Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Offrir Le Monde

La seconde main, grande traîtresse de l’industrie de la mode

Grâce au Net, l’achat de vêtements d’occasion est devenu très simple. Le marché bouscule toutes les enseignes.

Par 

Publié le 02 juillet 2019 à 04h26, modifié le 02 juillet 2019 à 18h31

Temps de Lecture 14 min.

Article réservé aux abonnés

Vérification d’une robe avant sa vente en ligne, au centre logistique de la société « Vestiaire Collective », à Tourcoing (Nord), en décembre 2017.

Courir après les promotions pour s’habiller ? Quelle idée has been ! Alors que les soldes d’été ont démarré le mercredi 26 juin, les commerçants se désespèrent des nouveaux comportements des Français, de plus en plus nombreux à se tourner vers l’achat d’occasion.

Des mois après l’avoir acheté, Alizée Vincent se souvient précisément du prix de ce pantalon noir « 100 % laine acheté sur Vinted », l’application coqueluche des adeptes de la fripe sur smartphone. « Huit euros. C’est un APC », fait valoir cette Parisienne de 25 ans.

Alice Chicoisne s’est aussi convertie à l’achat de seconde main. La lycéenne de 17 ans fouille régulièrement dans les rayons de Guerrisol, chaîne de magasins de vêtements d’occasion situés à Paris, où elle croise « des mères qui achètent pour leurs enfants ». Les prix y « sont rarement à plus de 5 euros », rapporte celle qui revend aussi ses vêtements sur Vinted pour « [se] faire un peu de sous ».

En 2009, 47 % des Français disaient acheter des produits d’occasion, vêtements, voitures ou poussettes… « Dix ans plus tard, ils sont 60 % », observe Rémy Oudghiri, directeur général adjoint de Sociovision, filiale d’études sur la consommation du groupe IFOP.

« Arbitrages budgétaires »

L’habillement n’échappe pas au phénomène, assure Thomas Delattre, responsable d’études au sein de l’Institut français de la mode (IFM). En dix ans, la proportion d’acheteurs de vêtements de seconde main a doublé pour s’établir à 31 % des Français en 2018, selon l’IFM. Les ventes d’habits déjà portés pèseraient plus de « 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires » par an. Et leur rythme de croissance serait « supérieur à 10 % », d’après Antoine Jouteau, directeur général du Boncoin, site de petites annonces.

Cette tendance contribue à saper le business de Zara, Kiabi et autres ténors de la fast fashion. Depuis 2007, le marché français de la mode a chuté de 14 %.

Pourquoi les Français fréquentent-ils les friperies, fouillent les vide-greniers ou scrollent les applis du Boncoin et de Vinted pour renouveler leur garde-robe ? C’est « par nécessité », tranche M. Oudghiri. La grande majorité des Français qui achètent des vêtements de seconde main ne le font ni par choix ni par engagement en faveur d’une économie circulaire censée réduire l’empreinte environnementale de la consommation, juge ce sociologue.

Cette vision serait bien « trop bobo », à l’en croire. La motivation « green » serait « mineure », admet aussi M. Delattre. Car n’en déplaisent à tous ceux qui présentent l’envol du marché de la seconde main comme un signal de l’éveil écologique des Français, le phénomène trouve sa source dans « les fins de mois difficiles », juge M. Oudghiri. La France, rappelle-t-il, est le pays où 56 % de la population fait chaque mois « des arbitrages budgétaires », contre 40 % il y a vingt-cinq ans. Dès lors, un ou une chef de famille habille, par exemple, ses enfants avec des vêtements d’occasion, comme il fait ses courses chez Lidl pour comprimer son budget alimentaire. Avec un objectif : dépenser peu pour les vêtir.

Il vous reste 60.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.