Tiers-lieux : effet de mode ou laboratoires de transition ?

L'inauguration de la Halle Tropisme à Montpellier en 2019 ©Maxppp - Dominique Quet
L'inauguration de la Halle Tropisme à Montpellier en 2019 ©Maxppp - Dominique Quet
L'inauguration de la Halle Tropisme à Montpellier en 2019 ©Maxppp - Dominique Quet
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Foyers d'initiatives, créateurs de liens, les tiers-lieux sont plébiscités par la population et soutenus par les pouvoirs publics… Mais ils sont aussi accusés de contribuer à la gentrification de leur environnement. L'engouement autour de ces lieux hybrides a-t-il dépassé leur objectif initial ?

Avec
  • Pascal Glémain Maître de conférences en sciences de gestion-management à l’université Rennes 2

"Nous allons renforcer l’engagement au bénéfice des tiers-lieux, parce que c’est l’intérêt du pays, et parce que ça marche."

Ainsi s'exprimait Jean Castex, qui était encore Premier ministre, le 27 août 2021... Près de deux ans plus tard, l’engagement ne semble pas s’être tari au regard du nombre de tiers lieu que compte l’Hexagone.

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Selon l’organisme France Tiers lieux, on compterait 3 500 espaces. Plus de 150 000 personnes y travaillent quotidiennement, 2 millions les fréquentent, et ils généraient, en 2021, 248 millions d’euros de chiffre d'affaires…

Des chiffres qui donneraient le tournis à tout décideur, Premier ministre compris, au point d’annoncer les soutenir à coup de millions d’euros du plan de relance.

Mieux accompagner la formation, l’emploi, l’insertion, l’engagement des jeunes, les dynamiques associatives… Ces espaces d’hybridation des usages et des publics seraient-ils le joker, la carte maitresse qui permet de régler tous les défis qui se posent à un territoire, quand le politique semble aujourd’hui si démuni ?

Mais qu’est-ce donc qu’un tiers-lieu ? Les tentatives de définition de ce mot étrange, troisième voie entre la maison et le bureau, sont aussi nombreuses que les activités que l’on peut y trouver. Véritable objet de désir, phénomène de mode, tout est-il désormais tiers-lieu quand il suffit de proposer, à tarif parfois prohibitif, de la bière brassée localement, un poulailler, un compost, et des espaces évènementiels avec wifi compris ?

À l’heure où la gentrification galope dans les territoires urbains, ces friches et les promesses de ruissèlement de subventions publiques aiguisent largement les appétits, au point de conduire les opérateurs à oublier parfois la mission de ces espaces…

Alors… Trop de tiers-lieux tuera-t-il les tiers-lieux ?

A lire pour aller plus loin :

Deux articles de Pascal Glémain :

Les références d'un ouvrage de référence sur les tiers-lieux : "Tiers-lieux Travailler et entreprendre sur les territoires : Espaces de coworking, fablabs, hacklabs...", codirigé par Gerhard Krauss et Diane Gabrielle Tremblay (Presses universitaires de Rennes)

A Paris, les tiers-lieux permettent aux artistes de s’installer en centre-ville, article publié dans Le Monde

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