"Une source de stress chronique considérable": faut-il être ami avec ses collègues?

Le manipulateur, le faux-travailleur, le lèche-bottes, celui qui raconte toute sa vie... Tout le monde a déjà croisé un profil comme l'un d'eux au travail. Selon une étude de monCVparfait, 8 Français sur 10 détestent au moins un de leurs collègues.
Un chiffre qui ne surprend pas Jean-Claude Delgènes, invité d'Estelle Midi sur RMC et RMC Story, ce vendredi, pour plusieurs raisons. "Le travail nous oblige à travailler avec des gens que l'on a pas choisis", explique d'abord le président fondateur du cabinet Technologia, spécialisé dans l'étude de la vie en entreprise. Sa deuxième explication porte sur la formation des managers en France.
"La culture ambiante doit être véritablement travaillée par le management. Or, le management n'est pas du tout formé dans nos sociétés à la gestion des émotions."
Plus de bien-être avec des amis au travail?
Selon ce spécialiste du sujet, "la relation avec les autres est l'un des critères les plus importants dans la qualité de vie au travail". En effet, selon une étude de l'Ifop, 82% des salariés français pensent que les relations entre collègues peuvent faire "oublier" la pénibilité du travail.
"Quand vous ne vous entendez pas avec quelqu'un ou avec votre supérieur hiérarchique, c'est une source de stress chronique considérable, et ça peut vous conduire à des problèmes très graves", détaille Jean-Claude Delgènes.
Pour lui, "c'est un avantage considérable de travailler avec des gens avec qui on est suffisament en familiarité" et il est nécessaire "d'avoir une véritable culture d'entreprise qui est plus tournée vers la complicité, vers l'accomplissement collectif."
Elise Goldfarb, entrepreneure et militante féministe, partage cet avis dans Estelle Midi: "Je trouve ça important de créer du bon team building pour adorer ses collègues, mais il y a toujours des collègues qu'on déteste."
"On passe beaucoup de temps au travail, autant s'éclater", insiste Elise Goldfarb.
Les limites de l'amitié au travail
Mais lorsqu'on est ami avec des collègues, Jean-Claude Delgènes avoue que "c'est compliqué de séparer les choses" quand des décisions importantes doivent être prises. Pour Laurent Dandrieu, chroniqueur dans Estelle Midi et rédacteur en chef culture à Valeurs Actuelles, il faut éviter les relations amicales avec ses supérieurs: "J'ai connu des chefs qui voulaient faire copain avec toute la boîte, et c'est pas bien du tout parce que ça brouille complètement tous les repères. C'est soit disant ton copain, mais en fait t'es obligé d'être son copain parce qu'il te l'a imposé. Puis quand tu vas lui demander une augmentation, ce n'est plus ton copain. Ce n'est pas sain du tout."
Eric, chauffeur VTC dans les Alpes-Maritimes, prône la vigilance. Il a travaillé 35 ans dans une grande compagnie aérienne, avant de démissionner car "l'ambiance était détestable à cause de la délation, on se sentait épiés", confie-t-il sur RMC.
"Je pensais avoir une famille, voire des amis, en fin de compte ça ne reste que des collègues", ajoute cet homme de 56 ans.
Mickaël le rejoint sur ce point-là. "Il y a des collègues qui viennent nous dire le matin 'je t'offre un café', et pendant que l'on discute, il envoie un message au chef pour dire que je ne bosse pas", confie cet habitant de Marseille, qui est désormais à son compte après des mauvaises expériences salariales répétées.