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En Russie, le nouveau souffle des idéologues

Aiguillonnés par les discours extrêmes de nationalistes, des pans de la société russe voient dans l’« opération spéciale » en Ukraine un événement positif, une opportunité de renaissance nationale.

Par  (Moscou, correspondant)

Publié le 05 avril 2022 à 12h00, modifié le 06 avril 2022 à 08h20

Temps de Lecture 6 min.

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Le patriarche Kirill, dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou, le 27 février 2022.

Plus que la personnalité de l’auteur, ancien conseiller de plusieurs hommes politiques ukrainiens et écrivain peu connu, c’est le moment choisi qui a frappé, en plus du fond. Dimanche 3 avril, pendant que le monde s’interrogeait sur des exécutions de masse commises dans la région de Kiev, la très officielle agence de presse RIA Novosti publiait une tribune sidérante, même selon les standards russes, de Timofeï Sergueïtsev, intitulée : « Que faut-il faire de l’Ukraine ? »

Le texte est un appel à l’éradication : de ceux qui, en Ukraine, ont porté les armes, des « nazis passifs » qui les ont soutenus, de « l’élite bandériste » (nationaliste), « impossible à rééduquer », de l’identité ukrainienne « artificielle » et jusqu’au nom de l’Ukraine… Postulat de départ : « La dénazification implique inévitablement une déukrainisation. »

Témoignage de loyauté, moyen de se faire remarquer ? Sans doute. Mais ce texte extrémiste dit beaucoup de l’air du temps en Russie. Au moment de sa publication, une figure plus connue s’exprimait : le patriarche Kirill, qui a prononcé son prêche dominical depuis un lieu particulièrement emblématique de la Russie poutinienne, la nouvelle cathédrale des forces armées, édifice de métal kaki, situé dans la région de Moscou.

« Notre peuple doit se réveiller et comprendre qu’un moment particulier est venu, dont dépendra le destin historique de notre peuple », a lancé le chef de l’Eglise orthodoxe, qui a soutenu dès le premier jour l’offensive lancée par Vladimir Poutine, en l’assimilant à une guerre de civilisation, symbolisée par la lutte contre « les gay prides ». Evoquant les Ukrainiens, il a rappelé la doctrine grand-russe : « Tous ces peuples forment la Sainte Russie ».

Tout compromis est vu comme une défaite

S’agissant de la conduite des opérations militaires, la radicalisation de l’espace public s’accompagne d’un discours jusqu’au-boutiste devenu consensuel. La conduite de ce qui est censé n’être qu’une simple « opération militaire spéciale » porte désormais les germes d’une « menace existentielle » pour la Russie. Le chef des négociateurs russes, Vladimir Medinski, a notamment fait sienne l’expression.

Sur les plateaux de télévision, les commentateurs les plus radicaux complètent : tout compromis avec l’Ukraine est une défaite, symbolique d’abord, mais aussi exploitable par l’Occident pour aboutir à son objectif ultime – la destruction de la Russie. Corollaire : la possibilité d’une escalade nucléaire, discutée très ouvertement.

Un front commun se dessine même contre les négociations de paix, qui va de la scène ultranationaliste jusqu’au dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov. Représentant de la première catégorie, Igor Strelkov, ancien chef militaire des séparatistes prorusses du Donbass, appelait dès la mi-mars à la mobilisation générale, nécessaire face à ce qu’il percevait comme un enlisement sur le terrain ; le second critiquait, le 29 mars, la décision de renoncer à la prise de Kiev.

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