En grosses lettres noires sur un mur peint en jaune, un "LOL" ("laughing out loud", littéralement "mort de rire") donne immédiatement le ton. Au coeur de Manhattan, nous sommes chez BuzzFeed, un site d'information bâti pour "l'ère du Web social", selon son fondateur, Jonah Peretti, 38 ans.
Surfant sur la vague Facebook et Twitter, la jeune start-up new-yorkaise a connu, ces deux dernières années, une croissance vertigineuse. Selon des chiffres internes, elle comptabilise désormais plus de 30 millions de visiteurs uniques par mois. Fin janvier, un nouveau tour de financement la valorisait à 200 millions de dollars (149 millions d'euros), dix fois le chiffre d'affaires réalisé en 2012.
Son succès, BuzzFeed l'a d'abord construit sur les "listicles", des articles sous forme de listes au fort potentiel viral. Exemples récents : les 25 plus gros mensonges que l'on vous a racontés pendant votre enfance, 15 chats très en colère, 17 manières terribles de faire sa demande en mariage. "Nous créons des contenus que les gens veulent partager avec leurs amis", résume M. Peretti. Les réseaux sociaux font le reste. Ils représentent plus de la majorité du trafic, une proportion sans commune mesure avec les sites d'information traditionnels, dont l'audience repose davantage sur Google.
"Google était un moyen pour les éditeurs d'attirer des visiteurs avant la naissance des médias sociaux. Mais il est devenu évident que ces derniers sont plus efficaces", poursuit-il. Bien figurer dans les moteurs de recherche n'est pas la priorité de BuzzFeed. "Nous ne regardons pas les chiffres, assure le patron. Si vous vous focalisez trop sur Google, vous finissez par construire un site pour les robots."
UN RECRUTEMENT MASSIF
Ce diplômé de Yale, qui n'a pas encore troqué son jean et ses baskets, faisait déjà partie de l'équipe qui a fondé le Huffington Post, dont le rachat, en février 2011 par AOL, constitue un tournant pour BuzzFeed, jusque-là simple agrégateur de liens. Jonah Peretti s'y consacre alors à plein-temps et met l'accent sur la production de contenus.
Il embauche massivement, quand des investisseurs lui conseillent de faire comme d'autres : miser sur les contributions d'utilisateurs et les blogueurs non payés. En deux ans, les effectifs passent d'une vingtaine à près de deux cents personnes.
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