En août 2016, les ingénieurs du projet Iter – voué à montrer la faisabilité de la fusion nucléaire – se sont donné deux objectifs. Le réacteur, en construction au centre d'études nucléaires de Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, devra produire son premier plasma d'ici à 2025 avant d'atteindre la pleine puissance en 2035. Cependant, son directeur général, le chimiste Bernard Bigot, vient de remettre ce programme en question. À l'occasion d'un déplacement de la commissaire européenne à l'Énergie, Kadri Simson, sur le site de Saint-Paul-Lez-Durance, ce vendredi 17 septembre, il a déclaré devant la presse internationale que la première échéance n'était aujourd'hui « plus atteignable techniquement ».
Il blâme les interruptions des chaînes de production dans les usines et des transports maritimes, dues à la crise sanitaire du Covid-19, pour ce retard annoncé. Le deuxième anneau magnétique de 17 mètres de diamètre, nécessaire au tokamak, n'a, par exemple, été descendu dans le réacteur que la veille de son intervention. Bernard Bigot maintient néanmoins que « la vraie cible de 2035 reste possible si la crise sanitaire prend fin (cette année) ». En juin dernier, le conseil Iter avait rappelé la priorité : « Tout mettre en œuvre pour que la phase d'opération à pleine puissance puisse être engagée en 2035 comme prévu. »
Compte tenu de la situation, le conseil Iter a demandé que le directeur général leur transmette avant novembre 2022 un rapport complet sur l'impact du Covid-19 sur la poursuite du projet. Ce rapport aidera à déterminer la hauteur du « surcoût immanquable » généré par ce retard et influencera l'accord nécessaire à une éventuelle révision du budget global du projet. « Le budget actuel est à maintenir du mieux possible », a ajouté, prudent, Bernard Bigot. En matière de financement, l'Union européenne, investisseur majoritaire du projet, s'est déjà engagée à couvrir 35 % du budget. Elle fournira au moins 5,6 milliards d'euros au cours des sept prochaines années.