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« Il ne faut pas diffuser cette information au public » : l’échec du système de détection chinois face au coronavirus

Les médecins de Wuhan qui ont, les premiers, tenté de donner l’alerte en Chine, ont été sommés de se taire, tandis que les autorités ont tout fait pour minimiser les risques de transmission entre humains.

Par  (Pékin, correspondant)

Publié le 06 avril 2020 à 10h58, modifié le 07 avril 2020 à 10h51

Temps de Lecture 6 min.

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Devant l’hôpital central de Wuhan, dans la province chinoise du Hubei, où est décédé le Dr Li Wenliang à l’âge de 33 ans, une jeune femme dépose des fleurs à l’occasion de la fête des morts, le 4 avril. Le Dr Li avait été le premier à alerter sur la dangerosité d’un nouveau virus qui se révélera être le Covid-19. Le médecin fut alors reprimandé par la police et sommé de se taire avant de mourir, emporté par la maladie virale.

En ce 4 mars 2019, Gao Fu est un scientifique encore plein de certitudes. « Il y aura à l’avenir d’autres virus comparables au SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère, en 2003], mais il n’y aura plus d’épidémie comparable », promet le directeur général du centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, au cours d’une réunion organisée à Pékin, la veille de l’ouverture des deux sessions du Parlement.

Depuis 2004, un système informatisé de reporting des maladies contagieuses permet à chaque hôpital d’informer Pékin en temps réel de l’apparition de cas douteux, et d’obtenir une expertise en quelques heures. « Nous avons construit un très bon réseau de détection des maladies contagieuses. Si des virus viennent, on les bloquera. » D’ailleurs, le système a déjà fait ses preuves. « Regardez le MERS [un coronavirus apparu au Moyen Orient en 2012], un touriste coréen venu en Chine en était porteur. On l’a repéré et isolé. En Corée du Sud, il y a eu 186 malades et 32 morts », explique-t-il.

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Pourtant, le 30 décembre 2019, lorsque, comme tous les soirs avant d’aller se coucher, Gao Fu surfe sur quelques forums spécialisés pour vérifier que la situation est sous contrôle, ce médecin, à la tête d’un organisme de 2 000 personnes, a un choc. A Wuhan, des médecins commencent à discuter d’une pneumonie d’origine inconnue. Il appelle immédiatement la commission de la santé de Wuhan, qui lui confirme les faits. Plus de trois personnes sont concernées. L’information aurait dû remonter à Pékin, mais c’est presque par inadvertance que Gao Fu l’a apprise. Le système national d’alerte n’a pas fonctionné, ouvrant la voie à l’une des plus graves épidémies de l’histoire contemporaine.

Les « responsables » de la « panique »

Ce même 30 décembre, à midi, Ai Fen, directrice du département des urgences de l’hôpital central de Wuhan, regarde la vidéo des poumons d’un patient atteint d’un virus, lorsqu’un camarade d’études travaillant dans un autre hôpital lui transfère un message qui circule sur les réseaux sociaux : « N’allez pas au marché [d’animaux vivants] de Huanan, il y a plusieurs cas de fièvre ». « C’est vrai ? », lui demande-t-il.

Depuis près de deux semaines, le service de Ai Fen et celui des maladies respiratoires reçoivent quelques patients atteints de fièvre ou de toux, sur lesquels les médicaments traditionnels ne produisent aucun effet : un patient a été reçu le 16 décembre, un le 27 et sept le 28. Mme Ai a demandé un examen approfondi du patient reçu le 27, transféré entre-temps au département des maladies respiratoires. Ce 30 décembre, à 16 heures, un collègue lui apporte les résultats : « Coronavirus-SRAS », est-il écrit. Transmission : par postillons à courte distance ou par le toucher, est-il précisé. « J’ai eu des frissons en lisant cela. Je me suis dit que c’était terrible », racontera-t-elle par la suite.

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