C'est une première. Au cours des six premiers mois de l'année 2021, l'éolien et le solaire ont pesé conjointement plus d'un dixième du mix électrique mondial. 10,53% très exactement. Ils dépassent ainsi de peu, mais pour la toute première fois, la production nucléaire (10,05%), selon une étude publiée par le think tank allemand Ember, qui a analysé les données de production électrique de 63 pays à travers le monde.
Au cours des cinq dernières années, la production électrique à partir des éoliennes et des panneaux photovoltaïques a considérablement gonflé. Ces deux modes de production représentaient à peine plus de 5% du mix électrique mondial en 2016, relève le think tank. Sur la même période, la part du nucléaire dans l'électricité mondiale est, quant à elle, restée pratiquement inchangée. L'atome pesait ainsi 10,57% du mix en 2016.
La raison ? En dehors de la Chine (qui s'est doté de 24 nouveaux réacteurs depuis 2015), peu de nouvelles centrales nucléaires ont vu le jour dans le monde, tandis qu'un certain nombre de réacteurs vieillissants ont été fermés dans les pays de l'OCDE.
Vers un regain du nucléaire ?
Reste à savoir si le solaire et l'éolien resteront durablement devant le nucléaire dans le mix électrique mondial ou si ce dépassement est seulement temporaire. En effet, plusieurs centrales sont actuellement en cours de construction. En Finlande, un EPR devrait entrer en production à l'été 2022 (après plus d'une décennie de retard), tandis que l'EPR de Flamanville (Normandie) pourrait être mis en service à la fin de cette même année. Deux EPR verront également le jour en Angleterre, à la centrale d'Hinkley Point. Le premier pourrait être opérationnel en juin 2026 et EDF mène actuellement des discussions pour construire une paire d'EPR supplémentaires au Royaume-Uni.
Plus globalement, le marché mondial de l'énergie nucléaire pourrait connaître un certain regain dans les prochaines années, tiré par la nécessité pour certains pays de décarboner à vitesse grand V leur production électrique dans un contexte de crise climatique. Car l'énergie nucléaire, même si elle n'est pas renouvelable, est très peu émettrice de CO2.
C'est le cas par exemple de l'Inde, où EDF tente de mener à bien le gigantesque projet nucléaire de Jaitapur. Présenté comme la future centrale la plus puissante du monde, le site devrait accueillir six réacteurs EPR. L'électricien tricolore espère également vendre deux à quatre réacteurs de troisième génération à la Pologne et mène également des discussions en République Tchèque, qui songe à étoffer son parc actuel. La France, elle, ne se prononcera sur le lancement, ou non, d'un nouveau programme nucléaire qu'après la prochaine élection présidentielle.
La question du coût
L'avenir de la filière nucléaire reste toutefois encore incertain, notamment parce que le nucléaire est de plus en plus concurrencé par les énergies renouvelables, devenues bon marché. En parallèle, l'industrie nucléaire a été contrainte d'adopter de nouvelles mesures de sûreté après la catastrophe de Fukushima, rendant les installations plus coûteuses. Selon les calculs de la banque Lazard, les coûts de l'éolien et du solaire ont ainsi baissé respectivement de 70% et de 90% sur la période 2009-2020. Dans le même temps, ceux du nucléaire ont augmenté de 33%.
Face aux renouvelables, l'atome présente toutefois l'avantage d'être une énergie entièrement pilotable, c'est-à-dire qu'elle peut être mobilisée à la demande, en fonction des besoins, à l'inverse du vent ou du soleil pour lesquels il faut développer des capacités de stockage.
De leurs côtés, les énergies renouvelables, devenues très compétitives, ne pourront se déployer à plus grande échelle que si la question de leur acceptabilité auprès des citoyens, notamment lorsqu'il s'agit de parcs éoliens, est mieux appréhendée.
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