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« Plus sûres », « plus rapides »… Macron veut miser sur le SMR, les « petits réacteurs nucléaires »

Emmanuel Macron a enfin levé le voile mardi 12 octobre 2021 sur des financements pour développer les « petits réacteurs nucléaires », « plus sûrs » et plus rapides à construire, une technologie sur laquelle la France n’est pas en avance.

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Mardi 12 octobre 2021, Emmanuel Macron présentait ses ambitions pour l’industrie française, en fixant le cap 2030. Il a annoncé lors d’un discours un investissement d’un milliard d’euros dans l’énergie nucléaire d’ici 2030 pour développer des «  technologies de rupture  », notamment ces petits réacteurs, dits SMR (« small modular reactors »). Gros avantage des SMR : leur installation reste relativement simple, en contraste avec les difficultés de certains grands projets comme celui du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR de Flamanville (Manche) qui accumule retards et surcoûts.

La puissance de ces petits réacteurs ne dépasse par les 300 mégawatts, contre plus de 1 000 MW pour les réacteurs nucléaires classiques. Ils sont modulables, conçus pour être fabriqués en série en usine puis transportés sur le lieu de leur exploitation.

À l’heure actuelle, seul un avant-projet de petit réacteur nucléaire baptisé « Nuward » est en cours de développement en France. Il doit permettre la création d’un prototype de SMR sur le sol français à l’horizon 2030, qui devrait ensuite servir de démonstrateur à l’export.

La France affiche cependant du retard dans la course à ces petits réacteurs, défiée par la concurrence étrangère, alors que la Russie a déjà mis en service deux SMR flottants pour alimenter en électricité des zones reculées et que des démonstrateurs devraient voir bientôt le jour aux États-Unis et au Canada.

« Coming-out pro-nucléaire »

«  On continuera à avoir besoin de cette technologie  », a tranché Emmanuel Macron au sujet du nucléaire, alors que le débat politique sur le renouvellement du parc énergétique français repart à six mois de l’élection présidentielle. «  L’objectif numéro un, c’est de faire émerger en France, d’ici 2030, des réacteurs nucléaires de petite taille innovants, avec une meilleure gestion des déchets  », a ajouté le président, alors que les militants environnementaux haussent le ton face au problème du traitement des déchets nucléaires.

Au même moment mardi, des militants de Greenpeace protestaient devant le siège du groupe nucléaire français Orano à Châtillon (Hauts-de-Seine) contre les exportations d’uranium de « retraitement » français vers la Russie. «  Les SMR sont le nouveau mirage du nucléaire pour faire oublier le fiasco industriel et économique de l’EPR partout dans le monde  », a réagi Nicolas Nace, de Greenpeace France, après les annonces présidentielles.

Il a souligné que les SMR ne seraient pas prêts avant «  au mieux 2035, beaucoup trop tard pour répondre à l’urgence climatique  ». «  Par ailleurs, ils n’offrent pas de réelles solutions face à la question majeure des déchets radioactifs  », a-t-il ajouté.

Du côté des industriels du nucléaire, c’est la satisfaction, dit Cécile Arbouille, déléguée générale du Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN). «  La filière du nucléaire va permettre de réindustrialiser la France et de décarboner l’énergie alors que la demande va augmenter  », a-t-elle affirmé, alors que la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, estime à 20 % la croissance de la demande d’électricité d’ici 2035.

«  On peut aussi imaginer utiliser les SMR en France  », a ajouté Mme Arbouille, bien qu’ils soient initialement voués à l’export. Les SMR représentent une opportunité à la fois politique et industrielle, juge Nicolas Goldberg, du cabinet Colombus Consulting. «  Ce coming-out pro-nucléaire arrive dans une séquence qui s’y prête assez bien avec la crise du prix de l’énergie, et alors que les candidats à la présidentielle annoncent leurs intentions  », expliquait-il récemment à l’AFP en anticipation de ces annonces.

Selon lui, le gouvernement a besoin de développer les SMR pour atteindre une part suffisamment forte d’énergie nucléaire dans le mix énergétique d’ici 2050. Reste pour le gouvernement à statuer sur l’avenir des futurs EPR, la décision d’Emmanuel Macron sur la construction éventuelle de six nouveaux EPR en France étant attendue à la fin du chantier de Flamanville, d’ici 2023.

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