencontre).

Cette approche présente 2 grands avantages :


1) Le champ des possibles est infini
2) Le modèle (produit et économique) est déjà balisé.

En revanche, qui dit facilité d’accès dit forte concurrence potentielle, ainsi qu’un risque conséquent de dupliquer un modèle dans un contexte qui ne s’y prête pas (ex. un site de rencontres pour chiens).

Car corrélation, aussi forte soit-elle, n’est pas causation.


Pour résumer

Pour trouver un problème :

- Observe ton entourage et tes propres difficultés/frustrations quotidiennes


- Transforme un service déjà éprouvé en produit (ou service productisé)

- Réplique un modèle déjà existant dans un autre contexte.

Et surtout : arrête de chercher une “idée”.

Cherche un problème Douloureux, Urgent, Reconnu à résoudre.

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